Thérapeute : un des premiers métiers du monde

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CORPS, AFFECT, ÉMOTION

Psychologie Clinique 10

janvier 2001

Thérapeute : un des premiers métiers du monde[1]

Par Alice Cherki[2]

Résumé : En affirmant l’intérêt qu’il y a à envisager les effets et les logiques thérapeutiques d’une cure psychanalytique, l’auteur met en relief la dimension de la guérison, entendue non dans l’unique sens d’une rectification du symptôme, mais surtout comme survenue de la sublimation. À cet égard, la méthode et l’éthique d’un Philon d’Alexandrie anticiperaient-elles sur les parcours de Freud, Ferenczi et de quelques-autres ?

Mots clés : Guérison ; interprétation ; psychanalyse ; psychothérapie ; introjection ; pulsion (dualisme pulsionnel) ; sublimation.

On a entendu dire, des années durant, dans les milieux analytiques que la psychanalyse n'était pas une thérapeutique. Quelles que soient les institutions psychanalytiques des années 1970-80, cette question nous revenait sans cesse sur le mode interrogatif ou dénégatif. L'analyse est-elle une thérapeutique ? L'analyse n'est pas une thérapeutique, ou plus encore, l'analyse n'est surtout pas une thérapeutique. Dans ce parcours, on finit par être bercé par le ronron de ces phrases qui font partie d'un véritable fond culturel commun, on pourrait dire même avant qu'on ait ouvert les yeux sur notre propre pratique, identique au bain de langue qui accompagne le nouveau-né avant qu'il puisse comprendre les mots. Dans ce texte, contexte, texte déjà inscrit, déjà tricoté serré, au point de riz plutôt qu'au point mousse, il faut alors beaucoup de temps pour redevenir naïf, ou plus exactement, se mettre dans une attitude de profane, de celui qui n'hésite pas, qui ne peut pas faire autrement que de désacraliser le texte pour retrouver à quoi – car il y a des ancrages – correspondent les mots, leur redonner de la circulation, au lieu de les laisser se pétrifier dans leur fonction de masque.

C'est alors qu'il arrive qu'on se demande – et c'est bête comme chou, mais on n'y avait jamais pensé – mais qu'est-ce qu'une thérapeutique ? On entrevoit alors qu'il y a des collusions de termes toutes faites : thérapeutique – médecine – guérison, qui sont en fait à dissocier. Cette dissociation se fait par des détours inattendus plus que par un savoir sûr ou un savoir su. Ces détours sont insignifiants mais leur insignifiance même, associée à leur insistance, interpellent, ouvrent des brèches. Savez-vous, par exemple, que les professeurs de latin passent leur temps à corriger la confusion des deux termes sanare et curare, confusion que font régulièrement les latinistes en herbe. Les enfants modernes traduisent régulièrement, paraît-il, l'un des termes pour l'autre, que ce soit dans le sens du thème ou de la version, confusion symptomatique que pourtant ne permet pas la langue ; et il y a une insistance de la confusion, ceci d'une année scolaire à l'autre, d'un enfant à l'autre, qui interpelle. Également ceux qui ne font pas un effort pour se dégager du discours médical, penchent pour la collusion de deux termes. Il faut préciser ici – on ne le fait peut-être pas assez – que ce n'est pas forcément parce qu'on est médecin que l'on est dans le discours médical. Parfois même, il peut arriver que la position de médecin amène, parce qu'on est obligatoirement pris dans un réseau dont le décodage s'avère nécessaire, à se positionner.

Un autre détail surgit : récent ; un film de Ciné-club : Murmure dans la ville. Gary Grant joue un rôle de médecin. Il dit textuellement : « Ma fonction est de soigner par quelque moyen que ce soit, guérir est une autre affaire », petite phrase qui se dit dans les films, au cours d'un dialogue banal et ça passe, comme une lettre à la poste, mais qui n'arrive pas à son destinataire. Dans ce même scénario, en tant que médecin, il passe pour un original, mis en suspicion par ses collègues. On apprend que bien que muni d'un diplôme de médecine, il l'a dissimulé pendant des années, et il tenait officiellement un magasin – c'était son statut social – pour pouvoir soigner les gens tel qu'il l'entendait, c'est-à-dire dans le transfert, dans la parole et le don.

De détails anodins en détails anodins – mais n'est-ce pas ainsi qu'opère la surprise analytique ? – ce qui s'imposait comme évidence ne l'est plus ; l'évidence se creuse ; les éléments accolés apparemment depuis toujours, se dissocient : guérison, médecine, thérapeutique, médecine et guérison, guérison et thérapeutique. Guérison et thérapeutique s'écartent.

À ce point d'écart, une question sur l'origine surgit. Or, on découvre dans l'origine même des mots qu’ils ne procèdent absolument pas de la même langue et n'indiquent pas la même visée.

« Guérir » est un mot d'origine germanique, francique, comme on dit maintenant dans les dictionnaires étymologiques (les mots germaniques passés dans la langue française concernent essentiellement la guerre et l'institution). « Guérir », donc, vient de warjan et a son pendant en allemand sous le terme de wehren, défendre, préserver. « Guérite », cette petite case dans laquelle se poste une sentinelle, vient de la même racine. Par contre, « thérapeutique » vient du grec qerapeuein qui signifie « prendre soin », « se préoccuper de », et indique d'emblée un effet de relation, une question de rapports, un transfert, et non pas comme l'entend la notion moderne dérivée de thérapeutique, la mise en œuvre prothétique d'un ensemble de moyens. Thérapeutique comme notion même n'est pas un moyen de boucher les trous. Le qerapeuein non seulement ne se présente pas comme l'installation d'une sentinelle dans une guérite, dans son poste de garde, mais excède également une démarche d'attribution des soins.

Freud – même si ce n'est pas mon propos de m'y étendre ici – n'a pas mis en question le fait que l'analyse fut une thérapeutique. Quand il disait, ce dont on a fait grand usage, qu'il craignait que la thérapeutique ne mange la science, ou ne l'étouffe, il ne voulait pas dire que l'analyse n'avait pas à être une thérapeutique, mais bien qu'il était important de maintenir une relation entre les deux. Je simplifie ici, avec parti pris, une position qui fut complexe et chez Freud et autour de Freud. C'est ainsi par exemple qu'au moment des débats autour de « l'analyse laïque », Reik a pu exprimer, sous forme d'un rêve, que la psychanalyse ne s'occupait plus de « processus pathologiques » mais seulement de « processus psychologiques normaux », ce qui permettrait, dit-il, aux analystes non médecins de ne plus être importunés… On peut voir ici comment joue un des effets de la collusion incessante thérapeutique et médecine et la lassitude pour Reik d'y être assujetti, alors qu'une des premières révolutions psychologiques de la découverte analytique fut de montrer la non-différence de nature entre normal et pathologique… Quoi qu'il en soit, quand Freud évoque la notion de thérapie, il prend bien soin, chaque fois qu'il l'évoque, de la considérer comme bien antérieure à l'évolution de la médecine moderne.

Il revient à chaque psychanalyste d’indiquer et de répéter en quoi consiste cette thérapeutique de la psychanalyse. Dans le même mouvement il s’agira de souligner, également répétitivement, que la guérison ou l’amélioration symptomatique qui en résultent surviennent à partir de détours complexes. Il n’est pas exclu de préciser ces détours ; pourtant, que dans ces détours la suppression du symptôme n’est pas le meilleur signe d’amélioration ni une preuve méthodologique, telle que l’exigent les critères de « pertinence » forts à la mode à notre époque, est sans cesse à réecrire .

Ma partition, ici, est plus limitée. Je désirerai seulement nous familiariser avec l'antériorité de la notion de thérapeutique, et avec ce – quelque peu oublié aujourd'hui – qu'elle véhiculait à son commencement même. J'ai été amenée, pour ce faire, à remonter dans la lignée de la civilisation qui est nôtre (ou du moins de celle dans laquelle est née la psychanalyse).

Remonter dans la lignée, encore un processus qui nous est familier dans l'analyse ; après une question sur l'origine, être amené tout naturellement, en deçà et au-delà de la recherche de l'origine, à remonter dans la lignée pour éventuellement s'y inscrire. Démarche qui relativise drôlement la question du fondateur ou des fondateurs.

Quoi qu'il en soit, c'est ainsi que j'ai rencontré les thérapeutes tels que nous les présente et transmet Philon d'Alexandrie. Je dis que c'est par un chemin analytique car il ne s'agit pas d'un savoir acquis mais de ces rencontres à la fois de hasard et pourtant non fortuites, signe d'un savoir de l'inconscient bien plus que de l'acquisition de connaissances. (Ce qui amène – autre remarque – à réfléchir sur ce qui est au fondement de l'activité de penser de tout un chacun.)

Mais revenons à nos thérapeutes, ces philosophes du judaïsme alexandrin, qui se nommèrent eux-mêmes thérapeutes et pour lesquels Philon d’Alexandrie s’est enthousiasmé dans une Alexandrie contemporaine de J. C. Je vous fais voyager en un temps où il est trop facile de dire que la psychanalyse n’existait pas, mais où il faut rappeler aussi que la médecine n’était pas la procédure positiviste qu’elle est devenue au XIX° siècle. Thérapeutes, c'est le nom que se donnent ces Juifs d'Alexandrie contemporains de Jésus et de Philon d'Alexandrie qui abandonnent leurs biens pour se regrouper au lac Maréotis. Philon nous parle d'eux dans De Vita Contemplativa. Il leur consacre tout l'essai avec une longue « définition », une description de leur projet et surtout de leur mode de vie, de leur pratique. Certes il importe de faire la part du questionnement de l'époque, qui comporte deux axes : d'une part certains thèmes privilégiés, tels que le thème de la solitude, celui de l'abandon des villes et du passage au désert, thèmes privilégiés de la bible ; le juste, depuis les patriarches, vit dans le désert, la ville est lieu de perversion par excellence. L'autre axe de ce questionnement de l'époque est la nécessité philosophique et éthique de se situer par rapport à l'influence platonicienne, par rapport au Un platonicien.

Mais à travers ce contexte, ce qui s'impose :

1. Ce qui apparaît pour eux comme essentiellement thérapeutique – c'est pour cela qu'ils prennent le nom de thérapeutes – c'est de travailler le rapport de l'humain avec l'once de divinité qui est en lui, avec le Dieu mort ou vivant qui est son inévitable partenaire. Pour eux, en dehors de ce rapport, on touche à l'horreur, ou au mieux à la perversion.

2. Deuxième point corollaire du premier, c'est en quelque sorte de considérer que ce sont les satisfactions immédiates de la pulsion, selon les mécanismes analogues à des fixations pulsionnelles sur le mode de l'incorporation et/ou de l'appropriation, la mise en œuvre d'une jouissance muette, sans nom, qui sont les déterminants de la souffrance physique et psychique. C'est en se dégageant de la condition d'homme pervers, de l'homme fixé dans un tel rapport pulsionnel, que l'on peut sortir de la souffrance.

Effectivement, comme vous pourrez vous-même le constater quand je vous donnerai lecture de ce qu'en dit Philon, il n'y a pas de rencontre possible dans la jouissance. C'est en se détournant d'une satisfaction immédiate de la pulsion, c'est en déjouant le rapport à une jouissance sans nom, que l'on parvient « à poursuivre l'objet de son désir » (en toutes lettres dans le texte) ; guérir en est la résultante… guérir est en fait l'équivalent d'une sublimation, ou plus exactement l’accès à une possible introjection.

3. Comment y parvenir ? C'est le troisième point, tout aussi remarquable à notre entendement actuel. Par un cadre et une pratique. Et cette pratique, dans le cadre ainsi fixé sur lequel nous pourrons également revenir, consiste en un travail d'interprétation. Interprétation des Écritures certes, mais dans laquelle le texte de la loi est considéré comme un corps et la lettre comme le symbole d'un univers caché. L'interprétation se fait au moyen de l'allégorie. Et plus précisément encore, allégoriquement, la loi qui est mise au travail d'interprétation est semblable à un animal, la lettre en est le corps, et le sens en est l'esprit, « l'âme ». Ce sens est invisible et ne sera découvert que grâce à l'étude interprétative. Les mots sont un miroir qui à la fois reflètent et cachent ce sens et à travers eux il y aura à rechercher l'articulation entre la lettre et le sens caché. Mais ne croyez pas que j'interprète le texte de Philon. Je le suis au contraire de très près. Voici ce que dit textuellement Philon sur la méthode allégorique : « Pour ces hommes le code de loi tout entier est semblable à un animal, son corps représente le commandement apparent exprimé, son âme le sens invisible renfermé dans la lettre. Dans ce sens invisible, l'âme rationnelle commence à contempler d'une façon “singulière” les choses qui lui sont familières, et remarque les beautés extraordinaires des pensées qui se réfléchissent dans les mots comme dans un miroir », et il ajoute « par l'explication et la révélation des symboles, ce sont les pensées dévoilées qui sont mises en lumière aux yeux de ceux qui, avec le peu de mémoire[3] qu'ils ont, peuvent enfin contempler les choses invisibles à travers les visibles ».

Certes nous ne sommes pas là dans l'univers de l'appareil psychique de la mémoire, dans l'articulation des représentations de choses et des représentations de mots. Les thérapeutes ne manient pas la théorie saussurienne du langage, et ils ne sollicitent pas explicitement de notre part une question sur la place du réel ; place du réel par rapport à la lettre et à l'interprétation de la lettre. Mais en sommes-nous si loin ? Sommes-nous si loin de l'instance de la lettre de l'inconscient de Lacan et de la critique qu'en fait Derrida ?

Puisque nous sommes entrés dans le texte, poursuivons. Philon donne une longue définition des thérapeutes, écrite comme telle, qui se décompose en deux versants qui se renvoient l'un à l'autre : « Leur nom révèle dès l'abord le projet de ces philosophes. Ils s'appellent en effet, au vrai sens du mot, thérapeutes et thérapeutrides, soit parce qu'ils exercent une médecine plus efficace que celle dont on use dans les villes – car celle-ci ne soigne que les corps alors que la leur soigne aussi les âmes, en proie aux maladies pénibles et difficiles à guérir que déchaînent les plaisirs, les afflictions, les craintes, l'avarice, les sottises, les injustices et la multitude infinie des autres souffrances et maux (vous voyez à quel point la notion de souffrance et la préoccupation de ce qui va permettre effectivement de sortir de la souffrance est essentielle), soit -c'est l'autre versant- parce qu'ils ont appris de la nature et des saintes lois à “servir” l'Être qui est meilleur que le Bien même, plus pur que l'Un et d'origine plus ancienne que la Monade ».

L'important ici bien sûr, même si je n'ai pas qualité pour, est de se rappeler une fois encore le contexte de l'influence hellénistique et platonicienne et de la rivalité du judaïsme alexandrin avec cette influence qui était au premier plan. Or, ce qui est tout à fait remarquable, c'est que tout en reprenant la terminologie de la Monade et de l'Un, les thérapeutes opposent à la Monade, comme antérieur à elle, l'existence d'un dualisme fondamental. Celui-ci caractérise le rapport de ce que j'appelais tout à l'heure le dialogue de l’humain avec le Dieu qui est en lui. (Mort ou vivant, peu importe effectivement, ça n'est pas de la notion d'une croyance en Dieu dont il s'agit ici.) Ce dualisme fondamental participe pour eux, et en même temps théorise – ce n'est pas à la suite de Freud sans nous interpeller – ce qui est en jeu dans la « poursuite de l'objet du désir ». Nous avons affaire à deux esprits, un esprit mortifère qui est l'esprit de la perversion, et un esprit de vérité qui doit constamment lutter avec cet esprit de perversion et c'est en permettant, en se donnant les conditions pour que l'esprit de vérité l'emporte que l'on parviendra justement à la suppression de la souffrance.

Cette perspective, nous dira Philon, oppose les thérapeutes aux adorateurs d'idoles, aux adorateurs d'éléments et des produits des éléments, le soleil, la lune et les étoiles, aux adorateurs d'images et de statues, qui tuent en eux toute parenté divine, s'enferment dans une relation de maître-esclave ou pis encore dans un rapport de cruauté.

Les thérapeutes eux se détournent de cette relation pour poursuivre la voie qui permettra l'accès à l'esprit de vérité, à la suprématie des représentations sur les données sensibles.

Quelles sont les conditions d'y parvenir ? C'est alors que se situe dans le texte de Philon une description minutieuse du cadre, qui suppose une mise en suspens de toutes les satisfactions pulsionnelles immédiates, de tous les plaisirs liés directement à la nourriture, à l'argent, aux soins du corps. Il implique de se séparer de tous les objets conduisant à la satisfaction d'un besoin et d'étudier.

Le cadre de leur travail est un lieu de l'habitation appelé « lieu solitaire ». « Dans ce lieu, ils n'introduisent rien, ni boissons, ni nourritures, rien de ce qui est nécessaire aux besoins du corps. Seulement les Lois, les oracles rendus par les prophètes, les hymnes et les autres livres » par lesquels ils accroissent et perfectionnent leur science, et « nombre d'entre eux ayant un songe dans leur sommeil révèlent à haute voix à partir de ces songes les doctrines admirables de leur philosophie» . Pour ce faire, ils se servent de ce qui a déjà été découvert par les anciens et qui leur a été transmis, mais aussi de leurs propres interprétations suscitées par leur lecture et les rêves faits pendant la nuit.

En quoi consiste ce travail d'interprétation allégorique ? Je l'ai déjà évoqué, à trouver l'articulation entre la lettre et le sens caché.

Je pourrais m'arrêter là ; d'une certaine façon la boucle est bouclée. Une dernière remarque pourtant ! Un des temps de la pratique, évoquée par Philon, est le banquet hebdomadaire : ils se réunissent une fois par semaine pour étudier ensemble, selon un rituel que, me semble-t-il, nous connaissons bien nous aussi. Ces banquets, Philon les oppose aux banquets romains, avec une violence toute partisane, mais curieusement aussi, au fameux banquet de Platon. Il s'en prend notamment et explicitement alors au mythe platonicien de l'androgyne et lui oppose la quête du désir et le sujet divisé. On se souvient que Freud, dans “L'Au-delà”, reprend ce mythe à propos du besoin qui caractérise la pulsion de « rétablir un état antérieur ». Surgit alors, dans son élaboration, au-delà de cette aspiration de la pulsion, la pulsion de mort et le couple pulsion de vie/pulsion de mort. De ce mauvais et éternel ménage entre Eros et Thanatos naît l'humain, boiteux ; cette boiterie est sa condition d'être vivant – et non pas de mort-vivant. Cela continue, à mon sens, à être spécifique de l'analyse, par opposition, pourrait-on dire, mais ceci est une hypothèse provocatrice, à d'autres thérapies où on a le sentiment que ces dernières visent à la réalisation de facto du mythe platonicien.

Qu'on ne se méprenne pas, je ne voulais pas donner par cette présentation un modèle de vie, ni promouvoir l'ordre monastique. Je voulais seulement sensibiliser à la notion de thérapeutique, donner un exemple de son antériorité au carrefour même de notre histoire. Ce qui s'est précisé, chemin faisant dans ce parcours, c'est comment ceux-là même qui se nommèrent alors thérapeutes, s'inscrivent d'emblée dans un champ où la guérison est considérée comme survenue de la sublimation, de la mise en œuvre de « l'introjection » pulsionnelle, comme dirait à la suite de Ferenczi, Nicolas Abraham et Maria Torok.

Que les moyens mis en œuvre pour y parvenir, que la conception, idéologique plus que théorique, qui les soutient puisse avoir pour nous quelque amusante résonance, ce n'est bien sûr que rencontre… de hasard ! Comme on le dit dans les films, toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé est pure coïncidence.

[1] Ce texte ancien a fait l'objet d'une communication en 1985 au colloque “Psychanalyse et guérison” organisé à Rennes par le “Collectif événement” de la Fédération des ateliers de psychanalyse et l'université de psychologie Rennes, sous l'égide de Philippe Levy. Il a été publié dans l'Imparfait n° 5 (1985), “Psychanalyse et guérison”. Sur la demande d'Olivier Douville, je le redonne ici sans grandes modifications.

[2] Psychiatre, Psychanalyste, Paris.

[3] Souligné par moi.