Fonction scopique, imaginaire et scène institutionnelle

L’INSTITUTION SOIGNANTE

Psychologie Clinique 12

janvier 2002

Fonction scopique, imaginaire et scène institutionnelle

Par Claude Wacjman[1]

Résumé : L’auteur s’interroge sur la fonction scopique qui, à la fois, est nécessaire aux praticiens qui observent des enfants dans le cadre de leur travail et qui, du fait de l’absence de parole de ceux-ci, en sont réduits à cette technique, ouvrant sur l’imaginaire, que l’on oppose à la noble nécessité de la seule écoute. L’importance de la scène institutionnelle comme productrice et contenante du soin psychique est ici soulignée.

Mots clés : Scopique ; imaginaire ; institution ; écoute ; transmission ; commentaire.

Le sensualisme du dix-huitième siècle demeure prégnant dans l’élaboration de méthodes pédagogiques à la destination d’enfants inadaptés, lorsque ce n’est pas la réflexion mécaniciste qui prévaut. Il faut rappeler que si Condillac a privilégié le sens de l’odorat dans l’ordre d’apparition des sens de sa statue humaine, Édouard Séguin[2] s’était opposé à son idée en privilégiant le toucher, puis le sens de l’observation (la fonction visuelle) dans sa méthode médico-pédagogique. Elle se base sur une clinique de la construction mécanique des idées – qui sera plus tard celle du manque de pensée et de la déficience mentale – dans laquelle ce qui est relatif au pulsionnel est autant pris en compte que censuré, en fonction des phénomènes transférentiels vécus lors des situations pédagogiques. Il ne faut pas opposer le sens olfactif, pas plus que celui du toucher, à un autre sens, terme à terme. Une part de l’œuvre de Freud est attachée à la fonction scopique. Il n’est plus alors besoin d’opposer le toucher à la vue, puisque cela permet d’introduire une métaphore qui condense l’opposition, « toucher des yeux » ! Le risque de procéder à une réflexion telle que celle-ci, c’est de penser qu’en psychologie clinique la fonction diagnostique s’élabore depuis les sens, particulièrement la vue. Est-ce à dire que ce qui se voit n’a plus besoin de s’entendre ou bien que la vue soit réifiante lorsqu’elle est opposée à l’écoute ? Cela ne peut être résolu aussi simplement, et Maud Mannoni notait déjà cette difficulté lorsqu’elle écrivait que « le diagnostic […] se donne au prix d’exclure et la parole du sujet et le contexte dynamique et historique dans lequel une souffrance s’exprime, fût-ce dans un langage sans parole »[3]. Ce langage pourrait être celui du corps, de l’évolution, du placement, de l’acte, toutes situations données à voir.

Avant d’aller plus loin dans cette réflexion, je souhaite revenir sur la fonction scopique, telle que Freud nous la donne à lire. Et puisqu’il s’agit de lecture, qu’il me soit permis de poursuivre mon raisonnement à l’aide de ce que la lecture donne à voir, à représenter, de l’imaginaire où la réflexivité du sens, voir, être vu ou se donner à voir, installe la symptomatologie au premier plan de la scène institutionnelle. C’est ce que l’on peut retenir de la proposition d’Octave Mannoni : « Tant que la scène se donne pour un autre lieu que celui qu’elle est réellement, que l’acteur se donne pour un autre, il se créera une perspective de l’imaginaire »[4]. Lorsque Freud rappelle que Charcot se considérait comme « un visuel, un voyant »[5], il donne toute son importance à la fonction scopique. C'est surtout dans L'interprétation des rêves – où il compare l'appareil psychique à un télescope pour expliquer comment la figurabilité du rêve est analogiquement une pensée transformée en images visuelles – que tout ce qui concerne le visuel et la vision va trouver sa place dans l'ordre des instances psychiques. C'est à partir de l'aspect sensoriel que la représentation de la chose rêvée peut être amenée à un stade perceptif ouvrant sur le désir[6].

La lecture, et le silence que l'écriture des mots provoque chez le lecteur qui se tait, me fait assimiler le texte au récit et la lecture à l'écoute. Au plan du texte Roland Barthes situe la représentation comme concourant avec l'idéologie et le sujet à produire un clair-obscur, effet de la lumière dans la vision[7]. « Comment lire la critique ? Un seul moyen : puisque je suis ici un lecteur au second degré, il me faut déplacer ma position : ce plaisir critique, au lieu d'accepter d'en être le confident – moyen sûr pour le manquer –, je puis m'en faire le voyeur : j'observe clandestinement le plaisir de l'autre, j'entre dans la perversion ; le commentaire devient alors à mes yeux un texte, une fiction, une enveloppe fissurée »[8]. La position du lecteur face au texte met en jeu par les fantasmes et les représentations, le rapport d'altérité qui s'établit entre le texte, comme trace matérielle, et le lecteur. Michel de Certeau est de ceux qui font l'analogie entre écriture et parole. Il peut ainsi affirmer que « tout récit qui raconte “ce-qui-se-passe” (ou ce qui s'est passé) institue du réel, dans la mesure où il se donne pour la représentation d'une réalité (passée). Il tire son autorité de se faire passer pour le témoin de ce qui est, ou de ce qui a été »[9]. C'est ce réel qui, institué par l'activité psychique, change la place du lecteur parce que le plaisir de la lecture n'est pas que vision. C'est ce qui permet l'interprétation des textes avec les mêmes outils que ceux qui sont proposés par Freud pour interpréter les rêves, production littéraire et production onirique étant toutes deux productions psychiques ouvrant à la pensée et à sa transmission. La lecture critique est une démarche qui peut s'apparenter à l'écoute, telle que la pratique de la psychanalyse l'enseigne. C’est une position intellectuelle qui donne un autre sens à ce qui est signifié.

Dans sa Naissance de la clinique, Michel Foucault insiste sur la fonction du regard clinique. Il y explique comment « l'hôpital devient rentable pour l'initiative privée à partir du moment où la souffrance qui vient y chercher apaisement est retournée en spectacle. Aider finit par payer, grâce aux vertus du regard clinique »[10]. Pour que ce regard puisse être porté et produire une parole et du sens, il faut qu’il prenne appui sur la pensée clinique. Au XVIII° siècle, celle-ci « ne fait que transposer, dans le vocabulaire plus laconique et souvent plus confus de la pratique, une configuration conceptuelle, dont Condillac dispose, en toute latitude, la forme discursive. Le symptôme, dans l'équilibre général de la pensée clinique, joue à peu près le rôle du langage d'action »[11]. Le regard de Foucault est expansif et multisensoriel. Au spectacle de la souffrance il oppose l'observation, dont l'accumulation des descriptions permettra la fondation de la clinique. « Un regard qui écoute, et un regard qui parle : l'expérience clinique représente un moment d'équilibre entre la parole et le spectacle », écrit Foucault. « La descriptibilité totale est un horizon présent et reculé ; c'est le rêve d'une pensée, beaucoup plus qu'une structure conceptuelle de base. Il y a à cela une raison historique : c'est que la logique de Condillac qui servait de modèle épistémologique à la clinique ne permettait pas une science ou le visible et le dicible fussent pris dans une totale adéquation »[12].

Pour la maladie mentale la mise à distance de l'irrationnel protège le public, ou le lecteur, dans un espace similaire à celui qui se crée pour protéger la représentation de la mise en scène instituée par la religion ou la politique, par exemple. Dans le cas Rousseau[13], la protection recherchée nécessite que le fou soit montré, que sa pensée soit expliquée, démontrée autant de fois que nécessaire, afin que l'homme se magnifie et que sa folie s'oublie. Ce sont ces personnages, les génies qui confinent à la folie, qui deviennent alors des personnages historiques. Eugène Enriquez précise que ces « créateurs d'histoire seraient des êtres “exotiques” c'est-à-dire au sens précis du mot : étranger, je dirai même étrange étranger »[14], donc aliénés, au sens étymologique. Voir ce qui ne se voit pas, entendre ce qui n'est pas dit, équivaut alors à lire ce qui n'est pas écrit, à différencier les éléments latents du discours de leurs éléments manifestes. Dans les institutions de santé mentale, comme dans celles d’éducation spécialisée, la clinique s’établit sur ces deux modes copiques, alimentant l’imaginaire qui se construit à propos des personnes dont on lit le dossier, ou dont on observe le comportement, alors que bien souvent on se réclame d’une clinique établie sur l’écoute, en référence à la théorie et à la pratique psychanalytiques.

La clinique des éducateurs spécialisés, et celle des psychologues exerçant des fonctions institutionnelles auprès d’eux, pose la question de l’observation par le regard porté sur autrui, faute de parole à entendre, qui oblige à dire, à commenter l’agir de l’enfant qui ne parle pas. « Je suis […] conduit à faire du personnage une image qui parle, et qui parle même une image de parole. […] Les personnages ne parlent pas pour ne rien dire, ils ne gazouillent pas. Les sons qu’ils prononcent ont un sens, et il faudrait voir comment articuler ce sens avec l’image », écrit O. Mannoni[15]. Une ambiguïté s’instaure lorsqu’il s’agit de déterminer les conceptions cliniques à mettre en œuvre dans les établissements où il s’agit de construire une thérapeutique institutionnelle. C’est avec les outils conceptuels de la psychologie clinique, référés à la théorie psychanalytique, que l’on filtre les modalités de compréhension du discours des patients. Il s’agit principalement des techniques de l’écoute de récits établis par ceux-ci. L’ambiguïté vient essentiellement du fait que l’on rabat ces techniques de l’écoute du discours sur ce qui apparaît des comportements agis, bien plus fréquents chez les enfants et les adolescents – mode privilégié chez eux – que chez les adultes. La question est donc de savoir si on peut rabattre, sans réduire, l’agir sur la parole, et convenir que se comporter est équivalent à parler. Peut-on poser implicitement que la présence dans l’institution de soins ouvre au patient l’appropriation de son espace, au moment même où il la parcourt, et que le parcours ainsi exprimé soit signifiant en lui-même, fasse retour d’événements à comprendre dans l’agissement de son récit, ou qu’il ne soit que symptomatique ? L’hortodoxie voudrait que l’on réponde par la négative, quoique deux éléments plaident en faveur d’une réponse positive : l’acte manqué est pris en compte à travers le récit de ce qui est arrivé, la répétition du récit des scènes également, jusqu’à privilégier la scène elle-même durant la cure-type. On voit bien, alors, que la scène se déplace, ou qu’elle se module suivant la fantasmatique partagée par le patient et l’analyste, aussi bien dans le récit du patient à l’analyste, que dans celui de l’analyste au lecteur de son article sur le patient. Cette « suspension de la réalité – comme au théâtre – est dans bien des cas une condition nécessaire à la formation de la fantaisie »[16].

Voilà démontrée cette « perspective de l’imaginaire », ici partagée, car on ne peut oublier que le cadre de l’institution contient le germe et les limites des situations transférentielles – que je distingue du transfert dans la cure – qui trouvent à se mettre en scène par la résonance de l’histoire apportée par le sujet, dans l’ordre ou lui-même l’expose – ce qui est réellement son anamnèse et non pas l’histoire du cas reconstituée par autrui – et des réactions que ce récit provoque chez les soignants en fonction de leur propre imaginaire. La circulation de la parole à ce propos, dans les différentes instances et les divers lieux institutionnels, montre qu’il y a là une valeur des effets du discours du patient – on pourrait dire une valence qui signifie que le discours vaut quelque chose rapporté au trésor des signifiants – qui s’exprime dans les limites du cadre thérapeutique. On remarque bien souvent que cette valence est insupportable, déstabilisant les soignants, parce que située en parité avec le désir de l’autre. Cela peut provoquer chez les soignants des attitudes transférentielles négatives qui vont s’exprimer par la violence d’interprétations aussi sauvages que pensées comme anodines, en lieu et place du commentaire, pour signifier inéluctablement la clôture de la relation et son obturation par la vivacité du désir de mort. L’irruption de l’imaginaire chez le soignant va détruire l’imaginaire du patient, le normaliser, l’attrister, le numéroter, le réduire à n’être que le signe de la folie, niant toute valeur thérapeutique à la singularité de l’expression psychodynamique. Aussi, pour que les modalités de traitement puissent continuer à exister sans être détruites ou vidées de sens, on devra restreindre le cadre thérapeutique en le contenant dans des espaces repérables et des règles précises qui permettront l’écoute du discours – ou du moins son expression – dans la dimension institutionnelle. Décider que le comportement ou l’agir de patients n’accédant pas au langage, ou ne pouvant l’employer en de telles circonstances d’observation, reste une question importante. Il est difficile de la traiter de façon univoque, pour au moins deux raisons :

- elle s’inscrit dans les problématiques transférentielles soignant-soigné.

- elle intervient comme modalité de défense contre la folie, pour la masquer, aussi bien en la camouflant dans le déni qu’en l’érigeant en symptôme.

Reste à se centrer, non pas sur ce qui est vu, mais bien sur ce que l’on dit que l’on a vu.

Le lieu où évolue le sujet en activité est dorénavant borné par des règles immuablement répétées, psalmodiées par tous, car réputées structurantes de et sur la scène institutionnelle. Au théâtre aussi – dont les enjeux et les mécanismes sont ici examinés – cette question se pose structurellement. O. Mannoni remarque à ce propos que « ce qui s’oppose au versant imaginaire, c’est celui des conventions théâtrales. Mais nous allons vite remarquer que cette distinction est ambiguë »[17]. J’ai traité par ailleurs des aspects de cette question[18] où la métaphore de la scène théâtrale se joue elle-même sur la scène institutionnelle, à la fois comme espace contenant (la scène) et comme lieu de l’imaginaire construit par la technique de soin apportée (jeu dramatique, psychodrame, ou voix portée à la cantonade, soliloque, parole proférée à la troisième personne, adresse à l’Autre…). La résonnance des propos au sujet de ces séances est portée par les acteurs auprès de tous, à condition que les enfants, et tout particulièrement les adolescents, se voient offrir des lieux différenciés pour telle ou telle activité. Ainsi des adolescents se situeront d’une façon psychiquement engagée dans une activité de théâtre et, quelque soient leurs difficultés, s’y limiteront et apprécieront cette possibilité constructive d’extériorité aux soins, alors que de raccroc pour les séduire, une activité thérapeutique désinvestie et rebaptisée à ce moment là expression théâtrale ne pourra que provoquer violence et agressivité, érigeant des capacités transférentielles négatives. Cette activité est riche, rappelons nous ce qu’Octave Mannoni lui imputait : « Le théâtre […] jouerait un rôle proprement symbolique. Il serait tout entier comme la grande négation, le symbole de la négation qui rend possible le retour du refoulé sous sa forme niée »[19]. On comprend bien que le jeu dramatique – signifié dans l’activité générale par des propos à la cantonade, comme on dit au théâtre ; délimité par le temps d’un échange joué, ou enjoué, pour ponctuer une situation, un acte, une rencontre ; circonscrit dans l’espace thérapeutique de la prescription qui prend en compte l’histoire et la dynamique du sujet – prenne une valeur d’échange importante et constitue le sujet par sa propre institution. L’ambiguïté soulignée auparavant par O. Mannoni, à propos des conventions, dont je viens de décrire certaines, et des enjeux transférentiels qui en résultent, fait que « l’imaginaire apparaît finalement comme l’ombre portée du symbolique (mais une ombre portée dont seuls les psychosés peuvent se dispenser… ) »[20]. On ne peut certes pas compter sur la seule théâtralisation pour apporter cette dimension du symbolique nécessaire à la guérison. Son évocation comme « ombre portée » la situe dans la problématique de la représentation.

Quant aux effets thérapeutiques directs générés par une telle conception de l’institution comme soignante et comme scène de l’imaginaire, ils sont puissants – dans ce même numéro lire à ce sujet la vignette clinique consacrée au garçon qui a décidé de grandir – et organisateurs de la fonction du moi, toujours selon O. Mannoni qui décrit bien que « le lieu de l’imaginaire, c’est le Moi, non pas celui des débuts de la théorie freudienne, qui était chargé de l’adaptation à la réalité. C’est au contraire le Moi du narcissisme, le lieu des reflets et des identifications »[21].

Comment situer le cadre et l’action thérapeutique sur la scène institutionnelle, pour introduire la dimension symbolique et ne pas simplement rabattre sur elle l’imaginaire des soignants – l’imaginaire institutionnel ? – en lieu et place des fantaisies exprimées par les patients ? Seule une réflexion sur la pensée au travail et sur les contenants de cette pensée dans le travail permettra de distinguer le plaisir de l’imaginaire des individus de la réalité soignante à laquelle ils disent souhaiter que leur travail soit subordonné. Rappelons-nous que « pour Freud, le royaume de la fantaisie constituait une réserve organisée lors du passage douloureusement ressenti du principe de plaisir au principe de réalité, afin de permettre de substituer une satisfaction imaginaire aux satisfactions réelles qui n’ont pas pu être atteintes »[22].

[1] Psychologue, docteur en anthropologie, HDR.

[2] Édouard Séguin (1812-1880), a reçu d’Itard la méthode d’éducation du Sauvage de l’Aveyron, qui sera reprise à partir de 1880 à l’Hospice de Bicêtre par Désiré Magloire Bourneville.

[3] Maud Mannoni, La théorie comme fiction. Freud, Groddeck, Winnicott, Lacan, Le Seuil, 1979, p. 13.

[4] Octave Mannoni, “L’illusion comique ou le théâtre du point de vue de l”imaginaire”, in Clefs pour l’Imaginaire ou l’Autre Scène, Paris, Le Seuil, 1969, p. 161.

[5] Sigmund Freud, “Charcot” (1893), in Résultats, idées problèmes I, 1984, p. 62.

[6] S. Freud, L'interprétation des rêves (1900), 1967, pp. 296, 454, 456, 461, 481.

[7] Roland Barthes, Le plaisir du texte, 1973, p. 53.

[8] id., p. 31.

[9] Michel de Certeau, Histoire et psychanalyse entre science et fiction, 1987, p. 70.

[10] Michel Foucault, Naissance de la clinique. Une archéologie du regard médical (1963), 4° ed. 1978, p. 86.

[11] id., p. 92. Lorsque M. Foucault évoque Condillac, il se réfère à son Essai sur l'origine des connaissances humaines, et non pas au Traité des animaux ou au Traité des sensations. Devereux rappelle oportunément les prémices de cette démarche de pensée créatrice de la psychologie moderne : « Sitôt que Malebranche tenta de supprimer la conception anthropomorphique des animaux, en décrétant qu'ils n'étaient que des quasi-machines vivantes, incapables d'éprouver la sensation de la douleur, La Mettrie (1748) élabora la conception de l'homme-machine, qui identifiait de nouveau l'homme avec l'animal », in De l'angoisse à la méthode…, p. 215. Quant à Didier Anzieu, il montre comment les idéologues (dont Condorcet, Cabanis, Pinel) « avaient dans le sillage de Condillac […], délaissé la métaphysique pour les sciences de l'homme et opté pour une perspective résolument matérialiste (la formation des idées s'expliquant d'abord à partir de la sensation, elle-même d'origine physiologique, puis des mots, porteurs à la fois de pensée logique et des influences sociales. Ils furent les précurseurs de la biologie, de la psychologie, de la linguistique et de l'ethnologie modernes. Soucieux d'applications pratiques, ils œuvrèrent à la réforme de l'instruction publique puis à celle des asiles ». in “La psychanalyse au service de la psychologie”, p. 62.

[12] id., pp. 116-117.

[13] Claude Wacjman, Fous de Rousseau,

[14] Eugène Enriquez, “Individu, création et histoire”, Connexions, 1984, n° 4, p. 146. Le terme d'exotique est emprunté à Victor Segalen.

[15] O. Mannoni, id., p. 178.

[16] Minutes de la Société viennoise, 23/01/1907, cité par M. Mannoni, La théorie comme fiction, note infrapaginale, p. 14.

[17] id., p. 162.

[18] Claude Wacjman, Travailler avec des enfants malades mentaux, Paris, Dunod,

[19] O. Mannoni, id., p. 166.

[20] id., p. 169.

[21] id., p. 171.

[22] M. Mannoni, op. cit., note infrapaginale, p. 52.