Modernité du démoniaque

Psychologie Clinique 4

février 1998

Modernité du démoniaque

Par Jean-Claude Maleval[1] et Nathalie Charaud[2]

Résumé : Le syndrome d'enlèvement extra-terrestre a pris consistance aux États-Unis depuis 1994 à la faveur du travail de J. Mack, professeur de psychiatrie à Harvard, qui relate dans son ouvrage, Abduction, treize témoignages de sujets, recueillis pour une grande part à la faveur de cures hypnotiques, centrés sur des expériences angoissantes. Non seulement il accorde crédit à l'interprétation de ces phénomènes en terme d'enlèvements perpétrés par des êtres extra-terrestres, mais il contribue pour une grande part à développer cette croyance. La notion de délire ne peut manquer de s'évoquer, certes, mais reste encore à préciser la nature de ces « délires ». S'agit-il d'une tentative de remédier à la forclusion du Nom-du-Père ? S'agit-il d'une vacillation névrotique du fantasme ? Ou bien encore s'agit-il de ce délire dont relève tout discours, du fait de la forclusion généralisée ? Que, dans la diversité des témoignages, l'élément commun réside en une scène de séduction constitue un signe clinique précieux.

Mots-clefs : Hystérie ; délire ; scène de séduction ; vacillation du fantasme.

Summary : The extraterrestrial abduction syndrom originated from Abduction, a book published in 1994 by John Mack, professor of psychiatry at Harvard University. His work reports the stories of thirteen persons, mostly collected during hypnotic treatments and dealing with fits of anxiety. Mack does not content himself with lending credit to the interpretation of these phenomena as abduction by extraterrestrials, he widely contributes to the growth of this belief. Delusion is inevitably called to mind, but the nature of these « delusions » still remains to be examined. Do they provide a solution to the foreclosure of the Name-of-the-Father ? Do they result from a neurotic failing of fantasy ? Or do they simply come within the category of common delusion like any kind of discourse, owing to general foreclosure ? The prominence of the scene of seduction as a common feature of such various accounts is a precious clinical sign.

Key-words : Hysteria ; delirious ; scene of seduction ; failing of fantasy

De l'ignorance de pouvoir établir une distinction entre les rêves et autres fantasmes vigoureux et la Vision et la Sensation sont issues en grande partie les religions des païens des temps passés, qui adoraient les satyres, les faunes, les nymphes, etc., ainsi que, de nos jours, les idées que certaines personnes sans éducation se font à propos des fées, des fantômes, des lutins et du pouvoir des sorcières. T. Hobbes, Léviathan (1651)

Quand quelqu'un affirme aujourd'hui avoir été enlevé par les extra-terrestres, le mot délire ne tarde guère à être évoqué. Certes, mais reste encore à préciser la nature du délire. S'agit-il d'une tentative de remédier à la forclusion du Nom-du-Père ? S'agit-il d'une vacillation névrotique du fantasme ? Ou bien encore s'agit-il de ce délire dont relève tout discours, du fait de la forclusion généralisée ? Que l'on se garde d'écarter d'emblée une seule de ces hypothèses. Même la troisième d'entre elles peut être recevable. Souvenons-nous par exemple du 30 Octobre 1938 : ce jour-là environ deux millions de New Yorkais furent convaincus, par une émission radiophonique, conçue par Orson Wells, que les martiens étaient en train d'envahir la terre[3].

Les progrès de la connaissance astronomique ont fait chuter le mythe des martiens. Aujourd'hui, on ne s'aventure plus à préciser l'origine planétaire des extra-terrestres. Toutefois, depuis les années 1980, de nombreux américains se plaignent d'avoir été victimes d'enlèvements effectués par des êtres venus d'autres mondes. Ce sont d'abord les ouvrages d'un sculpteur new yorkais, Budd Hopkins, qui contribuent à objectiver ce phénomène. Il publie en 1981 Missing Time[4](Temps manquant) dans lequel il étudie, parmi d'autres symptômes affectant certains sujets, des périodes de temps qui semblent avoir disparu de leur mémoire. Il suppose que ces phénomènes s'expliquent par des kidnapping effectués par des extra-terrestres. Il récidive en 1987 en publiant Intruders[5] (Les envahisseurs) dans lequel il décrit, en s'appuyant sur certains témoignages, les procédures sexuelles et reproductives liées à ces enlèvements extra-terrestres. Les choses auraient pu rester limitées à un groupe d'illuminés parmi tant d'autres si une autorité scientifique de poids n'était venues les cautionner. Le livre de John E. Mack, Abduction[6] (Enlèvement), publié en 1994, semble être en train de donner au phénomène une ampleur qui n'est pas sans évoquer le retentissement du Livre des esprits d'Allan Kardec[7], dans la deuxième moitié du XIXème siècle, lequel forgea la doctrine spirite, et multiplia les pratiques permettant de communiquer avec les esprits de l'au-delà, grâce le plus souvent aux tables tournantes. John Mack n'est pas n'importe qui : non seulement il est l'auteur d'un ouvrage de référence sur le cauchemar, il a de surcroît obtenu une certaine notoriété en recevant le Prix Pulitzer pour une biographie de Lawrence d'Arabie, mais surout il est professeur de psychiatrie à Harvard. Certes, ses travaux sur le syndrome d'enlèvement extra-terrestre suscitent encore des réticences considérables de la part de la plupart de ses collègues, mais ils semblent commencer à trouver quelque écho même chez certains d'entre eux[8]. Il avait d'ailleurs été précédé dans l'étude des kidnappings extra-terrestres par un respectable professeur d'histoire de la Temple University de Philadelphie, David M. Jacobs, qui publie dès 1992 : Secret life : Firsthand Accounts of UFO abductions[9] — préfacé par John Mack.

Les sujets qui rapportent, le plus souvent sous hypnose, avoir été kidnappés par les extra-terrestres, se plaignent initialement d'une propension à faire des cauchemars affreux ou des rêves pénibles[10]. Parfois, en corrélation avec ceux-ci, des marques peuvent apparaître sur leurs corps : des bleus, des coupures, des petites lésions diverses, voire de légers saignements. Ils constatent quelques guérisons de troubles somatiques suite aux « enlèvements ». Ils éprouvent en outre fréquemment un sentiment persistant de solitude, d'isolement et de marginalisation. Des difficultés relationnelles et sexuelles ne sont pas rares. Les treize cas rapportés par Mack s'avèrent aisément hypnotisables. Enfin si l'on veut bien appréhender les épisodes de « temps manquant » comme de banals troubles de la mémoire, on constatera que les éléments permettant d'évoquer la structure hystérique des sujets impliqués ne manquent pas. La restriction considérable du champ de l'hystérie dans la psychiatrie nord-américaine, l'ignorance d'une structure indépendante de la névrose patente, ne permettent pas à Mack de le discerner.

Dans les observations rapportées par Mack, la croyance au kidnapping extra-terrestre ne présente pas les caractères d'une idée délirante : de prime abord les sujets sont plutôt portés à les interpréter comme des cauchemars, de sorte qu'ils doutent de la réalité de leur vécu. Même quand la conviction se forge, beaucoup considèrent encore qu'ils ont eu accès en ces expériences à une autre réalité[11], dans laquelle les critères d'appréciation objective des événements ne sont pas pertinents. Il n'est pas exclu qu'un délire puisse se saisir de cet imaginaire mais, dans la grande majorité des cas, ces croyances n'apparaissent pas du registre de la certitude délirante[12]. Elles seraient restées confinées dans la fantasmatique de quelques sujets si elles n'avaient pris consistance dans les travaux de Mack par l'entremise duquel elles deviennent un fait de société.

Quels sont les arguments qui le conduisent à accréditer la thèse du kidnapping extra-terrestre pour expliquer les particularités des sujets présentant les symptômes relatés plus haut ? Il admet que les preuves matérielles paraissent trop subtiles pour être décisives, de sorte qu'il ne cache pas que les pièces à conviction principales se situent au niveau de l'expérience vécue et racontée sous hypnose[13]. Les deux arguments majeurs résident dans l'intensité émotionnelle des événements « revécus » sous hypnose et dans la concordance de témoignages indépendants les uns des autres. Le premier est bien faible : qui ne sait que la force de conviction et l'impression de réalité sont des caractéristiques du cauchemar. « Les hallucinations qui se produisent sont peut-être le phénomène le plus extraordinaire du cauchemar, note Macnish dès 1836, souvent, elles impressionnent si fortement l'esprit que nous trouvons impossible de ne pas les croire réelles, même au réveil… Dans de nombreux cas, il n'existe ni arguments ni efforts de la compréhension qui puissent nous convaincre qu'il ne s'agit que de chimères du sommeil »[14]. « En fait, écrivait Waller, je ne connais pas de moyen à la portée d'un homme de se convaincre que la vision qui est apparue pendant le paroxysme d'un cauchemar n'est pas réelle, à moins qu'il ne puisse avoir la preuve du contraire par d'autres personnes se trouvant présentes et éveillées à ce moment-là »[15]. Or, bien loin de mettre en doute la réalité des visions d'extra-terrestres en état d'hypnose, Mack les accrédite et leur donne consistance. Ainsi l'hypothèse la plus plausible pour rendre compte de la persistance du sommeil des proches lors du rapt serait qu'ils ont été « débranchés » par les extra-terrestres. Il prétend pourtant se garder d'influencer les sujets. Quand ces derniers lui font part de leurs doutes quant à la réalité des phénomènes, il « ne peut que leur dire que les éléments de leur histoire se sont retrouvés maintes et maintes fois dans le discours tenu par d'autres kidnappés qui n'ont pas été déclarés fous ». Notons que l'utilisation du terme de « kidnappé » est déjà une prise de position, mais il n'hésite pas à livrer plus nettement encore son opinion : « Je remarque également, écrit-il, que les sentiments et les émotions qu'ils ont montrés me semblent tout à fait réels et moi, de mon côté, je leur demande s'ils peuvent fournir une explication pour des sentiments aussi intenses. Finalement, je leur déclare que je n'ai pas toutes les réponses à ces questions et je leur demande de considérer ces "souvenirs" comme une réalité »[16]. Puisqu'elle ne balaie pas les doutes des sujets eux-mêmes, il faut souligner que l'intensité du vécu n'est une donnée décisive que pour l'observateur. Dès lors le seul argument qui possède un semblant de consistance réside dans la concordance des témoignages. Notons d'emblée que la démonstration irréfutable de la réalité du sabbat, entre le XVème et le XVIIème siècle, reposa sur le même principe : « l'accord à peu près unanime des déclarations et aveux des sorciers et sorcières à cet égard dans toute la chrétienté ». Or, commente Baissac, « il ressort de l'ensemble des procès-verbaux d'interrogatoire et de jugements qui nous restent que, la plupart du temps, les inquisitionnées, laissées libres, se contredisaient elles-mêmes les unes les autres dans leurs dépositions, et que l'accord dont on parle ne s'établissait que lorsque le juge, précisant la question, conformément à un thème reçu, amenait les déposants à y répondre par oui ou non. La conformité des déclarations, affirme-t-il, n'a été de la sorte que le mirage de l'uniformité des questionnaires, en même temps que la croyance de l'époque »[17]. La relative concordance des témoignages concernant le sabbat fut générée par un discours préexistant, pour l'essentiel celui des Manuels de l'Inquisition.

Qui parle aujourd'hui par la bouche des extra-terrestres ? Que révèlent les « kidnappés » de John Mack ? Ils ont le plus souvent été enlevés dans leur lit par des créatures extra-terrestres, qui les ont conduit dans les airs, en traversant une fenêtre, jusqu'à un vaisseau spatial. Là, ils ont été l'objet de procédures médicales et chirurgicales, apparentées à un viol, dans le but de procréer une race nouvelle d'êtres hybrides mi-humains mi-extra-terrestres. Ensuite, toujours par la voie des airs, ils ont été reconduits dans leur lit, sans que l'entourage ne se soit aperçu de leur disparition. La plupart des témoignages s'accordent sur le fait que le message des extra-terrestres consiste à nous mettre en garde contre les dangers encourus par l'équilibre écologique de la planète. Ils s'étonnent en outre de l'agressivité des humains et les incitent à s'ouvrir à une communication fondée sur l'amour. La concordance est certes quelque peu étonnante mais il apparaît immédiatement que le prétendu message ne consiste qu'en informations d'une grande banalité. Quand par hasard il se fait original, il ne gagne pas en crédibilité : selon certains extra-terrestres les dinosaures au cerveau minuscule étaient en fait très intelligents ! Le noyau du message ne dépasse pas la créativité des médiocres séries télévisées où il puise ses matériaux. Ce qui lui donne sa consistance réside dans la scène de séduction, sur laquelle nous reviendrons. D'autre part, si ces récits ne consistent qu'en des inventions fantasmatiques, une grande diversité des thèmes secondaires doit être constatable. En fait il en est bien ainsi dès que l'on examine des thèmes majeurs tel que la description de l'intérieur des vaisseaux spatiaux ou tel que l'apparence des êtres extra-terrestres. Sur ce dernier point, le plus spectaculaire, l'imagination se donne libre cours : les cheveux sont tantôt blonds, tantôt argentés, souvent absents, la tête est parfois triangulaire, parfois en forme de goutte d'eau renversée, la couleur est grise, verte, blanche, etc. Cessons-là l'énumération de la diversité, cela ne prouve qu'une chose : la capacité des extra-terrestre à se métamorphoser. Ils sont même capables, paraît-il, de se transformer en animaux[18]. Notons le trait commun à ces extra-terrestres et aux « mauvais anges et démons » étudiés par De Lancre lors de son enquête sur la sorcellerie dans le Labourd au début du XVIIème siècle : « l'inconstance ». Pour expliquer la variété des témoignages sur l'apparence du diable et sur les pratiques du sabbat, là où l'unanimité faisait défaut, l'unanime inconstance du diable et de ses suppôts permettait de réintroduire l'universalité[19]. La comparaison ne paraîtrait sans doute pas totalement incongrue pour John Mack puisqu'il considère comme acquis que les extra-terrestres nous ouvrent à une dimension plus proche de la source spirituelle de l'être, à partir de laquelle il établit des correspondances avec le chamanisme, le bouddhisme tibétain, le karaté, la maîtrise des rêves, les vies antérieures, les univers parallèles, les phénomènes de synchronicité, etc. Il admet même qu'en certains cas « les extra-terrestres eux-mêmes peuvent apparaître comme une partie dissociée de l'âme du kidnappé ou du moi »[20]. Dès lors leur « inconstance » ne saurait l'embarrasser : il s'est depuis longtemps employé à parer à toute approche rigoureuse du phénomène en arguant de la nécessité de changer de paradigme de rationalité pour l'appréhender. Qui parle ainsi par l'entremise du message des extra-terrestres, et de leur commentateur, en délivrant des informations sur le danger écologique que court la planète, et en affirmant le besoin de s'ouvrir à une communication fondée sur l'amour ? Non plus les Manuels des inquisiteurs, mais l'idéologie du mouvement « New Age », religion actuelle des « yuppies » américains, qui incite à chercher Dieu en soi, par l'entremise d'états altérés de conscience et de préoccupations écologiques[21].

Les treize observations rapportées par Mack, concernant des sujets traités par hypnose présentant le syndrome d'enlèvement extra-terrestre, constituent un document clinique qui ne manque pas d'intérêt. Il apporte une contribution à l'étude du délirium hystérique et à celle des mécanismes mis en jeu par les psychothérapies.

« L'inconstance » des extra-terrestres connaît une exception majeure. Autrement dit la plupart des témoignages s'accordent sur un point : les premières rencontres sont angoissantes et presque toujours centrées sur une scène de viol. Le démoniaque extra-terrestre généré par le discours de la science met volontiers en scène un viol chirurgical : il est perpétré dans une sorte de salle d'opération par un chef souvent nommé « docteur ». Jerry décrit sous hypnose que les êtres lui ouvrirent les jambes « comme chez le gynécologue ». Les étriers furent inutiles car elle était paralysée. Un long tube fut introduit dans son vagin et elle éprouva un pincement. Elle sut alors qu'un embryon avait été implanté en elle[22]. Dans les mêmes circonstances, Catherine se sent incapable de mener la moindre résistance. Une espèce de cône avec quelque chose au bout est introduit en elle. C'est glacial. Ça remonte jusque dans les intestins. Ça ne fait pas mal. C'est simplement un peu gênant[23]. Quand le sujet est un homme la scène devient un viol anal. Dave a le sentiment qu'un instrument flexible, d'un mètre vingt de long, lui est introduit dans l'anus. « Ça glisse en moi, rapporte-t-il. Ça grimpe dans mes boyaux bien au-delà de l'anus ». Toutefois une sympathique créature femelle est là pour le réconforter. Puis une espèce d'appareil de succion est placé à l'extrêmité de son pénis, ce qui le conduit à éjaculer d'une manière plaisante jamais connue auparavant[24] D'autres expériences lors desquelles le sujet éprouve le sentiment que l'on implante un objet dans son crâne ou en d'autres parties du corps sont beaucoup moins agréables. Pour qui n'a pas renvoyé la découverte freudienne dans l'oubli, ces fantasmagories sont familières : il s'agit de variantes de la scène de séduction dans laquelle l'hystérique est si volontiers enclin à situer l'origine de ses troubles. Mack la fait surgir grâce à l'hypnose chez des sujets qui l'aurait oubliée. Il n'a certes pas besoin de la suggérer explicitemment pour l'obtenir de qui vient le trouver en tant que spécialiste des enlèvements extra-terrestes. Ceux qui s'adressent à lui semblent bien pour la plupart avoir eu dès leur enfance une propension à faire des cauchemars alimentés par des récits de science-fiction. Notons encore une fois les affinités de ces témoignages avec ceux recueillis sur le sabbat : lors de celui-ci le diable y connaissait sorciers et sorcières « charnellement et sodomiquement » avec un membre tors et écailleux qui produisait une semence glaciale[25]. Les séductions diabolique et extra-terrestre se déduisent en négatif d'une scène de volupté pudique.

Si la majorité des délirums hystériques empruntent, comme le notait déjà Henri Ey, les formes de l'influence ou de la possession, c'est que la scène de séduction passive constitue leur armature imaginaire. Plutôt que de faire servir sa castration au désir de l'Autre, en acceptant d'assumer son manque-à-être, l'hystérique met son corps en avant pour tenter de combler le manque de l'Autre. Dès lors, comme le résume Perrier, en une formule frappante, elle ne peut être que violée et que par Jupiter[26]. La scène de séduction est le dernier écran fantasmatique à masquer la rencontre du réel. Or il est manifeste que cet écran n'est pas opaque : il laisse plus ou moins transparaître ce qu'il voile. Il possède une propension à être débordé. Surgit alors le cauchemar, nocturne aussi bien que diurne. Ce dernier révèle pour Freud un échec de la censure, pour Jones un démon lubrique incesteux ; selon Lacan, le sujet y fait l'épreuve de la jouissance de l'Autre[27]. C'est dans l'au-delà du principe de plaisir, note encore Freud, qu'il faut situer le démoniaque[28], dont on note l'absence dans la Traumdeutung. Tous s'accordent dès lors à discerner dans le cauchemar une vacillation du fantasme qui cesse d'être en mesure de protéger le sujet de la jouissance de l'Autre. L'imaginaire vampirique constitue la forme la plus typique de ce phénomène lors duquel un être démoniaque prélève l'objet de sa jouissance sur le corps du sujet. Alors le fantasme ne se situe plus dans la fenêtre que prend le sujet sur la réalité : il cesse d'être encadré par les repères imaginaires et symboliques qui permettent de constituer celle-ci avec son aide. N'étant plus masqué, l'objet a se présentifie par l'entremise d'images angoissantes qui subvertissent la réalité.

La scène de séduction est un fantasme original, sans doute aux sources des affinités de l'hystérie avec des formes d'apparence psychotique. Elle peut certes s'élaborer jusqu'à donner naissance à des scènes agréables et volupteuses, mais elle possède surtout une propension à se dégrader, en laissant transparaître ce qu'elle voile avec peine : l'objet réel et la jouissance de l'Autre. Une des caractéristiques qui revient le plus souvent dans la description des extra-terrestres réside dans une émergence de l'objet regard au sein de leur image : la plupart des sujets — en état d'hypnose — notent le caractère étrange et inquiétant de leurs yeux volontiers grands, noirs, et sans paupières.

Le syndrome d'enlèvement extra-terrestre est une forme moderne de délirium hystérique qui permet de saisir certaines de ses spécificités. Le document clinique de Mack éclaire notamment la différence entre les formes aiguës et les formes chroniques de celui-ci. Il est paradoxal que les sujets qui s'adressent à lui, souvent après l'échec de psychothérapies, éprouvent un soulagement de leurs troubles nerveux, parfois même une résolution de leurs difficultés sexuelles, à mesure que s'affirme leur conviction, non seulement d'avoir été l'objet d'enlèvements extra-terrestres, mais en outre de se trouver en permanence à la merci de ces êtres tout-puissants. « Je me sens impuissante, rapporte Catherine ; ils peuvent très bien m'attraper à n'importe quel moment et me faire pratiquement tout ce qu'ils veulent et je ne peux pas me défendre. Cette seule idée est terrifiante »[29]. « Je me pose la question, écrit Jerry, de savoir si quelqu'un qui n'est pas un kidnappé pourrait comprendre ce que cela veut dire de n'avoir aucune idée du moment où un prochain enlèvement doit avoir lieu… J'aimerais voir comment un cerveau fonctionne quand une personne est soumise en permanence à des traumatismes dont elle sait qu'ils ne peuvent jamais s'arrêter »[30]. « La plupart des individus dont il a été question dans ce livre, commente Mack, ont souffert de traumatismes à ramifications directement associés à leurs mésaventures extra-terrestres — un sentiment de solitude et d'abandon provenant de la terreur éprouvée lors des effrayantes procédures infligées à leur corps, l'isolement au sein même des familles et de la vie sociale, le choix inévitable au niveau de l'intellect et des convictions profondes, enfin la prise de conscience horrible que ces drames peuvent arriver n'importe quand désormais ainsi qu'à leur propres enfants »[31]. Il est vrai que si tout cela n'était pas fantasmagories, les sujets devraient être de plus en plus terrifiés à mesure qu'ils parviennent à se convaincre que ce qu'ils prenaient pour des rêves n'en sont pas. Mack note lui-même qu'il est « surprenant que les kidnappés dans leur ensemble ne soient pas plus perturbés »[32]. Il est de prime abord encore plus étonnant qu'une psychothérapie qui conforte l'idée de possession puisse obtenir des effets d'atténuation de l'angoisse. Ce qui apparaît paradoxal pour une approche rationnelle du phénomène cesse de l'être si l'on prend en compte la logique de l'inconscient. C'est parce que la psychothérapie hypnotique s'emploie ici à donner consistance au fantasme qu'elle permet au sujet d'élaborer une protection contre le surgissement du réel. Bien entendu, chacun produit sa propre construction à l'aide d'éléments narcissiques. Les uns se découvrent peu à peu être des « agents doubles » mi-humains mi-extra-terrestres, d'autres se satisfont de participer à la création d'une race nouvelle d'êtres hybrides, la plupart ont le sentiment d'avoir élargi leur conscience, ils deviennent porteurs d'un message d'espoir, ils se font volontiers enseignants et thérapeutes. Dès lors se multiplient des groupes de « kidnappés » où l'on se conforte mutuellement dans ses croyances. Des sondages semblent indiquer qu'ils sont promis à un bel avenir puisque plusieurs centaines à plusieurs millions d'américains auraient le sentiment d'avoir été victimes d'enlèvements extra-terrestres ou d'expériences qui y étaient liées[33].

Conforter le fantasme d'enlèvement procure d'incontestables bénéfices au sujet. Il se trouve intégré à la communauté des kidnappés avec lesquels il a le sentiment de partager des vérités ignorées. L'image narcissique de chacun s'exalte en prenant appui sur un idéal commun. Cauchemars et vacillations du fantasme s'estompent tandis que l'hystérisation du discours s'affirme. La division du sujet est mise en avant : tous dénoncent les limites de l'ego et affirment que ces expériences « ruinent notre illusion de contrôle ». L'adresse au maître et la dénonciation de son savoir sont manifestes : il faut abandonner le paradigme dominant de la rationalité, affirme Mack, tandis qu'il considère que « ces problèmes sont un défi aux professionnels de la santé mentale ». Le produit de ce discours est censé délivrer un savoir nouveau. Enfin un tel savoir ne se dégage qu'à l'écoute du vécu de chacun[34].

Le bénéfice obtenu avec des possédés grâce à une pratique de l'exorcisme paraît parfois être du même ordre : non pas extirper le diabolique, mais mieux l'accepter. Celles qui firent condamner Urbain Grandier, à Loudun, en 1634, continuèrent pour un grand nombre à se faire exorciser après la mort de ce dernier. « Or, rapporte Baissac, aux dévotes qui, les rencontrant en chemin, leur demandaient si elles étaient toujours possédées, elles avaient coutume de répondre avec une sorte de satisfaction orgueilleuse :"Dieu merci, oui !" — "Ah ! reprenaient les autres, nous ne sommes pas si heureuses ; Dieu ne nous a pas assez aimées pour cela ! »[35]. Intégrée aux croyances d'une communauté, la possession peut procurer d'appréciables bénéfices secondaires.

Les formes chroniques du délirium hystérique apparaissent donc parfois permettre d'atténuer l'angoisse du sujet. Quand ce gain est obtenu, en l'occurrence malgré la confirmation du thème de possession, comment ne pas évoquer la « belle indifférence » des hystériques ? C'est à l'égard des symptômes de conversion que ce terme descriptif fut employé, en constatant leur aptitude à lier l'angoisse ; ce qui confirme une nouvelle fois que les troubles psychiques de l'hystérie participent de la même dynamique que les troubles somatiques. Le balancement des uns aux autres a d'ailleurs été maintes fois observé.

Pour les quelques cliniciens qui s'obstinent à considérer que le franchissement d'un certain degré dans la bizarrerie des idées constitue un indice suffisant pour convoquer la forclusion du Nom-du-Père[36], et qui dès lors, confrontés au syndrome d'enlèvement extra-terrestre, ne reculent pas à affirmer que l'engagement des sujets en des cures hypnotiques ne saurait faire objection à leur structure psychotique. Rappelons l'opinion d'un spécialiste de l'« hypnoanalyse ». Lindner considère qu'elle doit se limiter aux non-psychotiques, « violer cette limitation, précise-t-il, est une entreprise hasardeuse et, cliniquement, déconseillée. Ce n'est pas seulement gaspiller un effort pour des résultats vains, mais courir le risque — avec, incidemment, d'après l'expérience statistique de l'auteur, une possibilité approchant l'absolu — de précipiter la psychose ou, en présence de psychose, de démolir irrémédiablement ce qu'une autre thérapie aurait pu exploiter »[37]. On ne saurait être plus clair. Il est étonnant que des psychanalystes, qui n'ont aucune pratique de l'hypnose, puissent aujourd'hui prétendrent le contraire[38]. On s'inclinera devant leur argument inédit selon lequel les psychotiques sont hypnotisés par leurs voix : que ne prônent-ils dès lors le retour à l'hypnose dans l'au-delà de la “Question préliminaire à tout traitement possible de la psychose” ? Ajoutons qu'en aucune des cures relatées par Mack ne se lève une érotomanie de transfert qui ne saurait manquer d'être suscitée, au moins en certains cas, par l'intensité de la relation de l'hypnotisé à l'hypnotiseur, si les patients étaient de structure psychotique. D'autre part, ne se décèlent ni troubles du langage, ni pousse-à-la-femme, ni mort du sujet .

La pratique de Mack est exemplaire concernant ce qui peut différencier la psychothérapie de la psychanalyse. On sait que ce n'est pas sur le terrain de l'efficacité thérapeutique que les divergences sont les plus profondes, mais sur la question éthique. Une cure ne s'avère psychanalytique que lorsque celui qui la dirige tient la position éthique d'objet a, ce qui le conduit à ne rien vouloir pour l'analysant, et à se priver des ressources du discours du Maître. À l'inverse Mack revendique clairement l'insertion de la subjectivité du thérapeute dans la cure. « Dans ces thérapies alternatives, écrit-il, les sentiments et l'état d'esprit de celui qui aide, tout comme sa rationalité et ses aptitudes d'observateur, représentent des aspects vitaux de la méthode thérapeutique ou investigatrice ». Il reproche à Freud d'avoir abandonné l'hypnose précisément parce qu'elle faisait intervenir un élément subjectif, ce qui aurait témoigné de sa part d'une inféodation à la dualité sujet-objet propre à la science occidentale[39]. Outre le caractère solipsiste d'une telle argumentation, qui ne s'étaie que sur une adhésion aux naïvetés du « nouveau paradigme » du « New Age »[40], elle mérite d'être appréciée à ses conséquences. La fondation de sectes soudées par les fantasmes de tel ou tel thérapeute est l'une d'entre elles. Dans le cas précis de la pratique de Mack, il constate lui-même qu'il conforte chez ses patients le sentiment narcissique d'être différent. Ces expériences font naître des problèmes au sein des foyers et des conflits avec les proches, « car, note-t-il, il est évident que le kidnappé n'est alors le plus souvent occupé que de lui-même et de ce qui lui est arrivé ». Parfois elles confortent le fantasme du roman familial : « J'ai l'exemple d'enfants, rapporte-t-il, qui considèrent désormais les êtres extra-terrestres comme leurs "vrais" parents »[41]. D'autres hypnothérapeutes sont convaincus que le syndrome de personnalités multiples, qui connaît aux USA un développement sans précédent depuis les années 80, est dû à une autre scène de séduction, celle-là agie par des parents du sujet. Ils parviennent souvent à en convaincre leurs patients, ce qui donne lieu à des procès, parfois même à des condamnations abusives. Le travail de Mack montre de manière éclatante que le prix d'aliénation à payer pour les bénéfices thérapeutiques de la psychothérapie est toujours exorbitant. D'une certaine manière toutes les psychothérapies font exister les extra-terrestres. Ce n'est qu'en inscrivant l'éthique dans la clinique que ces fantasmagories s'estompent pour laisser advenir la vérité du sujet.

[1]Psychanalyste. Professeur de psychopathologie à l'Université de Rennes 2. Laboratoire de Cliniques Psychologiques, Université Rennes 2, Haute-Bretagne, 6 avenue Gaston Berger - 35043 Rennes Cedex.

[2] Maître de conférences en mathématiques, Université Paris 13.

[3] Cantril H., Gaudet H., Herzog H., The invasion from Mars, Princeton University Press, Princeton New Jersey, 1940.

[4] Hopkins B., Missing Time: A documented study of UFO abductions, Richard Marek, New York, 1981.

[5] Hopkins B., Intruders: The incredible visitations at Copley Woods, Random House, New York, 1987.

[6] Mack J. E., Abduction, Scribner's, New York, 1994. Traduction française : Dossier extra-terrestre. L'affaire des enlèvements, Presses de la Cité, Paris, 1995.

[7] Kardec A., Le livre des esprits, Paris, 1857. On sait qu'Allan Kardec est le pseudonyme du docteur Hyppolyte Rivail, il l'adopta suite à la communication d'un esprit lui révélant qu'il s'appelait ainsi dans une existence antérieure au temps des druides dans la Gaule. L'anachronisme est manifeste : la distinction entre le nom patronymique et le prénom est d'apparition beaucoup plus tardive.

[8] Les autorités de Harvard, rapporte E. Behr, ne semblent pas autrement embarrassées par les convictions d'un de leurs plus célèbres professeurs. « Il y a quantité de grandes idées qui, au début, semblaient farfelues », confie au Wall Street Journal (numéro du 14 mai 1992) l'actuel directeur du département de psychiatrie de Harvard, Malka Notman. « Quoiqu'on en pense, je crois qu'il est utile d'encourager le travail créatif, tant qu'il ne fait de mal à personne ». (Behr E., Une amérique qui fait peur, Plon, Paris, 1995, p. 162).

[9] Jacobs D. M., Secret life : Firsthand Accounts of UFO abductions, Simon & Schuster, 1992. Traduction française: Les kidnappeurs d'un autre monde, Presses de la Cité, Paris, 1994.

[10] Le travail de Mack sur le cauchemar, publié en 1970, qui constitue sans doute l'étude clinique la plus complète de cette question, réalisée dans le champ psychanalytique, considère que le phénomène résulte de troubles particulièrement importants dans l'environnement du sujet, ou de souvenirs traumatiques le touchant personnellement. Ses travaux sur le syndrome d'enlèvement extra-terrestre sont donc parfaitement compatibles avec ses recherches antérieures. On notera que, dès ce travail, il fait montre d'une propension à la lecture rapide de Freud en assimilant, à l'instar de Rosen, rêve et psychose. [Mack J. E., Nightmares and human conflict, J & A Churchill, London, 1970].

[11] « Ils perçoivent les extra-terrestres et leurs propres expériences comme situés dans une autre réalité qui demeurerait cependant extrêmement tangible pour eux, autant — sinon plus — que le monde physique familier ». (Mack J. E., o.c., p. 493).

[12] Une toute autre logique semble régir le message des extra-terrestres recueilli en 1973 par Claude Vorilhon. Baptisé Raël par ces êtres (les « Elohims »), il a recueilli leurs Tables de la loi dans un ouvrage intitulé La Géniocratie et la méditation sensuelle, texte fondateur d'une secte qu'il dirige : le Mouvement raëlien français.

[13] Mack J. E., o.c., p. 410.

[14] Macnish R., The philosophy of sleep, 1836, p. 143, cité par Jones E., Le cauchemar, Payot, Paris, 1973, p. 67.

[15] Waller J., A treatise of the incubus, or nightmare, 1816, p. 29, cité par Jones E., Le cauchemar, o.c., p. 67.

[16] Mack J. E., o.c., p. 32.

[17] Baissac J., Les grands jours de la sorcellerie, Klincksieck, Paris, [1890], réédition Laffite Reprints, Marseille, 1982, pp. 164-165.

[18] « Le fait que la métamorphose ait été si largement et si étroitement associée à l'adoration d'animaux, note Jones à propos du cauchemar, est d'un intérêt particulier pour notre sujet et nous amène à conclure à une relation entre ces deux idées. Il y a peu de doute que l'idée de la métamorphose a des sources importantes dans les expériences du rêve, car, là, la transformation réelle d'un personnage humain en celui d'un animal et l'apparition d'êtres composites, à moitié animaux, à moitié humains, s'effectue très souvent directement devant les yeux de celui qui rêve ». [Jones E., Le cauchemar, o.c., p. 57].

[19] De Lancre P., Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons [1612], Aubier Montaigne, Paris, 1982.

[20] Mack J. E., o.c., p. 496.

[21] Le « New Age » prend appui sur le passage, dans le calendrier astrologique, de l'ère zodiacale des Poissons à celle du Verseau pour annoncer l'arrivée d'un temps d'amour et de lumière. L'humanité entrerait dans un âge nouveau de prise de conscience spirituelle et planétaire, écologique et mystique marqué par des mutations psychiques profondes. La transformation sociale serait subordonnée à la transformation personnelle. Une des visées centrales consiste à dépasser la surface des choses matérielles et visibles pour atteindre l'Essentiel qui est Conscience et Esprit. Il s'agit en fait d'un courant de pensée assez flou qui qualifie une coagulation sans doute passagère de multiples éléments du religieux flottant. (Cf Ferguson M., [1980], Les enfants du Verseau. Pour un nouveau paradigme, Calmann-Lévy, Paris, 1981).

[22] Ibid., p. 163.

[23] Ibid., p. 191.

[24] Ibid., p. 339.

[25] Baissac J., o.c., p. 114.

[26] Perrier F., “Structure hystérique et dialogue analytique” [1968], in La Chaussée d'Antin, UGE, 1978, II, p. 66.

[27] Lacan J., L'angoisse, Séminaire inédit du 12 décembre 1962.

[28] Freud S., L'inquiétante étrangeté et autres essais [1919], Gallimard, Paris, 1985, p. 242.

[29] Ibid., p. 197.

[30] Ibid., p. 160.

[31] Ibid., p. 484.

[32] Ibid., p. 55.

[33] Ibid., p. 544.

[34] On constate que le discours des kidnappés s'inscrit en tous points dans le mathème du discours de l'hystérique:

[35] Baissac J., o.c., p. 535.

[36] L'esprit critique de Leurets'était rendu compte dès 1834 de l'insuffisance de ce critère pour caractériser le délire quand il écrivait : « Il ne m'a pas été possible, quoi que j'aie fait, de distinguer par sa nature seule, une idée folle, d'une idée raisonnable. J'ai cherché, soit à Charenton, soit à Bicêtre, soit à la Salpêtrière, l'idée qui me paraîtrait la plus folle ; puis quand je la comparais à un bon nombre de celles qui ont cours dans le monde, j'étais tout surpris et presque honteux de n'y pas voir de différence ». (Leuret F., Fragments psychologiques sur la folie, Crochart, Paris, 1834, p. 41.) La clinique universelle du délire, prônée par J.-A. Miller, en raison de la forclusion généralisée et du vide de la référence, implique cliniquement, comme le notait Lacan en 1958, qu'« aucune formation imaginaire n'est spécifique » (Lacan J., “D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose”, in Écrits, Seuil, Paris, 1966, p. 546).

[37] Lindner R. M., “L'hypnoanalyse en tant que technique psychothérapeutique”, in Bychowski G. & Despert J.-L., Techniques spécialisées de la psychothérapie, Paris, PUF, 1958, p. 27.

[38] Les études concordent par ailleurs pour considérer que la suggestibilité des psychotiques est nettement moindre que celle des autres sujets (Weitzenhoffer A., Hypnose et suggestion, Payot, Paris, 1986, pp. 44-45).

[39] Mack J. E., o.c., p. 475.

[40] Le « New Age » s'oppose au paradigme matérialiste et mécaniciste dominant afin d'y substituer une approche spirituelle et synthétique. Il propose une vision holistique du monde fondée sur l'origine unique de l'énergie animant l'ensemble des phénomènes humains et cosmiques et sur l'existence de correspondances entre différents ordres du réel. Ce nouveau paradigme semble se satisfaire de sa pétition de principe.

[41] Ibid., p. 487.