Du tourment de la honte à la préoccupation narcissique

RUPTURES DES LIENS, CLINIQUES DES ALTÉRITÉS

Psychologie Clinique 16

décembre 2003

Du tourment de la honte à la préoccupation narcissique

Par Delphine Scotto Di Vettimo[1] et Benjamin Jacobi[2]

Résumé : Le traitement psychothérapeutique des enfants ou des adultes victimes de traumatismes sexuels fait apparaître un sentiment de honte caractéristique. La première hypothèse envisagée prend en compte les deux instances psychiques de la personnalité que sont l’Idéal du Moi et le Moi-Idéal, dont les éléments déterminants sont d’une part le rapport de l’Idéal du Moi avec l’expérience d’une atteinte sexuelle et de la blessure narcissique irréversible qu’elle provoque, d’autre part le Moi-Idéal en rapport avec la déchéance ressentie dans la honte consécutive au traumatisme sexuel, honte de n’être que la chose, l’objet, le déchet de l’agresseur. La deuxième hypothèse postule que dans le dispositif psychothérapeutique, l’expression et la reconnaissance de la honte par le sujet constituent un point d’appui essentiel dans l’affirmation et la reconstruction de l’identité. Notre réflexion insiste, à travers une évocation clinique, sur cette co-occurrence entre traumatisme sexuel et sentiment de honte.

Mots clés : Identité ; narcissisme ; psychothérapie ; sentiment de honte ; trauma sexuel.

Summary : The psychotherapeutic treatment of child and adult victims of sexual trauma reveals a characteristic feeling of shame. The first hypothesis envisaged considers the two psychological aspects of personality: Ideal Ego and Ego Ideal. The critical elements for these being: on one hand the reaction of the Ideal Ego to the experience of a sexual attack and the irreversible narcissistic damage that it causes and on the other hand the Ego Ideal in relation to the abandon felt through the process of shame following a sexual trauma, the shame of considering oneself as a mere object, something used and discarded by the aggressor. Here we discuss the second hypothesis that in psychotherapeutic treatment, the subject's expression and recognition of shame constitute an essential aid to affirming and reconstructing identity. Our reflection focuses, through a clinical analysis, on the double occurrence of sexual trauma and a feeling of shame.

Keywords : Feeling of shame ; identity ; narcissism ; psychotherapy ; sexual trauma.

Difficile d’aborder, et a fortiori d’approfondir, un sujet qui, par définition, suscite un malaise. Avoir honte, Avoir la honte, être honteux ou encore faire honte, ces formulations, bien que classiques, n’appartiennent pas au vocabulaire spécifique de la psychopathologie ou de la psychanalyse. La tentative d’articulation de la honte au narcissisme va constituer le point de départ et d’appui de notre réflexion. Notre intérêt pour les modalités cliniques et théoriques de la honte dans ses aspects pathologiques et son traitement psychothérapique nous ont orientés vers l’exploration de son économie dans ses liens profonds avec le narcissisme, l’Idéal du Moi et le Moi-Idéal. Le traitement psychothérapeutique des enfants ou des adultes victimes de traumatismes sexuels fait apparaître un sentiment de honte caractéristique. Pourquoi le traumatisme sexuel produit-il de la honte ? Quelles insuffisances et quelles limites cette situation révèle, réactive, soulève ? La première hypothèse envisagée prend en compte les deux instances psychiques de la personnalité que sont l’Idéal du Moi et le Moi-Idéal, dont les éléments déterminants sont d’une part le rapport de l’Idéal du Moi avec l’expérience d’une atteinte sexuelle et de la blessure narcissique irréversible qu’elle provoque, d’autre part le Moi-Idéal en rapport avec la déchéance ressentie dans la honte consécutive au traumatisme sexuel, honte de n’être que la chose, l’objet, le déchet de l’agresseur. La deuxième hypothèse postule que dans le dispositif psychothérapeutique, l’expression et la reconnaissance de la honte par le sujet, loin d’être des épiphénomènes, constituent un point d’appui essentiel dans l’affirmation et la reconstruction de l’identité. En effet, si pour le sujet l’expression de la honte est porteuse d’une acception précise, elle est pour le clinicien d’abord indice et messagère d’une signification particulière donnée à la parole. Il est vrai que l’usage de ce terme ne renvoie pas à un diagnostic, à une nosographie. Mais il mérite de s’expliquer sur le saut qui consiste à affirmer la présence de honte pour un sujet à partir de l’occurrence de ce terme dans son discours. Enfin, il y a lieu de situer la honte dans le transfert, dans l’adresse à un interlocuteur, ce que nous aurons l’occasion de développer à partir d’une étude de cas qui évoque l’homosexualité.

Étymologiquement, honte vient du francique haunita, même radical que honnir (1080) qui signifie mépriser et revêt une pluralité d’acceptions :

1. Indignité qui inflige un déshonneur humiliant

2. (1273). Sentiment pénible de sa bassesse, de son déshonneur, de sa confusion, de son abaissement devant les autres, ou simplement de son ridicule

3. (1611). Sentiment de gêne, de malaise, provoqué par la timidité, la modestie, le manque d’assurance, la crainte

4. Avoir du remords, être dégoûté de, être gêné de

La honte, qui empourpre le visage, est d’abord un sentiment social. Elle apparaît le plus souvent en réaction au regard d’autrui et vient marquer l’échec de la confirmation narcissique. Cette primauté du regard dans l’expérience de honte, trouverait son hypothèse interprétative dans le fait que la honte prendrait sa source dans le regard de l’Autre, regard qui révélerait au sujet ses propres limites, son incomplétude, autrement dit dévoilerait le décalage insoutenable entre l’image narcissique de soi faite de perfection et une image reconnue dans le regard de l’Autre, d’insuffisance et d’imperfection. Nous nous situons là dans la perspective lacanienne classique qui postule, au sujet de l’Autre, que « c’est de lui que le sujet se constitue, par quoi c’est de l’Autre que le sujet reçoit même le message qu’il émet[3] ». La décharge fulgurante de honte telle qu’elle a été décrite chez Sartre dans une perspective phénoménologique, témoigne fort justement de cette expérience émotionnelle où une part du plus intime de soi se trouve brutalement exposé, véritable mise à nu du sujet qui le confine dans un chaos narcissique. Dans l’expérience de honte, l’effet de transparence ressenti en est la traduction la plus explicite, qui ne saurait mieux s’exprimer que dans l’expression langagière, assez coutumière, de mise à nu. Ce ravalement à une fonction d’objet engendre un grand désarroi chez le sujet, car il est alors en proie à une incertitude narcissique angoissante. En ce sens, la honte constitue une expérience subjective singulière, celle d’un sujet brusquement dévoilé dans son intimité de pensée, par la présence d’un regard auquel il est impossible de se dérober. En tant qu’affect, la honte est d’emblée sociale, étroitement liée au regard de l’autre, tout autant qu’expression de la manifestation d’une revendication singulière.

Il faut s’arrêter un instant sur la notion d’affect dans l’œuvre freudienne, l’auteur proposant une première classification des névroses selon la manière dont un sujet se comporte au regard des affects. Dans son article sur "L’Inconscient" (1915), il définit l’affect de cette façon : « les affects et sentiments correspondent à des processus de décharge dont les manifestations finales sont perçues comme sensations[4] ». Plus précisément, l’affect est défini comme la traduction subjective de la quantité d’énergie pulsionnelle et de ses multiples variations. Enfin, le concept d’identification est défini comme une opération par laquelle le sujet humain se constitue. L’identification aspire à « rendre le moi propre semblable à l’autre pris comme modèle[5] ». Ce concept d’identification se trouvera enrichi par différents apports, dont celui de narcissisme, que Freud introduit dans le texte "Pour introduire le narcissisme" (1914) en envisageant tout particulièrement les investissements libidinaux. Le souci majeur de Freud est de mettre en évidence le narcissisme comme une forme d’investissement pulsionnel nécessaire à la vie subjective, comme une donnée structurale du sujet. Il représente « une sorte d’état subjectif, relativement fragile et facilement menacé dans son équilibre[6] ». Ce bref rappel du rôle du narcissisme dans la psychogenèse de l’enfant montre que chaque être investit son moi grâce aux investissements dont il a pu être l’objet dans les premières années de sa vie. Lacan a mis en rapport ce moment inaugural de la formation du moi avec l’expérience narcissique fondamentale qu’il désigne sous le nom de stade du miroir, qui marque une étape génétique et ontologique fondamentale, dans la mesure où va s’y constituer la première ébauche du moi. Face au miroir, l’enfant va anticiper, dans un leurre spéculaire et imaginaire, l’appréhension et la maîtrise de son unité corporelle. « Il y suffit de comprendre le stade du miroir comme une identification au sens plein que l’analyse donne à ce terme : à savoir la transformation produite chez le sujet, quand il assume une image »[7]. Cette expérience narcissique fondamentale constitue la matrice symbolique de ce qui sera le moi. Elle est au fondement de l’expérience imaginaire du moi, constitué d’emblée comme je-idéal et « souche des identifications secondaires »[8]. En ce sens, la relation intersubjective, qui est marquée des effets du stade du miroir, est d’abord une relation imaginaire et duelle, où le moi est constitué comme un autre et autrui comme alter ego.

Le registre imaginaire[9] représente, avec le réel et le symbolique, l’un des trois registres fondamentaux du champ psychanalytique lacanien. Dans une dimension intrasubjective, l’imaginaire concerne le rapport fondamentalement narcissique du sujet à lui-même, rapport où « l’individu humain se fixe à une image qui l’aliène à lui-même, c’est là l’énergie et c’est là la forme d’où prend origine cette organisation passionnelle qu’il appellera son moi »[10]. Pour Lacan, toute relation imaginaire est vouée à ce leurre : « Je est un autre »[11] écrit-il reprenant le poème de Rimbaud. L’édification de l’idéal du moi ou du moi-idéal en tant qu’instance imaginaire représente l’instance de la personnalité qui, dans une dimension symbolique, a la charge de réguler la structure imaginaire du moi et la panoplie des identifications qui s’y déploient, ainsi que l’ensemble des conflits qui animent et régissent, dans une dynamique intersubjective, les rapports du sujet à ses semblables. Le registre du réel[12] ne peut être défini que par rapport au symbolique et à l’imaginaire. Il se caractérise d’un défaut fondamental : il est inconnaissable et non symbolisable. La honte participe de ce registre, elle se spécifie de sa rencontre avec le réel. C’est là qu’elle s’éprouve, dans son lien à l’originaire et dans le rapport scopique à l’autre semblable : le réel saisi dans le regard d’autrui. Le sujet honteux tombe, comme déchet, sous le regard de l’autre, il se fait alors – au sens lacanien – objet a, objet cause du désir qui répond à cette place de la vérité, ici dans la honte qui est l’épreuve de son dévoilement, en tant que le sujet le présentifie au regard de l’autre. La honte, c’est du pur réel, c’est-à-dire qu’elle surgit de cette réalité qui n’est pas ordonnée par le symbolique. Dans l’expérience de honte, la mise à nu du sujet sous le regard d’autrui invoque ce réel, par où « il revient dans la réalité à une place où le sujet ne le rencontre pas, sinon sous la forme d’une rencontre qui réveille le sujet de son état ordinaire »[13]. Les manifestations physiques, corporelles et physiologiques de la honte témoignent de cette effraction qui fait la chute du sujet dans un réel non symbolisable, signant du même coup l’échec de toute symbolisation. Le registre symbolique[14] marque l’affranchissement, chez l’enfant, de la capture imaginaire dans laquelle il se trouvait, depuis l’origine, inscrit. Au temps pré-spéculaire où l’enfant se vit comme morcelé, succède le stade où la constitution du moi s’unifie dans la dépendance d’une identification aliénante à l’image spéculaire et en fait le siège de la méconnaissance. Mais pour que le petit homme puisse s’approprier et intérioriser cette image, l’Autre (incarné par la mère) doit le reconnaître et le confirmer dans son existence de sujet. Ce signe de reconnaissance va fonctionner comme trait unaire[15], c’est-à-dire comme signifiant à partir duquel va pouvoir se constituer l’identification symbolique et l’ébauche de l’idéal du moi. À l’appui de ces considérations et dans une perspective psychanalytique, nous dirons que la honte comme éprouvé narcissique est en lien avec l’Idéal du Moi et le Moi-Idéal. Le travail psychothérapeutique auprès de sujets souffrant de honte montrent « l’état singulier de déficit narcissique »[16]. Dans ce sens, la clinique de la honte concerne directement le narcissisme et plus précisément la honte pourrait relever d’un fonctionnement sur le mode narcissique. C’est à partir d’une évocation clinique que va être mis à l’épreuve ce corpus d’hypothèses. Mais au préalable nous proposons de resituer d’abord l’apparition de la honte dans la théorie freudienne.

Métapsychologie de la honte dans l’œuvre freudienne

En un sens large, le mot allemand Scham désigne dans l’usage freudien, aussi bien la honte comme formation réactionnelle dans la névrose obsessionnelle, comme « digue psychique » avec le dégoût et l’exigence d’idéal esthétique et moral, et dont la mission est de faire rempart à l’envahissement pulsionnel, notamment des pulsions sexuelles de voyeurisme et d’exhibitionnisme au début de la période de latence. Enfin, dans le cadre de la seconde théorie de l’appareil psychique, le dégagement de la notion de sentiment de culpabilité devait conduire Freud à opérer une distinction théorique avec le sentiment de honte et à spécifier le rapport dialectique entre ces deux notions. L’histoire de la pensée freudienne est complexe et l’étude des textes ne permet pas de localiser une acception du concept de honte précise et déterminée, dans la mesure où le terme allemand est tantôt traduit par honte et tantôt par pudeur, deux équivalents sémantiques qui ne permettent pas de conclure à un usage absolument univoque. Dès ses premiers écrits, Freud assimile la honte à l’action des forces refoulantes – répressives – qui ont pour visée de lutter contre le surgissement des pulsions. Dans plusieurs textes, l’auteur cite simultanément « le dégoût, la honte, la moralité »[17]. Ce qui était initialement objet de plaisir – plaisir directement lié à la dimension sexuelle sous-jacente – devient, sous l’effet du refoulement et des formations réactionnelles, objet de pudeur, de dégoût ou de honte. Dans son article intitulé "Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense" (1896), Freud écrit : « Alors un reproche s’attache au souvenir de ces actions génératrices de plaisir ; la relation avec l’expérience initiale de passivité permet – souvent, seulement après des efforts conscients dont le sujet se souvient – de refouler ce reproche et de le remplacer par un symptôme primaire de défense. Scrupulosité, honte, méfiance de soi-même, sont les symptômes qui ouvrent la […] période de santé apparente mais en fait de défense réussie »[18].

Mais c’est surtout avec la seconde topique que s’élabore le positionnement métapsychologique de la genèse du sentiment de honte. Dans "Psychologie des foules et analyse du moi" (1921), Freud reconnaît au Surmoi (Über-Ich) les fonctions suivantes : « l’auto-observation, la conscience morale, la censure onirique et l’exercice de l’influence essentielle lors du refoulement »[19]. C’est le Surmoi qui donne le sentiment d’être surveillé et épié par une partie de soi-même, contribuant ainsi au caractère paranoïde du Moi. D’un point de vue métapsychologique, la honte est subordonnée à l’Idéal du Moi (Idéal-Ich) dans la mesure où elle est le reflet du conflit intra-psychique entre le Surmoi et le Moi, conflit entre les instances psychiques qui est déterminant pour le sujet. Dans "Le Moi et le Ça" (1923), il nous propose la formule suivante : « Tandis que le moi est essentiellement représentant du monde extérieur, de la réalité, le sur-moi se pose en face de lui comme mandataire du monde intérieur, du ça »[20]. C’est ainsi que l’éclosion des conflits entre l’instance moïque et l’Idéal du Moi va inaugurer l’opposition entre monde extérieur et monde intérieur, entre réel et psychique dans un conflit inter-instances où les exigences du Surmoi despotique vont tyranniser le Moi, surévalué négativement par rapport à l’Idéal du Moi coercitif. Dans le vécu de honte se produirait ainsi une coalescence entre monde intérieur et monde extérieur : le Moi se trouve pris dans un double mouvement identificatoire entre d’une part le Surmoi qui juge et auquel il se réduit et d’autre part l’identification imaginaire de sujet honteux imputée au regard d’autrui. Une dialectique conflictuelle dynamique s’instaure entre le Surmoi et l’Idéal du Moi (comme figure surmoïque) qui s’effondre, pris dans les rets de cette instance « cruelle » qui le critique et par ailleurs point de mire du regard d’autrui, témoin de la fragmentation et du ratage de sa confirmation narcissique. Dans le même texte, Freud introduit la notion de Moi-Idéal (Ich-Idéal) mais il faut souligner que parfois, avec l’Idéal du Moi et le Surmoi, ces trois termes sont utilisés de manière synonymique dans l’œuvre freudienne, ne permettant que difficilement leur délimitation sémantique et même métapsychologique. En effet, l’auteur admet l’existence d’une différenciation, au sein du Moi, d’une instance qu’il nomme indifféremment Idéal du Moi ou Surmoi, issu du système perception-conscience, comme ses propos en témoignent : « l’idéal du moi ou sur-moi [est] la représentance de notre relation aux parents »[21]. Le Surmoi est au centre de la question morale. Il a un rôle de juge et de censeur à l’égard du Moi. Il inhibe les actions du sujet, induit le remords, les scrupules et le repentir. Il est « la voix de la conscience », « la grosse voix » impérative qui réclame obéissance et soumission. Le Moi-Idéal, lui, caractérise le moi réel, objet convoité des premières gratifications et satisfactions narcissiques. Et ce n’est pas dénué de nostalgie que le sujet aspire à retrouver ce Moi-Idéal conçu comme un idéal de complétude narcissique, édifié sur le modèle du narcissisme infantile : « Nous sommes au centre de tout désir de restaurer une toute-puissance à laquelle nous pensons et croyons avoir renoncé »[22]. Tout ceci s’inscrit dans un rapprochement théorique que Freud opère entre ces deux instances du Moi-Idéal et de l’Idéal du Moi, leur attribuant conjointement les mêmes fonctions d’interdiction, de censure et d’idéalisation.

Pour Lacan, le moi idéal s’élabore à partir de l’image du corps propre dans le miroir, image qui constitue le support de l’identification primaire de l’enfant à l’autre semblable : « C’est cette image qui se fixe, moi idéal, du point où le sujet s’arrête comme idéal du moi. Le moi est dès lors fonction de maîtrise, jeu de prestance, rivalité constituée »[23]. Ainsi, le sujet assume une certaine image de lui-même, enrichie des processus d’identification en perpétuelle mouvance, mais en aucun cas il ne peut se réduire à un champ exclusivement spéculaire de ce qu’il en est de son identification au miroir, car c’est toujours par la médiation de l’Autre, par le regard porté sur lui, que le sujet se perçoit et s’appréhende. Au sens freudien, la culpabilité concerne le Surmoi, alors que la honte, en tant qu’éprouvé narcissique, est directement liée à l’Idéal du Moi. Elle implique une mise en défaut de soi, devant témoin. Dans le vécu de honte, l’Idéal du Moi défaille en regard des énoncés impératifs surmoïques et en regard de l’Autre aussi, témoin de ces turpitudes et de sa déchéance. En ce sens, l’inscription de la honte dans le circuit pulsionnel du regard s’accompagne de cette épreuve intersubjective du rapport du sujet à l’Autre, altérité radicale qui ne se résorbe pas, Autre qui n’est pas un semblable. Dans une perspective classique, la métapsychologie de la honte dans l’œuvre freudienne rend compte de la différence du Surmoi comme instance critique et punitive à l’égard du Moi, et introduit la honte comme relation entre les différentes instances de la personnalité (Moi - Surmoi - Idéal du Moi) au sein de l’appareil psychique. En ce sens, le modèle prototypique freudien rend compte de la honte dans son rapport exclusif au refoulement du sexuel, selon l’hypothèse phylogénétique, le mythe de la Genèse inaugurant la naissance du sentiment de honte, qui passe par le regard sur « les parties honteuses »[24] et l’introduction de la différence des sexes. La démarche de cette réflexion clinique et d’élucidation théorique ouvre par ailleurs la voie à une articulation de la honte au Moi-Idéal, référence à une complétude imaginaire qui constitue l’objet même de l’intérêt et de l’amour narcissique, en référence à une représentation de soi et de l’épreuve que représente le fait de se reconnaître imparfait, limité, manquant, c’est-à-dire soumis à l’épreuve de la castration. Le surgissement de la honte ne porterait donc pas seulement sur le sentiment de valeur et d’estime de soi mais aussi et surtout sur le sentiment d’identité, dont la honte en révèlerait les fissures et les ruptures. Dans cette perspective, la honte concerne directement le Moi-Idéal et manifeste la mise en échec, le ratage d’un idéal de toute-puissance narcissique. L’identification grandiose par laquelle le sujet essaie de reconquérir l’omnipotence infantile passée est brutalement mise à jour dans son achoppement même, ce que la honte révèle. Tout ceci vient en quelque sorte provoquer une réflexion quant à la conceptualisation de la honte dans le cadre de la seconde topique de l’appareil psychique et plus largement dans le champ de la psychopathologie freudienne. La difficulté de conceptualisation d’une métapsychologie de la honte – hypothèse théorique fondamentale – réside dans la prise en compte incontournable de cet objet qui est le regard de l’autre puisque la honte est d’emblée un sentiment social. Comme l’écrit C. Barazer, « en ce sens la honte pour être pensée nécessiterait une sorte de topique limite, à la limite de l’intra et de l’intersubjectif. Peut-être est-ce là une des difficultés à la penser méta-psychologiquement »[25]. Il conviendra de revenir sur cette conceptualisation.

Nous allons à présent présenter quelques séquences de la thérapie de Madame B., qui permettront d’une part de revenir sur les hypothèses de travail indiquées au début de cet article et d’autre part montrer comment la prise en compte de l’éprouvé de la honte dans une écoute post-traumatique a des effets positifs sur la dynamique psychique du sujet.

Évocation clinique[26]

Madame B. est une jeune femme de 27 ans, sans activité professionnelle au moment de la prise en charge. Titulaire d’une maîtrise d’ethnologie, elle a interrompu ses études suite à la survenue d’un état dépressif assez sévère. Elle est mariée depuis plusieurs années à un militaire de carrière. Ils n’ont pas d’enfants. Elle est la cadette d’une fratrie de deux enfants. Son frère âgé de 37 ans à deux reprises a tenté de mettre fin à ses jours. Il commet sa première tentative de suicide médicamenteuse alors que Mme B. avait 13 ans et la deuxième, par arme à feu, sept ans plus tard. Il s’en sort miraculeusement sans séquelles majeures. De l’histoire de cette jeune femme, on note une prise de poids de 20 kilos depuis son mariage, ainsi que deux fausses couches à deux années d’intervalle. Suite à un nouveau problème de grossesse survenu récemment et alors qu’elle est enceinte, Mme B. commet une tentative de suicide médicamenteuse grave, qu’elle décrit dans l’après-coup comme « pulsionnelle et incontrôlable ». Un mois plus tard, elle subit une Interruption Thérapeutique de Grossesse (ITG) qu’elle a très mal vécu et dont elle se dit très traumatisée. C’est suite à ce passage à l’acte suicidaire et à cette ITG qu’elle sera hospitalisée dans un service psychiatrique. D’un contact agréable et plutôt souriante, toujours ponctuelle à nos entretiens, Mme B. va progressivement révéler des événements traumatisants survenus dans sa vie, dont elle n’avait jamais pu parler jusque-là. À la première rencontre, elle dit : « Il faudrait que j’arrive à sortir ce qui ne veut pas sortir… mais j’ai trop honte pour vous confier ce qui m’est arrivé ». Consciente que la dépression n’est pas survenue brutalement, elle explique, non sans finesse, comment les choses se sont progressivement dégradées dans sa vie. Dans ses souvenirs, son état dépressif aurait débuté un an après son mariage, alors qu’elle avait, selon ses dires, « une vie enfin normale avec un mari très sécurisant » avec lequel elle s’entendait bien. Il semble qu’elle pourrait évoquer ici une sorte de déception d’une vie ordinaire, peu conforme à son Idéal du Moi et à son Moi-Idéal.

Plus tard, elle fait un récit détaillé de certains événements infantiles, sans omettre d’évoquer l’austérité et l’aridité affective des relations intra-familiales auxquelles elle s’est confrontée durant son enfance et son adolescence. C’est à ce point où les souvenirs se profilent dans un discours plaintif que la patiente commence à parler plus précisément de son frère, qu’elle décrit tyrannique. Elle se met alors à pleurer, en évoquant les deux tentatives de suicide de ce dernier. « J’étais sa confidente… mais je n’arrivais plus à le gérer ». Son frère, tel qu’elle le décrivait, se délectait de lui décrire les mises en scène suicidaires qu’il échafaudait. « Il donnait volontiers des détails macabres. Je le trouvais très sadique envers moi. Il entretenait un climat morbide à me raconter tout ça ». À plusieurs reprises, elle énoncera, non sans manifestations émotionnelles, le sadisme itératif de ce dernier à son encontre. Dans les faits rapportés, il semble qu’elle était en position d’objet littéralement sadisé par ce frère, dont les conduites pathologiques et les productions délirantes étaient vécues par la patiente comme la menace perpétuelle d’un risque d’anéantissement psychique et même physique, ce dernier ayant manifesté plus d’une fois de la brutalité à son égard. Elle dit s’être défendue de toutes ses forces, mais explique son impuissance à se protéger, se sentant sous son emprise et n’avoir pu que subir son jeu pervers. Enfin, après la tentative de suicide de ce dernier par arme à feu, elle décide de consulter un psychiatre. C’était il y a sept ans. Elle a alors 20 ans.

Très rapidement au fil des rencontres, elle va évoquer un sentiment de culpabilité relatif à une relation affective antérieure, dont elle ne pourra parler que plus tard, car, dit-elle, « c’est très dur d’en parler et je n’ai pas envie que l’on porte un jugement de valeur sur ce qui s’est passé ». À cette évocation, je me demande dans quelle mesure ce n’est pas de honte surtout dont il s’agit, ou des deux à la fois, culpabilité et honte. Madame B. craint un jugement de valeur, c’est-à-dire qu’elle redoute le regard du tiers – et d’une femme en l’occurrence – porté sur elle et surtout le jugement de ce tiers. « Mon mari est au courant » dit-elle, « mais cela n’y fait rien. Le problème n’est pas résolu. Depuis cette histoire, je ne peux plus me regarder en face ». Nous en sommes à présent au huitième entretien. C’est par l’évocation d’un sentiment de culpabilité que Madame B. va pouvoir aborder ce qu’elle dénomme le sujet crucial, à savoir la relation qu’elle a eu avec son ancien ami. C’est ainsi qu’elle commence à se raconter : « Je pensais que c’était une relation saine, mais j’ai rapidement déchanté. Mon ami avait des fantasmes assez particuliers. Au départ, c’était supportable… puis il a voulu qu’une tierce personne participe, une femme précisément, ce que j’ai accepté ». Elle poursuit : « Le fait d’avoir accepté cela a eu une incidence affective, morale et physique. Je me suis culpabilisée d’avoir dit oui ». Elle explique le dégoût ressenti, le dégoût d’elle-même surtout : « Dans cette histoire, je me suis sentie dégradée, salie, avilie. Aujourd’hui, je n’ai plus le sentiment d’être une femme mais un objet ». La forte mobilisation des affects, les manifestations affectives et émotionnelles de la patiente à cette évocation témoignent d’une hystérisation de cette scène. Elle se décrit ici radicalement réduite à être un pur objet de jouissance, traitée en déchet de l’autre. Elle dit explicitement que ces expériences sexuelles ont accentué, ces dernières années, sa souffrance à vivre et la rendent impuissante à investir durablement sa vie conjugale, alors même que le goût de vivre lui faisait déjà défaut. Le souvenir de ces actes sexuels est marqué du sceau d’une culpabilité invétérée, qu’elle relie exclusivement à une atteinte de l’intégrité corporelle, et que nous articulons, d’un point de vue théorique, à une atteinte narcissique en lien avec le Moi-Idéal comme projection imaginaire de corporéité idéale et support d’une synthèse unifiée. Voici ce que dit la patiente : « Pour moi, il y a eu un pillage corporel et moral. Ma culpabilité est corporelle et physique… je me demande comment j’ai pu aller si loin et chuter si bas ». Je lui demande alors : « Est-ce de la culpabilité ou de la honte ? » Elle répond : « C’est sûr que je n’ai pas eu de plaisir dans cette relation à trois ». On peut estimer que cette négation donne consistance à sa honte. Elle répond à côté de la question, sur le plaisir sexuel dans l’homosexualité sous la forme d’une dénégation, ce qui peut laisser supposer un plaisir homosexuel.

La semaine suivante, Madame B., toujours ponctuelle, s’installe confortablement dans le fauteuil et d’une traite, annonce : « J’ai essayé de déterrer des cadavres bien enfouis puisque je n’en avais jamais parlé jusque-là : malheureusement, ils sont toujours liés au sexe ! ». Elle relate ainsi avoir été victime d’attouchements sexuels de la part du fils de son parrain qui était alors âgé de 12 ans, alors qu’elle-même avait deux ans : « C’est ce que l’on m’a rapporté car je ne m’en souviens pas. Mes parents ont interrompu les relations avec eux et n’en ont plus jamais parlé. Ce n’est pas net mais je ressens un sentiment de rejet et de dégoût quand je pense à ce garçon ». À la suite de cette révélation, elle rapporte un deuxième souvenir, où alors qu’elle avait une dizaine d’années, elle s’est adonnée plusieurs fois à des jeux sexuels avec une copine plus âgée. On note ici l’énonciation d’une aventure sexuelle avec une camarade de même sexe et de l’hypothétique plaisir homosexuel ressenti. À l’évocation de ces deux souvenirs, elle confiera : « J’ai ressenti cela comme un viol. Je n’en ai jamais parlé à personne, sauf avec vous maintenant. C’est votre réflexion de la semaine dernière sur "Est-ce de la culpabilité ou de la honte ?" qui a permis que tout cela ressorte. J’en suis très troublée » dit-elle.

Réflexion théorico-clinique

À la lumière de cette présentation clinique, nous voyons comment la honte, émotion vive et soudaine, glace et cristallise la parole singulière du sujet, dans la mesure où c’est la honte elle-même qui interdit sa propre expression. « J’ai trop honte pour vous confier ce qui m’est arrivé » avait dit Madame B. lors du premier entretien. Par conséquent, la mise en mots de l’expérience de honte fut impossible dans un premier temps, du fait d’une part de la forte honte qui avait accompagné les scènes traumatiques sexuelles – qu’elle abordera plus tard – et d’autre part du fait du redoublement de cette honte dans le transfert, à la remémoration et/ou la tentative de verbalisation de ces souvenirs. Dans cette perspective, et ce sera ici notre argument, la verbalisation de la situation traumatique, la remise en circulation de cet indicible jusque là hypostasié par la honte à dire et la honte de la honte, témoignent, dans l’espace transférentiel, d’une réintroduction du traumatisme et de la honte à la temporalité de la thérapie. Comme l’écrit C. Miollan, « pouvoir montrer sa honte, c’est obtenir un regard de l’autre qui servira de contenant provisoire »[27]. Chez la patiente, l’expérience psychique de honte est à rattacher à plusieurs événements, ceux de l’enfance et de l’âge adulte précités. L’hypothèse interprétative d’une homosexualité trouvera une pertinence et une confirmation dans la dynamique transférentielle, notamment lorsqu’elle confiera « être troublée » de toutes ces réminiscences et que dans un mouvement – à peine calfeutré – de séduction, elle confiera être particulièrement attentive à sa toilette et son maquillage lorsque nous devons nous voir en entretien. Enfin, c’est à partir du moment où elle aura pu confier être victime de honte, avoir honte de ces différentes expériences sexuelles, que la patiente va commencer à se réapproprier, par la parole, ces événements de son histoire. « L’effet d’une parole ne tient pas à son expulsion, mais à sa capacité d’inscription pour celui qui peut s’entendre la dire »[28]. Ici, les prémices du processus de (ré)appropriation subjective par la parole se manifesteront sous une forme négative. En effet, c’est à partir de la nomination de l’idée de plaisir sous une forme négative que la patiente pourra aborder plus précisément les souvenirs des expériences sexuelles traumatiques. Ce qui nous amène à considérer que la dynamique d’apparition de la honte surgirait dans cet entre-deux, entre échec et réussite, dans cet intervalle d’abord, entre refoulement et dénégation. L’échec du refoulement se manifeste par la honte qui exprime l’auto-dénonciation de l’individu qui a dérogé à son Idéal du Moi et son Moi-Idéal. C'est la déception d’une vie ordinaire, stable, normale, peu conforme à l’Idéal du Moi du sujet et d’autre part la déchéance d’un Moi-Idéal relégué aux limbes de la nullité absolue, de la non valeur si ce n’est sous forme d’objet sexuel des fantasmes de son ami, mais aussi de déchet à évacuer, ce même ami la traitant, à l’occasion et selon ses dires, comme « une merde ».

Lorsque l’inscription pathologique de la honte est venue figer le sujet dans sa sphère psychique et l’exclure de l’espace transitionnel et fondamental de la parole, il y a nécessité que s’énonce cette honte et ces béances, afin que soit recueilli, (ré)approprié et transmis ce qui jusque-là n’avait pu se dire. En ce sens, lorsque la patiente met en discours sa honte, elle devient un objet de discours, un concept mentalisé, ce qui va permettre au sujet de prendre de la distance. Lorsqu’elle dit « j’ai honte », elle a déjà conscience de sa honte et elle change le statut de la honte qui, d’attribut, devient objet. Du coup, la problématique de l’adjectivation et de la subjectivation de la honte s’inscrit dans une temporalité de la thérapie. Tant que cette honte n’est pas dite, elle envahit le sujet et colle littéralement à son moi. L’accès à une expérience subjective commence ici, dans la réintroduction du traumatisme dans la temporalité de la thérapie, dans sa restitution au sein de l’histoire individuelle et de son économie psychique. « J’ai réussi à désarticuler des souvenirs à l’origine de ma honte. Aujourd’hui, je ne veux plus me voiler la face, je veux être moi » dira la patiente peu avant sa sortie de l’hôpital. Ainsi, d’une parole de honte sans adresse ou en souffrance d’adresse s’est déployée la verbalisation de la honte, réinscrivant dans l’actuel la figure parfois pétrifiée, en tous les cas figée, de cette épreuve. Enfin, l’analyse de ce fragment clinique montre que le traitement psychothérapeutique de la honte, dans la succession des différentes temporalités psychiques et de leur étroite combinaison, passe par les trois temps suivants : l’apprivoisement de la honte, la mise en mots de la honte, l’affirmation et la reconstruction de l’identité.

Conclusion

Notre propos a insisté, à travers une évocation clinique, sur cette co-occurrence entre traumatisme sexuel et sentiment de honte. Plus globalement, nous avancerons que cette articulation, qui trouve des fondements théorico-cliniques, est renforcée par notre pratique de clinique analytique qui questionne régulièrement l’expression de sentiments de honte chez des sujets victimes de traumatismes sexuels, entravant considérablement et durablement leur vie psychique. En conclusion, la honte et son expression scandent une problématique de subjectivation, elles indiquent et amènent une réinscription dans la temporalité. Elles permettent un changement de registre entre l’identification spéculaire et l’identification symbolique, ainsi qu'une capacité nouvelle à s’adresser à l’autre.

Références

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[1] Psychologue clinicienne, Docteur en Psychopathologie Clinique, chargée d’enseignement à l’Université Paul Valéry de Montpellier & Sophia-Antipolis de Nice. CHU La Colombière, Service de Médecine Psychologique pour Enfants et Adolescents (SMPEA), Clinique Peyre Plantade, 34295 Montpellier cedex 5. delphine.scotto@wanadoo.fr

[2] Psychologue clinicien, psychanalyste et Professeur de Psychopathologie Clinique à l’Université de Provence (Aix-Marseille I) ), Laboratoire de Psychologie Clinique, 13621 Aix-en-Provence cedex 1. Benjamin.Jacobi@up.univ-aix.fr

[3] Lacan, J. (1960). "Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien". In Écrits. Paris: Éditions du Seuil, 1966, p. 807.

[4] Freud, S. (1915). "L’Inconscient". In Métapsychologie. Paris: Gallimard, 1968, p. 84.

[5] Freud, S. (1921). "Psychologie des foules et analyse du moi". In Essais de psychanalyse. Paris: Payot, 1981, p. 169.

[6] Chemama, R. (1993). Dictionnaire de la psychanalyse. Paris: Larousse, 1995, p. 200.

[7] Lacan, J. (1945). "Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je". In Écrits. Paris: Éditions du Seuil, 1966, p. 94.

[8] Ibid., p. 94.

[9] L’imaginaire va résulter de la jonction entre le réel et le symbolique. C’est lors du stade du miroir, précisément au moment de l’assomption jubilatoire de l’enfant au miroir que l’imaginaire connaît son moment inaugural. C’est dans cette dialectique que Lacan (1975-1976) écrit: «Il faut un minimum d’imaginaire pour symboliser le réel». Lacan, J. (1975-1976). Séminaire XXIII. Le sinthome. Inédit.

[10] Lacan, J. (1948). "L’agressivité en psychanalyse". In Écrits. Paris: Éditions du Seuil, 1966, p. 113.

[11] Ibid., p. 118.

[12] Le réel incarne et représente la sphère somatique du sujet, la chair.

[13] Chemama, R. (1993). Dictionnaire de la psychanalyse. Paris: Larousse, 1995, p. 278.

[14] Le symbolique représente la nomination, par l’Autre, du fonctionnement biologique.

[15] Le trait unaire est «Un concept introduit par J. Lacan, à partir de S. Freud, pour désigner le signifiant sous sa forme élémentaire et pour rendre compte de l’identification symbolique du sujet». Ibid., p. 334.

[16] Jacobi, B. (1998). Les mots et la plainte. Toulouse: Erès, p. 25.

[17] Freud, S. (1905). Trois essais sur la théorie sexuelle. Paris: Gallimard, 1987, p. 101.

[18] Freud, S. (1896). "Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense". In Névrose, psychose et perversion. Paris: P.U.F., 1973, p. 67.

[19] Freud, S. (1921). "Psychologie des foules et analyse du moi". In Essais de psychanalyse. Paris: Payot, 1981, p. 173.

[20] Freud, S. (1923). "Le Moi et le Ça". In Essais de psychanalyse. Paris: Payot, 1981, p. 249.

[21] Freud, S. (1921). "Psychologie des foules et analyse du moi". In Essais de psychanalyse. Paris: Payot, 1981, p. 248.

[22] Jacobi, B. (1999). Introduction sur un malaise supposé. Colloque du CIRPC/Université de Provence d’Aix-Marseille I et Université Louis Pasteur de Strasbourg - «Malaise dans la filiation». Aix-en-Provence, 27 & 28 novembre 1999. Communication orale.

[23] Lacan, J. (1960). "Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien". In Écrits. Paris: Éditions du Seuil, 1966, p. 809.

[24] «En se verticalisant, l’être humain met à découvert ce qui était maintenu caché, "recouvert" [gedeckt], dans la position courbée. D’où l’association de ces deux termes: les organes génitaux deviennent solidairement sichtbar und schutzbedürftig (visibles et exigeant une protection). Apparaît ainsi le fait d’"avoir honte" [das Schämen], ce terme pouvant aussi être traduit par "pudeur"». Schneider, M. (1996). "Le franchissement du seuil, Freud et la thématique du regard". In Cliniques Méditerranéennes: Césure du regard, Cliniques du visuel, Toulouse: Erès, n° 51/52, p. 22.

[25] Barazer, C. (2000). "Hontes sans issue". In Documents & Débats, Bulletin Intérieur de L’Association Psychanalytique de France, n° 52, p. 17.

[26] La situation rapportée concerne l’un des auteurs de ce texte (Delphine Scotto Di Vettimo). Son élaboration après-coup a été faite par les deux signataires de l’article.

[27] Miollan, C. (1998). "Inceste, une écoute post-traumatique". In Cliniques Méditerranéennes: Exil et migrations dans la langue. Toulouse: Erès, n° 55/56, p. 164.

[28] Jacobi, B. (2001). "De la honte à la plainte". In Victime-Agresseur Tome 1- Le traumatisme sexuel et ses devenirs -. Lecques: Les Editions du Champ social, p. 153.