L’exil intérieur ou la recherche de l’autre moi
Meilleurs textes publiés du N°3 au N°26 de Psychologie Clinique
LES SITES DE L'EXIL
Psychologie Clinique 3
septembre 1997
L’exil intérieur ou la recherche de l’autre moi
Par Jacqueline Barus-Michel[1]
Résumé : L'exil a ses figures : infligé comme expulsion de l'espace social des origines, ou voulu comme expérience de dépouillement, ou les deux à la fois. Dans la déliaison, l'exil amorce une recherche désespérée, la révélation de l'autre en soi, auquel le lien, bien qu'enfoui, était si fort qu'il s'impose comme autre moi, plus réel. Dans le vide et la rupture, place est faite à l'étrange étranger, pour “posséder la vérité”. Ainsi Marcel Proust, au prix d'un exil dans les fumigations et la nuit, reconstitue un moi obstinément subtilisé aux interstices du souvenir, moi réel, retrouvé, délivré dans son œuvre. Ainsi Arthur Rimbaud se mène perdre dans les sables pour retrouver l'autre, moi indicible, père enfoui, que l'écriture n'était pas venue à bout de symboliser. Pour l'un comme pour l'autre le social exclu-excluant est une scène et l'exil un opérateur pour une transmutation du moi. Il s'agit d'un véritable trafic du social devenu le matériau du réel qui saisit le vif, ou l'accomplit au delà de l'interdit, par subversion.
Mots-clés : Exil ; exil intérieur ; rupture ; espace ; autre moi ; réel ; scène sociale ; Rimbaud ; Proust.
Ce titre suppose, abandon ou renoncement d'un moi repéré, socialement identifié et le voyage à la recherche d'un autre moi qui aurait été perdu de vue mais serait plus “vrai”, pour lequel je suggérerai ici quelques hypothèses. L'exil, c'est d'abord la rupture avec le lieu où l'on était soi, parmi les siens, puis une existence voulue ou subie parmi les étrangers ; il suppose la reconnaissance puis le rejet, l'identification puis le refus. L'exil n'est pas alors et seulement la coupure d'avec la patrie mais peut se jouer dans l'espace intérieur : quand suis-je moi ? où est l'étranger en moi ? Quels interdits, quelles contradictions, quels rapports entre un moi que je ne sais pas être, le moi que je crois être, le moi que je veux être ? Quelles reconnaissances, quels bannissements dont je suis le théâtre ? Questions dont l'impossible résolution peut vouer le sujet à une souffrance extrême.
Il peut y avoir plusieurs formes d'exil : la réalité sociale d'une rupture volontaire ou subie d'avec sa terre d'origine, l'expérience inconsciente d'un rejet à l'origine qui rend le sujet étranger à lui-même et à toute reconnaissance, l'exil intérieur, retour à une figure intérieure dont on se serait absenté et dont les traces se seraient effacées. L'exil peut être intérieur, il peut être une figure de l'inconscient comme il peut être une réalité sociale. Entre ces trois formes il peut y avoir des échanges subtils de redoublement ou de déplacement métaphorique. Peut-on parler d'exil intérieur en termes de psychologie sociale clinique ? Parions que oui : les processus sont ici comparables, que la réalité donne vie au fantasme ou le fantasme à la réalité, que l'intériorité se rabatte sur l'extériorité ou inversement.
L'exil et la fraction
Parler de l'exil ne peut être que parler d'expériences singulières d'exil dont les trajets psychiques et sociaux sont différents, à moins que quelque processus n'y soit à l'œuvre autour de ce que j'ai appelé l'autre moi. « Et Dieu les chassa du paradis terrestre… » La malédiction est au cœur de l'exil, elle suppose la faute qui engendre le « refoulement » imposé, la perte d'un sanctuaire, foyer d'amour, lieu d'émergence du sens. Certains se voueront à sa préservation intérieure fût-elle celée (juifs marranes), certains (otages arrachés à leur univers) s'attacheront, pour la sauvegarde de leur intégrité, au déni de cette coupure, par identification à un agresseur qui prend place du contenant perdu ; ils pourront aller jusqu'au déni de soi, l'étranger dans la violence de son emprise, opérant une véritable substitution du moi qui ajoute à la dépendance physique la dépendance psychique, puis, après libération ouvre le vide. Le pays quitté devient un mythe immobile, sanctuaire d'objets primaires fétichisés, qui ne correspondent plus à une réalité sociale mais fondent encore symboliquement et imaginairement l'identité. À la douleur de la rupture correspond le sentiment de retour impossible : où sont désormais les reconnaissances et les solidarités ? Le pays quitté est le royaume du surmoi ou le moi idéal a été déchiré ; l'idéal du moi se trouve clivé entre le lieu où il s'est élaboré et le lieu d'accueil où le moi tente de se préserver de l'écartèlement, de reconstruire de l'idéal, à moins de n'y trouver que l'étrangeté destructrice. La question de l'identité taraude le sujet : à partir de quels éléments du passé, du présent, construire du sens, sur quels repères symboliques, en se fixant sur quelles valeurs qui orienteraient l'avenir ? On retrouve là les caractéristiques d'une crise : sidération imaginaire, perte du symbolique mais aussi ouverture sur du changement.
Entretien avec une ancienne réfugiée politique
(30 ans, 7 ans d'exil, mariée avec un compatriote vivant en France, un jeune enfant). « J'ai du mal à revenir dans mon pays, je ne pense qu'à ça. Je me prépare et j'ai peur. Quand j'arrive, tout de suite c'est le bonheur, c'est la fête. Je retrouve les odeurs, les couleurs, les bruits, les miens sont là, eux aussi ils ont préparé la fête, on s'embrasse, on pleure, les retrouvailles quoi… Je pleure en vous le racontant… À l'aéroport c'est formidable et puis très vite, il y a quelque chose qui se passe, que je sens, un malaise, on me dit : “tu as changé” et moi aussi je les trouve changés, je sens une familiarité entre eux que je n'ai pas partagée, je ne sais pas… et puis la façon dont ils vivent, ce n'est plus la mienne. Je compare, en même temps je leur en veux de ne pas avoir conservé tout pareil, d'avoir changé eux aussi. Ils me demandent comment je vis, ils disent “chez toi, là-bas”. Alors chez moi c'est ici, en France, pour eux ? !… Ils me voient avec mon bébé et puis ma liberté, ma façon d'être qui me semble normale et ils finissent pas me dire, même ma mère me l'a dit, “Retourne là-bas, tu as trop changé, tu ne peux plus vivre comme avant avec nous”. Il y en a qui me disent carrément : “Combien de temps restes-tu ?”… et c'est vrai que j'ai changé, que je sens bien que je ne pourrai plus vivre comme eux. On s'en veut presque, on est devenu des étrangers. Alors je me dis qui suis-je ? Je les aime, ce sont les miens, quand je suis en France je pense à eux. Au retour, pour mon mari je fais la cuisine de là- bas, je parle espagnol à ma fille, en même temps je sais que je suis devenue française, que c'est en France que je suis libre, je ne crois pas maintenant que nous retournerons nous installer là-bas, alors je ne sais pas, je suis étrangère là-bas, étrangère en France, mais non… presque plutôt là-bas qu'ici. J'irai en touriste ! (rire) et ma fille sera française. Moi je ne me sens pas française mais à travers elle je pense que ça viendra… »
Cet extrait d'entretien montre bien le va et vient entre l'identique et l'étranger qui inclinent finalement vers le choix de la France que l'interviewée vit comme être elle-même, « plus libre », en étant encore étrangère, à la recherche de cet autre moi que l'exil lui a fait découvrir comme possible. L'environnement social étranger a servi de révélateur puis de support au développement d'un idéal du moi tandis que la patrie, lieu d'ancrage, devenait à son tour étrangère jusque dans sa familiarité. La patrie reste lieu d'ancrage dans la mesure où elle est imaginairement figée dans le souvenir car sa réalité la déstabilise, elle doit la fétichiser pour, à partir de ce socle, déployer cet autre moi qu'effectivement ses parents ne reconnaissent pas et même ne veulent pas reconnaître. Toutefois l'ambivalence reste toujours très forte et tout peut basculer : deux ans après cet entretien N. est retournée dans son pays sans explication.
Soutenir une idéologie, une croyance permet le transfert du sanctuaire en d'autres lieux, consolide le moi, ce sont des valises que l'exilé a pu emporter moralement, un vade mecum , le nécessaire pour se réinscrire dans un projet, c'est à dire de l'idéal. Certains exilés s'ancrent dans la certitude d'emporter avec eux le sens et la vérité et de laisser derrière eux le mensonge et l'erreur (Soljenitsyne). Faire souche, devenir soi même contenant, ne délivre pas toujours de l'écartèlement, celui-ci ne peut être reporté sur les fils dans la douleur de l'incapacité et à transmettre. La castration imaginaire infligée par la coupure du lien peut n'être plus symbolisable et devenir souffrance endurcie et impuissance. Le meurtre symbolique du père infaisable : le fils, coupable et victime subit un rejet réellement infligé : « ex-il ». L'exil est un isolement social, un dépouillement autant qu'un éloignement. Il touche à la continuité de l'identité, il exacerbe les conflits des objets internes. La blessure sociale ravive, en se confirmant dans le réel, par surcharge, la blessure et la culpabilité psychique, condamné/renégat l'exilé porte une part de mort en lui. L'exil est une intériorité fractionnée en des lieux d'extériorité, avec des allers et retours impossibles. L'exilé n'est nulle part chez lui, rendu à lui-même il est à la recherche d'une nouvelle coïncidence avec son moi, d'un nouvel étayage pour un moi idéal, il est à la recherche d'une unité sociale unifiante et signifiante, d'autres repères intériorisables. Les clivages du sujet peuvent amener son effondrement comme l'idéalisation et l'identification à des accueillants peuvent aider à sa restructuration, surtout s'il a eu des possibilités de choix.
Il n'y a pas besoin d'un ailleurs pour l'exil, il suffit que quelque chose de l'ordre du retrait opère qui laisse le sujet dans du vide. Certains exilés volontaires font, par là, place à Dieu, le désert apparaît alors comme lieu nu, apte à la « consumation » du moi dans l'accueil de l'Étranger le plus vrai, suscité dans le vide. L'Autre coïncide avec la dénudation et l'effacement du moi dont il prend la place. L'exil intérieur de l'autiste ? Comme si le corps-enveloppe, le moi-territoire était une contrée inhabitée et sans contour où tout peut arriver : le cataclysme ou rien, à jamais. Aucun autre n'a pu constituer une patrie mais a laissé la place aux remuements d'un trauma indicible pour lequel aucune parole ne trouve aucun interlocuteur. Chaque forme d'exil amorce une recherche désespérée, celle d'un autre moi qui serait un noyau dur, plus réel. C'est pourquoi je m'attacherai à deux formes d'exil que se sont infligé deux hommes, chacun maudit à sa manière, avec le sentiment profond d'être écarté ou exclu, piégé dans de l' interdit. Tous deux ont eu recours à la littérature, l'un pour y renoncer et fuir plus loin encore, toujours en quête de l'insaisissable moi qui coïnciderait avec l'absence farouche ou la mort, celle de Dieu ou du père. Il s'agit d'Arthur Rimbaud. L'autre, exilé en lui-même, chambre close, exténué, rameutant les morceaux épars d'un autre temps pour reconstituer un réel toujours marqué par la perte mais où mettre son nom. C'est Marcel Proust.
Les semelles de vent
Arthur Rimbaud témoigne de cette recherche de l'autre moi sans doute présente dans d'autres formes d'exil. Pour tous ceux qui se sont penchés sur la vie et l'œuvre du poète, et par exemple A. de Mijolla[2], il y a rupture entre la vie de Rimbaud, poète génial, et l'aventurier perdu, stérile. L'un méconnu quand l'autre est reconnu et inversement. Il y a en fait une continuité entre les deux : dans la tentative bientôt abandonnée de se créer une identité à travers des poèmes hallucinés, l'ombre de l'autre apparaît et c'est peu à peu l'aventurier qui devient cette ombre errante en quête d'un corps retrouvé mais dans une atroce agonie. Cette identité, cette ombre, ce moi désespérément enfui et poursuivi, c'est son père à qui il avait été confié.
Quand Mijolla écrivit Les visiteurs du moi en 1981, il relève que le père de Rimbaud était pour les biographes un inconnu, sa personnalité et son rôle « expédiés en quelques lignes pour disparaître à tout jamais des abondants commentaires auxquels son fils a donné matière »[3]. Et pour Rimbaud, s'interroge-t-il ? Le père est inexistant dans la correspondance. Il ajoute : « rien ne transparaît de sa présence ou de son existence dans le texte manifeste de la vie et des écrits de Rimbaud »[4], sinon la petite annonce du Times où Rimbaud se fait passer comme déserteur du 47° régiment de l'armée française (le régiment de son père, et le fait que, au Harar, engagé par Bradley, il se dit né à Dôle où son père est né). Mijolla y voit à juste titre un mimétisme du père, déserteur de sa famille et avance l'hypothèse que ce serait « un autre personnage psychique ayant rapport inconscient avec son père » qui serait allé s'exiler au Harar et non Arthur Rimbaud le poète. Si Mijolla rend sa place au père, il en fait une très grande à la mère. Aussi bien nous ne nous occuperons que du père. On sait maintenant suffisamment de choses sur le Capitaine Rimbaud[5] pour reconnaître sa présence, comme une hantise, à travers toute l'œuvre poétique et ses premiers écrits d'enfance.
«… Hélas, Lui, comme
mille anges blancs qui se séparent sur la route,
s'éloigne par delà la montagne ! Elle toute
froide, et noire court ! après de départ de l'homme ! »[6].
«… je songeais à mon père parfois…
— car un père est troublant ».
Perte, souffrance, idéalisation du père mystérieux et magnifique, obstinément migrateur, père terrible par ses colères et ses malédictions. L'œuvre alors prépare l'exil, il faut se glisser dans les absences, les départs (« Par ma faute nous retournerons en exil, en esclavage »[7]). L'œuvre qui se poursuit dans la vie devient claire, pour qui la lit en référence au père qui vécut effectivement l'aventure des sables d'Afrique (« Je voyais très franchement une mosquée à la place d'une usine »[8]), les longs voyages, le soleil éblouissant, le risque de mort, le plaisir à l'arabe et aux mots, puis l'exil volontaire et définitif d'une famille où régnait seule la femme dure. (« J'avais en effet en toute sincérité d'esprit pris l'engagement de le rendre à son état primitif de fils du Soleil — et nous errions nourris de vin des casernes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule »[9]).
Dans ses écrits l'exil du poète a toujours été annoncé. À son tour, après des rébellions précoces il largue les amarres, se voue à l'errance et malgré le lien épistolaire avec sa famille, fait de plaintes, de rages et de projets renouvelés, il va s'accrocher en Arabie et à ses pourtours loin des parapets de l'Europe. Dans ses poèmes, le voyant déjà se confond avec un père héroïque, vainqueur d'Abd el Kader, baroudeur : « ma race ne se soulève jamais que pour piller »[10], sans cesse reparti jusqu'à ne plus revenir. Les Illuminations ne devaient-elles pas s'appeler Livre païen ou Livre nègre ? Le passage du Rimbaud poète au Rimbaud négociant fébrile et malchanceux en Orient ne se fait pas brusquement : que de faux départs, de tentatives avortées, de malaises, de retours aux « marais occidentaux » avant la vraie rupture. « Plus de mots. J'ensevelis les morts dans mon ventre »[11]. Sous le signe de la mort, il va porter en lui le père à la poursuite de qui il part. Il brûle ses livres en 1873 mais garde le carnet de voyant qui deviendra Les Illuminations.
Exil donc, (1876, « Au revoir ici, n'importe où… c'est la vraie marche. En avant toute ! »[12] où cette fois ci, mais c'est en 1880, il va « trafiquer dans l'inconnu », se perdre dans cette image du père. Il ne s'agit pas d'identification mais, comme le dit Mijolla d'« une maladie de l'identification »[13] : reconstituer malgré lui mais avec acharnement le père qui a laissé une traînée de sable d'or dans son imaginaire et bien d'autres objets épars, vivre dans sa vie en mourant, mourir dans sa mort en s'immergeant dans sa vie rêvée. (N'oublions pas que la mère avait fait passer son époux pour mort dès 1860 alors qu'il ne décéda réellement qu'en 1878) .
L'exil réel se superpose à un exil intérieur, celui du moi qui, en défaillance, cherche à être l'autre, l'étrange étranger et se détruit systématiquement pour lui faire place dans l'âme et le corps. « Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps » sont les derniers mots d’Une saison en enfer (“Adieu”), Rimbaud est exilé à jamais dans un autre, fils d'un arc en ciel qui, comme on le sait n'a pas de bases sur la terre. Cet exil intérieur, défini ici comme n'être pas soi en soi mais toujours étranger (« Je est un autre ») dans la souffrance et la jouissance « ignoble », s'est d'abord exalté dans des poèmes d'une beauté éblouissante comme une avide recherche. S'identifie-t-on à un père imaginaire et mort, idéalisé et échappé ? Contrairement à Mijolla je ne pense pas que le père n'ait pas été idéalisé, mais seulement dans le registre imaginaire, non symbolisable, condamnant le poète à être à la poursuite du père sans pouvoir le tuer symboliquement, et à mourir réellement possédé. « Le Prince et le Génie s'anéantirent probablement dans la santé essentielle, comment n'auraient-ils pas pu en mourir ? ensemble aussi ils moururent… Mais le Prince décéda, dans son palais, à un âge ordinaire. Le Prince était le Génie. Le Génie était le Prince… »[14].
Nous appartient-il à nous, psychologues, de dire ce qui fit le génie ? Peut-être l'excès de l'imaginaire avivé par l'impossibilité d'identification et l'absence de surmoi issu du père ? Liberté, folie, exil se rejoignent. La psychologie sociale constate : à Charlevillle un environnement social qui reconnaît la précocité et n'en peut mais, à Paris les rejets renouvelés mais provoqués par celui qui ne se voulait pas d'appartenance mais une reconnaissance (« mais pas une main amie »[15]) pour un autre. Le social joue, ou plutôt Rimbaud le fait jouer comme repoussoir. Et pourtant la Commune, les Poètes Maudits, les rebelles et marginaux n'étaient-ils pas le tremplin offert pour l'aventure désespérée ? Verlaine subjugué autant qu'effrayé (plus femelle que Rimbaud homosexuel) n'a-t-il pas incité « le dérèglement de tous les sens », comme Bradley et Labatut au Harar ont à leur manière renforcé l'exil et l'échec ?
La mort s'inscrit dans le social : jusqu'à la fin Rimbaud semble craindre l'issue fatale autant que la condamnation pour désertion. « Déserteur » : celui qui rompt le contrat et fuit, mais aussi l'homme du désert. Double exil où le père absorbe définitivement le fils. Que dire de ce passage d'une lettre d'Isabelle qui ramenait le mourant à l'hôpital de la Conception (!) délirant : « il eut un instant d'extraordinaire et navrante gaîté, désarçonné par la vue de l'uniforme d'un officier » ? Rimbaud a toujours été le fils imaginaire de l'Arabie et du déserteur de la vie. « L'homme-aux semelles-de-vent » annonçait et préparait l'aventure. La balle au poignet délie ce que relie le cancer du genou où J. M. Ramos a retrouvé la marque du père. L'errant, l'exilé n'est plus qu'« un tronçon immobile »,
« Ah ! Lui, devrait couper son
Nez, sa lèvre, ses oreilles,
Son ventre ! et faire abandon
De ses jambes ! ô merveille ! »[16].
Lui qui a voulu « être indépendant ou n'importe où » (16 Novembre 1882), qui a « perdu le goût pour le climat et les manières de vivre et même la langue de l'Europe », le voilà cloué à l'image de l'autre. « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la Justice est le plaisir de Dieu seul »[17]. Cloué mais perdu. L'exil a été l'accomplissement de la secrète malédiction de n'être rien sans être l'autre, idéal et désert. « J'avais été damné par l'arc en ciel »[18], « j'étais dans son âme comme dans un palais qu'on a vidé »[19]. Recherche d'un inaccessible dont l'étrangeté seule rend compte : « La vraie vie est absente, nous ne sommes pas au monde ». Changer la vie, c'était aussi changer sa vie pour celle d'un autre. Zanzibar dernier projet, mot à la sonorité étrange, répétant la dernière consonne de l'alphabet, est peut-être le mot clé de l'inaccessible pour celui qui avait vu la couleur des voyelles.
L'alchimie externe
À l'inverse Proust, dans le confinement de l'exil intérieur accouche d'un moi autre, subtilisé au souvenir, cet autre que sa mère couvait et interdisait, révélé à travers les fissures de l'oubli ; le réel arraché au prix de la vie, encore voilé, mais sur lequel il peut mettre son nom. Surprendre un réel, un moi idéalisé resté lié aux choses, découvert et retrouvé, récupéré par l'attention persévérante et répétitive aux souvenirs de certains moments-mouvements (porter la madeleine à ses lèvres, éprouver l'inégalité des pavés de la cour des Guermantes) qui, saisis dans leur écho intérieur, permettent de le reconstituer. « Mais à l'instant même où la gorgée mêlée de miettes de gâteau touche à mon palais, je tressaillis, attentif à ce qu'il se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon que faire l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. […] Il est clair que la vérité que je cherche n'est pas en lui [le breuvage] mais en moi »[20]. Mais c'est d'abord faire le vide, faire la nuit en soi, autour de soi. L'environnement, réalité matérielle et sociale actuelle n'étant que prétexte à enrichir le souvenir de ces moments.
« C'est à lui de trouver [le chercheur] mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l'esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? Pas seulement, créer. Il est en face de quelque chose qu'il n'est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière »[21]. « Au vrai, l'être qui alors goûtait en moi cette impression, la goûtait dans ce qu'elle avait de commun dans un jour ancien et maintenant, dans ce qu'elle avait d'extratemporel, un être qui n'apparaissait que quand, par une de ces identités entre le présent et le passé, il pouvait se trouver dans le seul milieu où il put vivre, jouir de l'essence des choses, c'est-à-dire en dehors du temps »[22]. « Mais qu'un bruit déjà entendu, une odeur respirée jadis, le soient de nouveau, à la fois dans le présent et dans le passé, réels sans être actuels, idéaux sans être abstraits, aussitôt l'essence permanente et habituellement cachée des choses, se trouve libérée, et notre vrai moi qui, parfois depuis longtemps, semblait mort, mais ne l'était pas autrement, s'éveille, s'anime, en recevant la céleste nourriture qui lui est apportée »[23].
Cela suppose que le moi vivant dans le présent s'efface au maximum pour faire place à l'autre moi hypothétiquement retrouvé. Exil intérieur, retour sur soi pour y ressusciter l'autre imaginaire et réel, idéal exquis, insaisissable pour qui ne s'y voue pas tout entier jusqu'à la mort. D'où l'organisation de cette vie nocturne : Marcel Proust, soutenu et veillé par Céleste (!), sous alimenté, réfugié dans les demeures des disparus, exigeant des vivants, arrachés à leur sommeil, l'information minutieuse d'un passé révolu. La recherche de l'autre moi passe par l'exil intérieur, vide pour l'accueil de l'autre moi, au passé, donc mort. L'intérieur est aussi paradoxalement peuplé de la multitude des autres, des choses convoquées soir après soir pour la recréation. L'œuvre en est issue. Quel moi cache l'autre ? Malgré l'affection qui les liait, les rapports du père et du fils sont sous le signe de la dépendance et de la révolte. Marcel Proust tente de ne pas être ce que le père veut, de préserver un autre moi que celui qu'on lui fabrique :
« Mon cher petit papa
J'espérai toujours finir par obtenir la continuation des études littéraires et philosophiques pour lesquelles je me crois fait. Mais puisque je vois que chaque année ne fait que m'apporter une discipline de plus en plus pratique, je préfère choisir tout de suite une des carrières pratiques que tu m'offrais. Je me mettrai à préparer sérieusement, à ton choix, le concours des affaires étrangères ou celui de l'école des Chartes . — Quant à l'étude d'avoué je préférerais mille fois entrer chez un agent de change. D'ailleurs sois persuadé que je n'y resterais pas trois jours ! — Ce n'est pas que je ne crois toujours que toute autre chose que je ferai autre que les lettres ou la philosophie, est pour moi du temps perdu mais entre plusieurs maux il y en a de meilleurs et de pires. Je n'en ai jamais conçu de plus atroce, dans mes jours les plus désespérés, que l'étude d'avoué. Des ambassades, en me le faisant éviter, me sembleront non ma vocation mais un remède »[24].
Cette lettre montre que le père suggère ou induit des orientations, des inscriptions sociales orthodoxes, rangées, en opposition au dilettantisme incorrigible de son fils. Marcel a d'ailleurs déclaré à la Comtesse Mathieu de Noailles avoir été pour son père « le point noir de sa vie ». Il écrit : « Mon père avait pour mon genre d'intelligence un mépris suffisamment corrigé par la tendresse »[25]. Le père, hygiéniste, prodiguait des conseils à son fils adulte, comme une mère. Il était une seconde mère, plus discutée mais non moins redoutable. Le père disait « Ah mon fils ? Celui qui sera académicien ! » en parlant, ironique et désabusé de Marcel : ce père était aussi un obstacle à franchir pour enfin accéder à l'identité propre. « Si je passe la nuit je prouverai aux médecins que je suis plus fort qu'eux » dit-il à Céleste la veille de sa mort. Le père était médecin réputé : avec le mot Fin qu'il fait écrire à Céleste, Proust meurt et en triomphe : il lui a arraché dans un long combat son autre moi, la vérité. Cet autre moi, il l'a arraché aussi à sa mère dont il était obligé de profaner l'image pour dépasser l'interdit ambigu que son amour posait de son vivant en le voulant écrivain, selon son désir, assidu, conforme à ses modèles, considéré à l'égal du médecin, le père, le frère, même si cette mère « la grosse femme en noir, horrible » qu'il hallucine, veille pour reprendre sa proie.
Les disputes entre eux ont pu être violentes comme cela transparaît dans Jean Santeuil, La Recherche, la correspondance avec la mère : « Ton père et moi étions restés sous une impression bien pénible »[26]. La querelle fut en effet violente puisque Marcel cassa la vitre d'une porte et sans doute un verre, la mère ajoute en effet dans la même lettre : « Le verre cassé ne sera plus ce qu'il est au temple le symbole de l'indissoluble union ». Or, lors de la cérémonie du mariage à la synagogue (Mme Proust était juive) les mariés boivent dans un verre que le futur époux casse. Dans Jean Santeuil, Marcel Proust prête les propos contraires à la mère : « Ce sera comme au temple le symbole de l'indestructible union ». On peut sans mal voir là le lien œdipien maintenu par la mère, union sacrée qu'il est interdit de rompre : le verre n'a plus d'autre usage que de symboliser et sceller l'union.
Cet interdit dont le père s'est fait complice fait du fils la chose de la mère, il ne peut être qu'uni à elle dans son désir, interdit de laisser émerger l'autre en lui, cet autre qu'il sait bien être. D'ailleurs Marcel Proust est lucide et dénonce cette emprise. Dans une lettre où « la chère petite maman » est toujours couverte « de mille tendres baisers »[27], on lit « Puisque je ne peux pas te parler je t'écris pour te dire que je te trouve bien incompréhensible ». Il est en effet puni par sa mère qui ne supporte pas sa vie nocturne, ses sorties, lui supprime des meubles, empêche qu'il soit chauffé ou servi aux heures qu'elle ne juge pas convenables. Il décrit les colères dans lesquelles cela le met. « J'étais par ta faute dans un tel état d'énervement que quand le pauvre Fénelon est venu… je suis tombé sur lui à coups de poing… et ne sachant plus ce que je faisais, j'ai pris le chapeau neuf qu'il venait d'acheter, je l'ai piétiné, mis en pièces et j'ai ensuite arraché l'intérieur […] Si à ce moment-là Papa ou toi m'aviez dit quelque chose de désagréable, certainement je n'aurai rien fait mais je ne sais pas ce que j'aurai dit »[28]. Il fait très bien le lien avec sa maladie. « Je te disais vers le 1er décembre quand tu te plaignais de mon inactivité intellectuelle, que tu étais vraiment impossible, que devant ma vraie résurrection, au lieu de l'admirer et d'aimer ce qui l'avait rendue possible, il te fallait aussitôt que je me remette au travail. Je l'ai fait cependant et au travail que tu désirais »[29]. Il rend très clairement sa mère coupable de le casser, d'aggraver son mal-être à force de le vouloir conforme à l'image sociale où elle reconnaîtrait une réussite égale à celle du père, du frère et de son idéal, lui même pris dans celui de la grand-mère. Elle façonne « son pauvre loup » jusque dans le moindre détail. « Toutes tes affaires de la tête exclusivement aux pieds inclusives. Sont-elles en parfait état ? Ce qui était à laver — à nettoyer — à visiter — à ressemeler — à marquer — à repriser — à border — à changer les cols — boutonnières etc. — En retirant les jours de fête Marie a eu pour cela 6 journées, j'aimerais savoir si elles ont été appliquées utilement — Tache que toute chose se passe avec un peu d'ordre (Je sais que sans prêcher d'exemple tu es très capable de diriger) »[30]. Elle ne connaît sans doute pas ses mœurs mais réprouve ses dépenses, ses horaires, son incapacité toute apparente à se fixer à une œuvre qui serait dans la ligne des grands auteurs reconnus. Pourtant elle sait le génie de son fils mais elle ne peut le laisser être ce qu'il est, qu'elle pressent trop ne pouvoir que la réfuter, la rejeter, rompant le lien pour voir éclore une insupportable vérité : l'autre moi de Proust.
Ce n'est pas pour rien qu'il profane l'image de sa mère dans ses rituels érotiques. L'image témoigne de l'objectif entêté. À quel reproche répond-elle quand elle écrit « Mon chéri, tu vois mes photog. tout à l'envers et te méprends sur mon aspect. Je n'y ai eu qu'une préoccupation, c'est de poser, et suis furieuse d'avoir cette bouche rentrée qui est la faute de l'opérateur. À force de me façonner il m'a fait grimacer ! Je m'en suis plaint. Mais j'étais absolument détachée de toute préoccupation morale et avais pour unique objectif l'appareil »[31]. Elle n'était pas telle qu'il l'aurait voulue mais derrière l'appareil c'était bien son fils qui était l'objectif fixé, objectif « unique » mais appareil, instrument manipulé.
Proust, du vivant de ses parents, n'a jamais pu révéler son autre moi à l'inquiétante étrangeté, que dans la clandestinité. On peut parler d'exil à double titre : exil de l'autre derrière le dissipé, mal corrigé. Exil en soi, exil intérieur, érigé en technique de redécouverte de l'autre, celui que la dissipation, le dilettantisme voilait, en création de l'œuvre qui ouvre les portes de la vérité. On peut dire que Marcel Proust a construit son œuvre à travers cette problématique d'exil intérieur comme Rimbaud mais d'une autre façon : il s'agit de faire advenir l'autre moi, de rendre le moi à son étrangeté, de traverser la frontière qui marque une rupture et qui sépare sans disjoindre, car des deux côtés quelque chose de soi est pris qui rend toujours étranger partout, même dans les lieux de plus grande familiarité, et familier dans les lieux les plus étrangers. Ces lieux pourraient être territoires imaginaires de l'identité.
L'aventure de Proust ne peut pas être réduite aux avatars familiaux des identifications. L'œuvre est déjà une sortie sociale de cette emprise. Mais aussi toute la vie de Proust s'est jouée entre la vie mondaine, l'extériorité valorisée dans la sophistication de la socialité, le snobisme et la claustration, l'isolement, des allers et retours entre l'un et l'autre. À la fin de sa vie il sortait seulement pour des prédations : ramener des informations, reconstituer des morceaux de puzzle, regoûter des moments de « société ». En fait il restait enveloppé dans ses pelisses, encoconné, dans ces salons peuplés de fantômes et il ramenait chez lui, pour transmutation, les morceaux de ce qui n'étaient plus que des traces de vie sociale. La société ne prenait vie que dans ses « paperoles », ce trafic nocturne de l'écriture. Mais le monde venait à lui où il l'appelait, dans ce décalage de ce temps inversé auquel il contraignait amis et visiteurs : la nuit, aux heures indues vouées ordinairement au repos et à l'intimité. Plus jeune, bien avant la claustration dans la chambre de la rue Hamelin, « ignoble taudis où tient tout juste mon grabat »[32], il fréquentait salons, dîners et soupers, avide de présentations, de sorties, de randonnées. La société, à ce moment là, le portait. Elle était sans le savoir le support et l'aliment de l'autre moi à venir mais aussi la vie du mondain, recherche qui s'y confondait encore. La problématique de l'exil intérieur se joue sur un fond de décor tournant où le social est la vie avant d'apparaître comme une représentation, elle-même prétexte d'une vérité dont le texte restait à écrire . C'est aussi cela qui fait le génie de Proust, cette mécanique étrange qui transmue la névrose identitaire en une subversion du social, l'extériorité en intériorité, pour la restituer dans l'écriture .
Rejoindre le réel
Rimbaud n'a pas su qu'il devenait Arthur Rimbaud et ne l'a pas voulu. Le petit Marcel a voulu et a su devenir Marcel Proust. Pour les deux le social est le support tardif d'une nomination de gloire où l'œuvre enfin accomplit la fonction symbolique. Comme si on ne devient sujet de soi que dans la reconnaissance, à défaut du père , du social, au prix du génie et de la mort. Dans l'un comme dans l'autre de ces exils dont je me suis servie ici, quel est le statut du social ? Une problématique inconsciente liée aux figures parentales, plus consciente liée à l'environnement, des difficultés de dégagement identificatoire amènent le sujet à chercher, pas plus que tout autre, mais à sa manière propre, des appuis dans le social, des référents transgressifs (groupes marginaux, milieux snobs, mœurs réprouvées). Le social est une scène pour mettre en jeu et pour actualiser une intériorité en mal d'attache (Le bateau ivre) et sous emprise où chaque fois la mort domine (mort du père, mort de la grand-mère, cérémonies de deuil de la famille de Proust qui, lui-même, n'avait jamais habité que la demeure de parents décédés). Dans chaque cas il y a un jeu de va et vient entre le psychique et le social qui a servi de tremplin puis, retourné comme un gant (le Harar : social désertique, les incursions nocturnes au Ritz ou dans l'ancien cercle des relations huppées), est devenu l'opérateur pour la révélation douloureuse de cet autre moi enfoui. L'exil est à la fois une démarche inconsciente et voulue, l'opérateur social à l'œuvre dans le psychisme dont un moi « réel » sera le fruit. Exil intérieur, exil tout court se confondent comme les figures du fantasme, calquent et découpent la réalité sociale.L'exil est une déchirure du moi, qu'il soit intérieur ou extérieur. L'appartenance à deux lieux, également paradoxaux (l'un d'enracinement-déracinement, l'autre d'implantation et de rejet ) provoque une déstabilisation du moi sous toutes ses formes : régulatrices, créatrices, idéales. La scène en est tantôt la scène sociale (exil, expatriement), tantôt la scène psychique ; les deux peuvent coïncider, l'une servir de métaphore à l'autre. Sur les deux scènes, l'identique et l'étranger sont objet de désir et d'angoisse, clivage redoublé où le moi se cherche comme autre souhaité et redouté.
Références
Rimbaud A., Œuvres, Paris, Mercure de France, 1934.
Petifils P., Rimbaud, Biographie, Paris, Julliard, 1982.
Mijolla A. de, Les visiteurs du moi, Paris, Les Belles Lettres, 2° éd. revue et corrigée, 1986.
Ramos J. M., “Le genou d'Arthur : du prétexte au texte”, Revue des Sciences Humaines, T. LXXIX, n° 2O8, 1987.
Proust M., À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, 1927 et Paris, Robert Laffont, 1987.
Correspondance, Paris, Plon, 1930.
Correspondance avec sa mère, Paris, Plon, 1953.
Jean Santeuil, Paris, Gallimard, 1952.
Albaret C., Monsieur PROUST, Paris, Robert Laffont, 1973.
Michel-Thiriet P., “Biographie de Marcel Proust”, “Quid”, in Proust, À la recherche du temps perdu, Robert Laffont, 1987.
[1]Professeur de psychologie sociale, Laboratoire de psychologie sociale clinique, Université Paris VII.
[2] Les visiteurs du moi.
[3] id., p. 36, ed. revue 1986.
[4] id., p. 37.
[5] cf. au moins la biographie de Rimbaud par Pierre Petitfils.
[6] Les illuminations, “Mémoire”.
[7] Les illuminations, “Vagabonds”.
[8] Une saison en enfer, “Délires II”.
[9] “Vagabonds”.
[10] Une saison en enfer.
[11]Une saison en enfer, “Mauvais sang”.
[12] Les Illuminations, “Démocratie”.
[13] op. cit., p. 35.
[14] Les Illuminations, “Conte”.
[15] Les Illuminations, “Adieu”.
[16] Les Illuminations, “Honte”.
[17] “Adieu”.
[18] Une saison en enfer, “Délire II”.
[19] Une saison en enfer, “Époux infernal”.
[20] Du côté de chez Swann, p.57, Éditions Laffont.
[21] id.
[22] Le temps retrouvé, 2° partie, p.13, Gallimard, 1927
[23] id., p. 15.
[24] Lettre XXXI de la Correspondance avec sa mère.
[25] À l'ombre des jeunes filles en fleurs.
[26] Lettre LX.
[27] Lettre XCVIII.
[28] id.
[29] Lettre C.
[30] Lettre CVII.
[31] Lettre XVII.
[32] Correspondance générale, I, p. 290.