Ce que parler peut dire

L’INSTITUTION SOIGNANTE

Psychologie Clinique 12

janvier 2002

Ce que parler peut dire. La demande d'aide psychologique chez l'adolescent et le jeune adulte

Par Pascal Le Maléfan[1]

Résumé : Les secteurs de psychiatrie infanto-juvénile offrent des dispositifs de parole pour les adolescents en demande d'aide psychologique. Mais ce sont surtout les adolescents les plus âgés qui sont preneurs et s'aventurent dans une expérience inédite d'interlocution. Les psychologues de la FPH sont particulièrement sollicités dans ces demandes, et d'orienter son travail à partir de la psychanalyse implique une éthique qui ne correspond pas à la visée gestionnaire mais aussi au tout préventif qui prévalent actuellement.

Mots‑Clés : Adolescents et jeunes adultes ; secteurs de psychiatrie infanto-juvénile ; psychologues psychanalystes.

L'adolescence est un mouvement, une mise en mouvement de l'identitaire et du désir. Chaque sujet quitte son site d'enfance pour trouver un nouveau site où déposer sa division en lui donnant de nouvelles assises subjectives. Le temps et l'espace sont deux dimensions cruciales dans cet itinéraire. Quitter son site d'enfance, c'est émigrer dans un trajet d'exil qui fait ouverture sur le monde et l'altérité ; c'est éprouver des accélérations ou des coups d'arrêt, des temps distendus ou fracturés. C'est être en passage. Mais dans ce cheminement des turbulences existent qui aspirent ou barrent la mutation : l'errance et la désidentification peuvent se trouver au rendez-vous. Dans une mélancolisation du lien social (Douville, 1997), le mouvement peut se figer faute d'appuis symboliques qui tirent le sujet en avant. La demande d'une aide psychologique peut alors s'entendre. Un besoin d'arrêt, de suspension se manifeste, pour voir venir et reparcourir le trajet à peine entamé. L'objet de cet article est de s'interroger sur ces demandes d'aide adressées à un psychologue dans un dispositif de soin réservé à des adolescents et jeunes adultes, au sein d'un Centre Médico-Psychologique d'une grande ville provinciale.

L'importance de ces demandes, ne serait-ce qu'en quantité, montre qu'il existe là une nouveauté dans le champ sanitaire et social, demandes dont le service public de Santé mentale est l'adresse principale grâce aux dispositions encore possibles – mais pour encore combien de temps ? – du secteur[2]. Le Baromètre Santé Jeunes 97/98 publié par le Comité français d'éducation pour la santé (CFES), est venu récemment confirmer cette importance en soulignant que les adolescents de 12 à 19 ans – mais surtout les adolescentes – sont de plus en plus nombreux à avoir consulté un psychiatre, un psychanalyste ou un psychologue. Dans le dispositif dans lequel nous intervenons, uniquement constitué de psychologues, la demande s'exprime clairement en terme de souffrance et d'aide psychologiques et, de plus, compte tenu de l'ancienneté de la structure et de la diffusion de son mode de travail, elle s'adresse nommément à un psychologue. Ce point n'est pas indifférent et pose un certain nombre de questions qui font partie de la réflexion sur les demandes et leur suite. De quel pré-transfert en effet s'agit-il avec le psychologue, nouvel acteur du souci de soi dans la modernité ? Comment le signifiant psychologue vient-il servir d'attracteur ? Quelles sont les significations qui lui sont attachées pouvant empêcher ou permettre la fiction transférentielle ? Serait-il en passe de devenir une figure artémisienne au temps des remaniements de l'imago paternelle ? Ce sont là quelques questions préliminaires auxquelles nous sommes d'emblée confrontés dans la clinique et qui nécessitent une permanente relance et réévaluation.

D'une structure

Avec la sectorisation, les structures de Santé mentale sont présentes au plus près du tissu social et il faut espérer que les moyens seront toujours suffisants pour assurer cette proximité qui démontre de plus en plus sa nécessité. La constatation est en effet générale que la demande envers les Centres Médico‑Psychologiques est en progression constante, avec pour corollaire de placer dans certaines zones le secteur psychiatrique comme l'ultime recours dans le traitement des déviances sociales : marginalité, violence, exclusion. Le secteur comme dernier rempart de l'ordre républicain ? Quoiqu'il en soit, le rapport Joly au Conseil économique et social sur les "maladies mentales"(1997) fait état d'une file active des secteurs de psychiatrie générale et infanto-juvénile supérieure à 1 million de personnes pour 1993, ce qui représsente une augmentation de 13% pour les secteurs adultes depuis 1985 et depuis 1989 pour les secteurs infanto-juvéniles. Concernant ces derniers, le rapport mentionne la surreprésentation des groupes d'âges suivants : les 5-9 ans (43%) et les 10-14 ans (29%), et la sous-représentation des I5- 19 ans (10% à peine).

Ces chiffres sont intéressants à rapporter car ils font apparaître la difficulté actuelle dans l'accueil et le traitement de la souffrance psychique des adolescents en phase d'émancipation. La sous-représentation notée est interprétée par le rapporteur comme un refus de trop de services infanto-juvéniles de prendre en charge les adolescents, autrement plus difficiles à traiter que les enfants. Peut-on se satisfaire d'un tel constat ou faut-il également évoquer la particularité de la demande durant le processus d'adolescence, et précisément au moment où s'introduit dans la vie psychique et civique du sujet un nouveau statut par l'accession à la majorité ? La réflexion sur sur ce point a conduit plus d'une équipe de secteur à la conclusion que le dispositif habituel des consultations infanto-juvéniles est inadéquat au style d'interpellation des adolescents en voie de dégagement et de retissage de leurs liens subjectifs et sociaux. Ce style requiert un dispositif plus souple et moins stigmatisant qui peut prendre la mesure d'une parole tenue en nom propre. Le cadre conventionnel où la famille vient consulter pour un enfant est en général refusé par l'adolescent qui ne sent pas concerné et se montre souvent farouchement opposé au fait que l'on parle de lui et surtout pour lui. Mais cette constatation est encore plus vraie en ce qui concerne ces sujets qui sont dans une phase évolutive entre-deux, où il ne fait aucun doute pour eux qu'ils ne sont plus des enfants certes, mais aussi qu'on ne peut plus les considérer comme des « adolescents », notion ressentie péjorativement. Ils ont franchi un seuil qui les met au bord du statut d'adulte sans qu'ils ne se sentent véritablement en être un encore.

Depuis plusieurs années maintenant, un peu partout en France, des consultations réservées aux adolescents (mais il faudrait dire aux adolescences étant donné que la population accueillie varie entre 13 et 22 ans) fonctionnent dans les secteurs infanto-juvéniles. Mais il reste encore beaucoup à faire dans cette voie, chacun s'accorde à le dire. Les moyens manquent souvent, la motivation parfois, malgré ou en dépit de la morbidité qui sévit à cet âge. Mais la réalité des services de psychiatrie, avec leurs listes d'attente à tous les niveaux, les amène bien souvent à limiter l'âge d'acceptation des demandes dans ces consultations, ce qui va à l'encontre des directives de la circulaire de 1992. Au-delà de 18 ans la tendance est de renvoyer sur les services adultes. À chacun ses classes d'âges car on ne peut tout faire et il faut « gérer » et répartir au mieux l'existant, au risque de tourner le dos à la clinique ! Certes, se sont des majeurs sur le plan civil, mais leur souffrance et leur propre appréciation de leur statut n'en font pas du tout des adultes. Ils expriment d'ailleurs bien souvent des réticences à aller consulter dans les CMP réservés à leur âge. Encore faudrait-il être sûr que les services concernés aient les moyens de répondre à cette nouvelle demande. On peut en douter. Le problème reste donc entier. Le rapport Joly cité plus haut a saisi l'ampleur et l'urgence de la situation puisqu'il préconise la création de secteurs de l'adolescent et du jeune adulte qui prendraient en compte l'existence d'une clinique spécifique, qu'il est aisé de constater sur le terrain, en lui donnant les moyens adéquats. Ces recommandations resteront-elles lettres mortes ? Pour l'heure, le bricolage de la peau de chagrin est à l'ordre du jour.

Le fonctionnement de telles consultations repose sur la demande et l'accès directs, ce qui implique, au sein du service public de psychiatrie infanto-juvénile, que l'autonomie professionnelle des psychologues soit reconnue. L'anonymat est possible, mais la pratique démontre que les demandes d'anonymisation sont rares. Au contraire, venir en son nom et reconnaître ainsi une filiation et un héritage qui particularisent est essentiel. Lorsque les demandes apparaissent, c'est que l'adolescent ne veut absolument pas que ses parents soient au courant de sa démarche ; les raisons en sont d'ailleurs diverses. En règle générale, les adolescents donnent leurs coordonnées pour qu'on les rappelle pour fixer un rendez-vous qui n'a pu être fixé sur le champ, faute de place. Or nous avons pu constater que le décalage dans le temps entre le moment de la demande et celui du premier rendez-vous ne jouait pas nécessairement de façon défavorable dans l'engagement dans un suivi. Attendre permet déjà une élaboration à partir du moment où l'appel a été entendu. D'où l'importance des modalités de réception des demandes, de la disponibilité de tous les personnels. Le premier contact, on le sait, est capital.

Il ne servirait à rien de détailler plus avant les particularités de notre consultation car elles rejoignent sur des points essentiels ce qui a déjà été décrit par Renard et coll., en 1992 à propos de l'accueil dans un dispositif parisien. Je renvoie donc le lecteur à ce travail de synthèse. Je reteindrai que, comme pour nous, ce sont les plus grands adolescents, ceux de 16/20 ans, qui entreprennent le plus fréquemment les suivis les plus longs. Cette tranche d'âge est en effet celle qui domine dans notre file active, et le mode de traitement de la plainte, qui exige du temps, pose dès lors un problème concret de places disponibles. Nous devons donc accepter de perdre, pour un temps variable, le caractère d'accueil immédiat afin d'assurer et d'assumer les suivis qui se prolongent. Mais il ne semble pas que, comme je l'ai précisé plus haut, cela ait des répercussions sur le désir d'un premier entretien. Certes, pour certains, de ne pas avoir tout de suite un rendez-vous où ils peuvent déposer ce qui les affole ou les angoisse est rédhibitoire et nous disqualifie. Leur urgence à dire ne peut attendre. D'autres cas « urgents » posent un problème similaire. Il faudrait recevoir dans l'heure un adolescent qui va mal. Tel parle de se suicider, tel autre menace de fuguer ou l'a déjà fait, tel autre encore doit se présenter devant le juge. Dans toutes ces situations « urgentes », la demande est le plus souvent celle des adultes qui ont la charge de ces adolescents (parents, parents d'accueil, éducateurs, enseignants). Une sorte d'impératif à parler, alimenter par une image vulgarisée et normalisante de la parole cathartique, pousse chacun, en toute bonne foi, à vouloir le bien de l'autre. Certes il y a crise, danger, mais l'accord de l'adolescent pour venir parler de son malaise ou de sa rage est moins qu'évident. Bien souvent, s'il vient, le discours s'épuise vite et le suivi tourne court même si un cadre prescriptif minimal (un nombre de séances pour « faire le tour du problème ») est convenu et approuvé. Une autre constatation permise par le recul et l'analyse des données sur quelques années de fonctionnement nous indique que, dans la plupart des cas où nous avons « répondu » à une urgence, voire dans l'urgence et sous pression, et lorsque nous nous sommes rendus disponibles, le jeune n'est pas venu au rendez-vous proposé. La conclusion que nous en tirons est qu'il s'agit d'un autre travail, d'une autre logique de réception de la parole. Les projets de Centres de crise et d'accueil avec accompagnement sont sans doute plus adaptés. En fait il est clair qu'une structure, aussi performante soit-elle, réservée à des adolescents, ne peut répondre à tous les modes de souffrance. Cet emballement de la demande a assurément des liens avec le délitement du lien social et la perte de signification de la parole dans notre contexte occidental de remaniement de la fiction de la Référence et de l'adresse (Legendre, 1994 ; Lebrun, 1997). Les recours à l'agir s'en nourrissent et favorisent l'urgence comme modalité d'interpellation dans un évitement du Tiers. Au conflit se substitue la tourmente d'une subjectivité désœuvrée ou traumatisée. Imposer de parler dans un tel contexte est une gageure qui a le plus souvent pour conséquence de renforcer le rejet de tout transfert élaborable. C'est pourquoi le travail qui parvient à s'engager avec les adolescents qui viennent directement nous déposer leur mal-être prend un relief accru. Il démontre que parler peut dire quelque chose, que la parole, dégagée de l'agir, sert au travail de passage en même temps qu'elle en est le témoin. Telle adolescente put dire un jour au bout de quelques mois de psychothérapie qu'elle parlait comme jamais elle n'avait parlé auparavant : maintenant on l'entendait et elle-même s'entendait. Habiter sa parole, s'exposer dans un dire fut pour elle une conquête. Mais d'autres ne s'y engagent pas. L'offre ne convient pas à tout le monde. Ce qui conduit à s'interroger sur les conditions du passage de l'individu qui se plaint au sujet qui élabore. Ou encore sur les modalités du désir de l'analyste lorsqu'il a affaire à de jeunes adultes.

Parler en son nom

Que la majorité des adolescents qui s'inscrivent dans un travail de parole soit, en fait, des jeunes à la frontière du monde adulte de par leur âge, indique quelque chose sur la quête entreprise et le statut de la parole à ce moment. Ce temps de fin d'adolescence, du moins au regard du social, se signale comme le temps d'une pratique inédite de la parole qui divise autant qu'elle dit le sujet. Elle dit le risque des identifications trop vite assumées et la nostalgie de celles d'avant, du temps de l'infantile ; elle dit les relations conflictuelles ou passionnelles avec les parents au cours du processus d'autonomisation. La parole est alors une parole soutenue par une nomination qui individualise et particularise ; elle est investie pour dire la plainte ou le doute, parler la souffrance et déposer sa demande, quelquefois revendiquée comme un droit. Un lien étroit s'établit entre cette parole et le symptôme ou le mal-être, comme avec l'effort du sujet pour bâtir ses fictions imaginaires et symboliques nécessaires à son avance.

La plupart des grands adolescents que nous voyons sont véritablement au bord du monde adulte. Ils votent, ou en tout cas en ont la possibilité civique ; ils ont une vie sexuelle et vivent en couple, tout en pouvant être encore chez leurs parents ; ils sont en fin d'études secondaires, voire à l'université ou en formation et, pour la plupart, ils entrevoient une voie professionnalisante. Par bien des points ils illustrent le travail de passage qui nécessite de s'inscrire sous de nouveaux signifiants pour donner une nouvelle consistance à l'être et réorienter le désir. Serge Lesourd (1994) parle ainsi de l'adolescent comme d'un découvreur. Découvreur que le site de l'enfance avec ses assurances phalliques, ses promesses et ses complétudes laisse la place à des rencontres avec le manque dans l'Autre et l'au-delà de la borne phallique. Découvreur ensuite des nouvelles coordonnées qui reconstruiront un scénario fantasmatique où le sujet cherchera à situer son être, quelquefois au risque de s'aliéner dans les signifiants les plus réducteurs.

Le mal-être et la souffrance des adolescents qui viennent consulter indiquent qu'ils n'ont pas encore trouvé de version satisfaisante du fantasme. Ils nous font entendre leurs désirs d'inscription sous les signifiants du monde adulte, voire de leurs essais, et les désillusions de ces essayages et des prêts-à-porter de l'être qui semblaient contenir toutes les promesses de résolution du manque-à-être. Ces presque-adultes ne disent pas non au statut d'adulte, mais pas encore, en tout cas pas comme ça. C'est d'être dans ce pas encore, comme Ulrich, l'Homme sans qualités du roman de Robert Musil, qui caractérise leur position subjective et alimente leur désarroi et leur souffrance. Les identifications idéales sont dénoncées car les essayages laissent le sujet meurtri et incertain, hésitant. Le passage coince. La demande d'aide psychologique est alors massivement une demande d'assurance que l'être peut encore être un bien auquel ils pourraient de nouveau espérer. On voit ici la place à laquelle le psychologue risque d'être convié. À quelles conditions peut-il faire exister de l'analyste pour déplacer cette demande, lui faire opérer un tour ?

Être psychologue d'adolescents et de jeunes adultes

« Je viens vous voir parce qu'on m'a dit que ce serait bien de parler à quelqu'un que je ne connais pas, à un psychologue ». Cette phrase, souvent entendue, résume assez bien le sens de la démarche entreprise. Face à une souffrance d'ordre psychologique, identifiée comme telle par le sujet, la demande suit le circuit des adresses construit par le social et la culture. Aujourd'hui le personnage du psychologue fait clairement partie de ces figures du recours. Cette identification s'appuie sur un certain nombre de représentations qui organisent un prétransfert et orientent en grande partie les modalités de la plainte et ce qui peut être attendu de la rencontre avec lui.

Depuis quelques décennies les psychologues interviennent dans différents secteurs et leur nombre ne cesse de croître, compte tenu des domaines de plus en plus divers dans lesquels ils sont sollicités en dehors du champ de la santé mentale où la profession s'est affirmée et développée. On en dénombre approximativement 35 000 en exercice. À tous les stades de la vie, l'occasion de rencontrer un psychologue est chose devenue courante. À l'école, à l'hôpital mais aussi dans l'entreprise ou en privé, l'offre d'un psychologue est synonyme d'évaluation ou de bilan, qui souligne les insuffisances autant que les compétences, mais surtout d'aide et d'écoute voire de conseil. Ce dernier aspect n'est d'ailleurs pas sans poser de problèmes dans la rencontre. L'attente de conseils qui orienteraient le sujet dans les choix qu'il a à faire conditionne en grande partie le recours. II est attendu une parole qui guide plutôt qu'une parole qui questionne et souligne la division. C'est l'inévitable tribut du poids symbolique qu'a pris le signifiant psychologue ces dernières années. Si son inscription est telle qu'il est devenu héros de fiction[3] et largement médiatisé, elle s'est faite sur fond de promotion du sujet-roi pour lequel le recours psychologique constitue un droit et une consommation comme une autre. C'est ce que viennent aussi nous dire les adolescents et les jeunes adultes que nous rencontrons. Le psychologue fait partie de leur univers depuis longtemps. Ils font d'ailleurs bien la différence entre le psychologue et le psychiatre, peut-être moins avec le psychanalyste. Le psychiatre reste en effet associé à la folie et à une approche médicalisée de la souffrance psychique : c'est celui qui peut donner des médicaments et hospitaliser, auquel on a recours ou qui est imposé en cas d'extrême gravité. Le psychologue est jugé moins stigmatisant. Venir en son nom déposer une plainte et obtenir un conseil paraît ainsi moins exceptionnel ou honteux et plus en phase avec les nouveaux idéaux. Or la généralisation du psychologisme favorisant cette version moderne du souci de soi où chacun est sollicité et conditionné à parler de ce qui ne va pas, s'accompagne d'un espoir d'une résolution immédiate. La vitesse est une dimension de la subjectivité ultracontemporaine. À l'élaboration est préférée l'expression. Nombre de consultations sans suite peuvent se comprendre à partir de ce constat. Passé le premier moment cathartique de l'énoncé de la plainte qui apporte bien souvent une sédation de la souffrance, la nécessité de revenir et de s'installer dans un processus plus ou moins long est refusé. L'offre d'un travail à partir d'un énoncé toujours à venir et dont on ne saurait rien d'avance, tel que le favorise la règle fondamentale de l'association libre, est source de perplexité et d'incrédulité. Croire en l'inconscient, élément indispensable pour toute cure ainsi que le soulignait Freud, n'entraîne pas une adhésion évidente. La psychanalyse doit désormais faire avec cette nouvelle donne du transfert. En revanche, le succès des cures magico-religieuses chez les jeunes, associé à leur intérêt pour les croyances parallèles (Lambert et Michelat, 1994), découle en grande partie du désir d'un recours rapide et non culpabilisant. Aller voir un guérisseur pour un nombre limité de séances, qui pratique diverses techniques de relaxation, où la parole n'est d'ailleurs pas absente mais repose sur un système interprétatif induisant une construction exogène de la souffrance, offre des avantages attrayants.

C'est donc à se dégager de ces différentes représentations que le psychologue psychanalyste devra d'abord s'attacher s'il ne veut pas être brutalement délaissé faute de correspondre à la promesse qui fondait l'appel du sujet. Ce moment de désillusionnement et de recadrage n'est d'ailleurs pas sans lien avec le processus adolescent lui-même et les causes des souffrances exposées. Mais rien n'assurera que la plainte se muera automatiquement en parole analysante. Car il faudra encore que le soignant auquel elle est adressée soit situé autrement que comme un thérapeute, fût-il psychothérapeute, qui devrait faire disparaître au plus vite le symptôme ou donner le bon conseil ? Bref, dans quelles incarnations de l'Autre l'analyste psychologue peut-il être pris qui viennent soit empêcher ou soit permettre la fiction transférentielle ?

Clinique de la liminalité et transfert

Le cadre légal des consultations n'autorise aucun rapport direct avec l'argent. La gratuité est la règle. Quelquefois, mais rarement, certains nous demandent ce qu'ils doivent et paraissent surpris par notre réponse. Pour les autres la question ne se pose même pas. Certes la plupart n'ont pas de revenus fixes et dépendent des ressources de leurs parents. Leur rapport à l'argent est encore biaisé du fait de leur position d'assujettis. Robert Samacher (1994) fait remarquer sur ce point que le service public ne peut en toute logique ne correspondre qu'à un premier temps, celui d'une demande de soins, et qu'un deuxième temps, spécifique à l'écoute analytique, implique l'introduction de l'argent, donc une orientation vers un psychanalyste dans le privé. Il y aurait ainsi un temps de psychothérapie et un temps de psychanalyse.

Avec les adolescents, les conditions de l'évolution du travail transférentiel semblent devoir différer de ce schéma, d'ailleurs critiquable par le type de césure qu'il promeut. D'être dans une position liminale où la subjectivité est comme à nue, dégagée de ses semblants, suscite des adresses passionnelles où l'analyste court toujours le risque d'être follement investi ou irrémédiablement rejeté. Ces dimensions constituent généralement le premier temps de la rencontre et leur évolution vers un transfert tempéré est le signe même d'un passage et d'une prise de distance avec les désarrois de l'être entravant le sujet. Dans ce contexte, l'envoi ailleurs n'est pas une suite logique mais seulement une éventualité qui se présentera pour quelques-uns. Aller ailleurs, passer ailleurs et par un autre, considérer qu'un moment est fini, sont alors des indices que le sujet est lui aussi passer à autre chose...

Mais l'absence de rapport à l'argent dans ce cadre n'évacue pas pour autant le problème de la médiation de la dette et de la valeur du taitement proposé, même si peu demandent ce qu'ils doivent. Cette question n'est du reste pas spécifique au traitement des adolescents. Mais il semble qu'avec eux, un circuit minimum d'échange puisse passer par la valeur au temps, au temps donné. Donner son temps pour venir régulièrement en s'étant engagé dans un processus dont on ne peut a priori prévoir la fin, fournir son adresse pour être joignable en cas d'absence ou impérativement prévenir quand on est empêché, voilà quelques modalités d'un contrat psychothérapique qui coûtent au sujet et soulignent que ce qu'il vient faire n'est pas sans valeur, pour lui mais aussi pour celui qui le reçoit. Il ne s'agit pas pour autant d'un don réciproque, car si l'adolescent accepte de « donner » de son temps pour adresser sa parole, le psychologue effectue un temps pour lequel il est payé et offre son écoute. Ce que parler peut dire signifie en ce cas accepter de suspendre le cours habituel du temps social pour un temps de coupure dont l'originalité fait la valeur.

D'intervenir dans un CMP facilite néanmoins l'assimilation de l'action du psychologue au champ médical. Il devrait d'abord soigner, faire disparaître la souffrance, vouloir à tout prix le bien de l'autre, sans contrepartie. L'organisation sociale favorise là un mode d'interpellation où le soignant serait tout pour l'autre. En position maternelle ? On peut en tout cas le penser à propos d'adolescents qui cherchent à faire du psychologue une nouvelle figure artémisienne courotrophe. « Adolescent cherche passeur » qui tienne le coup, tel pourrait se résumer l'enjeu en ces temps de fragilisation et de recomposition de l'imago paternelle. Mais un passeur nullement en place de tiers paternel garant de l'inscription phallique, plutôt un passeur qui a tout d'une mère… comme agent du père (Lebrun, 1997). Une dimension forte des demandes incite en effet celui qui s'offre au transfert à incarner une figure qui s'occuperait de tout, telle Artémis la courotrophe. Personnage mythologique, elle est une divinité maternelle, porteuse, déesse de la fécondité, dont la fonction essentielle est de prendre en charge tous les petits, animaux et humains, pour les nourrir, les faire croître et mûrir jusqu'à ce qu'ils deviennent des adultes accomplis (Vernant, 1985). Le fantasme de trouver un tel personnage salvateur, maternel, est incontestablement présent dans la position liminale de ces adolescents qui cherchent à négocier les voies vers leur nouveau statut. Trouver un Autre qui endosserait pour eux, en les guidant pas à pas à partir d'un savoir psychologique infaillible, les fractures et les angoisses autant que les incertitudes, est un espoir auquel pourrait correspondre à l'occasion le psychologue.

La question est d'autant plus délicate qu'à l'évidence notre position institutionnelle, pour être crédible aux yeux des adolescents, n'est pas étrangère à celle d'Artémis. Si elle conduit jusqu'au seuil de l'adolescence, qui doit être franchi avec son accord et son aide pour accéder au statut d'adulte, c'est parce que sa place est dans les limbes, là où les limites sont incertaines, celles des confins, des frontières où l'Altérité se manifeste. C'est un monde d'essayage et de marge, liminal, mais aucunement clos sur lui-même ; il est ouvert sur l'âge adulte. C'est un monde de passage où Artémis doit abandonner ceux qu'elle a nourris et éprouvés au terme d'un parcours initiatique.

Le dispositif d'accueil des adolescents auquel nous participions au sein du CM. occupe bien une place limininale. Sa situation dans la cité en fait un lieu de passage au sens courant du terme, proche de la rue, en bordure même, où l'on peut rentrer sans être attendu, juste pour voir, avec d'autres le cas échéant. Il est le plus indéterminé possible, expurgé des marques officielles, et l'accueil et le traitement de la demande différent du modèle médical coutumier « évaluation-diagnostic-traitement ».

La liminalité concerne aussi notre position transférentielle. Nous n'intervenons pas dans la réalité pour trouver un logement, une aide financière ou autre. Ce principe, quelquefois difficile à sauvegarder, introduit de fait une différence qui institue une frontière avec le monde au-dehors. Nous restons aux marges sans pour autant ne rien vouloir en savoir.

Passage par un Autre. Passage par l'acte analytique ?

Laurence a 17 ans et souffre d'angoisses depuis quelques mois, depuis le départ de son père de la maison pour vivre seul dans un autre appartement. « C'est peut-être le passage à l'adolescence qui m'arrive, dit-elle… J'essaye de devenir une femme. En fait, quand on est adolescent, on peut parler à une amie de ses problèmes, mais ce n'est plus possible quand on est "grand"… on garde son intimité. Alors, c'est dur de venir parler à quelqu'un ».

Cette vignette clinique montre que la mise au travail des aléas de la séparation-individuation nécessite pour quelques-uns d'en passer par un Autre. Cet Autre se spécifie d'abord d'être un ou une inconnu(e). S'adresser à lui ou à elle est par conséquent un véritable franchissement et implique un nouveau rapport à l'intime. Mais si demander à parler à un psychologue suppose que l'intimité ne peut plus rester une affaire essentiellement privée, c'est aussi parce que le sujet a fait l'expérience des limites de la parole dans l'entre-soi des connaissances. De parler de ses problèmes avec un(e) ami(e) ou un parent ne suffit plus car l'énigme ne trouve pas vraiment d'adresse et les renvois ou interprétations des uns et des autres sont trop compromis. L'intuition d'une écoute autre est une sorte de pré-requis à la rencontre avec un professionnel. Mais à ce dernier revient de se positionner pour que la supposition d'un Autre qu'il vient incarner soit une fiction qui tienne. Jean-Jacques Rassial avertit ainsi que l'analyste, lorsqu'il est interpellé parce qu'il semble faire l'affaire, ne doit être ni un séducteur ni un maître (1996,[b]). Pas d'érotisation du transfert dans une connivence avec la souffrance de l'autre dans une remémoration nostalgique de ses propres impasses adolescentes ; pas de position de maîtrise sur le devenir-sujet pour celui qui est momentanément en panne de perspective. Beaucoup partiront pourtant au bout d'un seul entretien en énonçant qu'on ne les comprend pas ou qu'on ne leur apporte aucune solution. Le désir de l'analyste est plus que jamais malmené dans ces rebuffades au désir de parole. Jean-Jacques Rassial indique encore que l'analyste, dans ce premier temps de la cure, ne peut faire l'économie d'une invention, qui fait acte analytique et inaugure le passage à une rencontre psychanalytique. Mais invention corrélative d'une position de non-consistance qui seule permet une éthique de la supposition propre à l'acte analytique. Le risque en est la désillusion pour un sujet qui demande du sens à endosser tout de suite pour faire céder la souffrance.

Corinne, 20 ans, a des crises d'angoisse depuis trois mois. « J'ai la sensation de ne plus respirer du tout, d'avaler ma gorge… Je me regarde dans le miroir pendant mes crises… Je pense que je vais voir un trou à la place de ma gorge… J'ai l'impression d'avoir un couteau dans le cou… Ça arrive à répétitions, n'importe quand, en cours, avec des amis. Je suis rassurée car on m'a fait un électrocardiogramme à l'hôpital. Le médecin m'a donné du Lexomil pour me décontracter. II m'a conseillé d'extérioriser ça… J'attends des réponses. Une amie a eu des angoisses et a suivi un psy. La première c'était au retour des vacances. Je revenais d'une soirée d'anniversaire. Je me suis mise à trembler, à étouffer… Je me voyais mourir… Je paniquais. Je me demande quand ça va recommencer ? Tout allait bien pourtant. Je réussissais tout ! ».

Dans ce premier temps de la demande, parler, indiquer de quoi il va être question dans ce site de l'analyse est un acte requis pour l'analyste. C'est se mettre du côté de la parole et s'exposer comme objet de transfert. Au cas par cas. La proposition peut cependant dérouter. Certains le signifient très vite : ils ont parlé, tout dit, et ils ne voient pas maintenant ce qu'ils pourraient dire de plus. La fiction où la place du sujet est possible au-delà des identifications courantes et des semblants n'a pas, pour eux, d'attrait suffisant. D'où l'hypothèse qu'une invention est attendue chez l'adolescent lui-même, qui est littéralement un acte de transfert, qu'elle soit le résultat ou la condition de l'acte de l'analyste.

Intime/adresse/extime. D'une invention

Une jeune fille de 17 ans 1/2 concluait ainsi le deuxième entretien que nous avons eu : « J'écris des choses… Je ne sais pas si je peux les montrer… On pourrait voir des choses sur moi… Je les montre à des amies… Mais j'ai du mal à faire confiance… Il me faut du temps… Je sais que j'y arriverai ».

La supposition d'un site Autre est ici clairement énoncée. Toutefois, il comporte bien des risques imaginaires qui sont à la hauteur de l'étrangeté que ressent le sujet dans ses symptômes. Se dire est prendre le risque de se dévoiler et d'officialiser une part obscure qui n'a pas encore le statut de texte à déchiffrer. L'écriture du journal intime peut venir remplir cette fonction de recueil, recueil qui est à la fois un recel et une fermeture, un pour-soi, où le sujet ne s'adresse qu'à lui-même, même si, comme dans le passage cité, ce qu'il écrit peut être montré aux intimes. Mais les amis intimes sont investis eu égard à leur ressemblance et contiguïté psychique ; ce que l'un peut vivre est immédiatement partageable par l'autre. L'intime ici n'a pas réellement d'altérité.

L'invention à produire par l'adolescent qui demande une aide psychologique institue de fait un site d'écoute qui le sépare de ses lieux et modes habituels d'expression de l'intime. Il lui échoit d'inventer l'adresse. Au-delà du droit-à-la-parole qui paraît bien souvent suffire à justifier une demande, un effort est requis, qui est aussi un choix du sujet de s'engager dans un lien social duel qui spécifie l'espace analytique. Ce choix va à l'encontre du n'importelequel qui pourrait tenir lieu d'écoutant.

Maurice, 17 ans 1/2, vient parce qu'on lui « a dit de venir ». « Je veux m'arrêter, affirmet-il, devenir calme… J'ai des problèmes dans ma tête… Je m'énerve facilement et ne reconnais plus rien… Je deviens fou… Il y a un mois, j'ai failli tuer quelqu'un… Je me suis disputé avec ma copine… Je me suis donné deux coups de cutter (me montre son bras), sinon c'est à elle que je les donnais… J'ai été abandonné par mes parents… Ma sœur a été violée… J'étais en foyer… puis en prison… J'ai été pris par l'idéologie skean-head. J'ai arrêté parce qu'en prison je n'étais plus le "chasseur" mais le gibier. C'est moi qui ai demandé à mes éducateurs la mise en route d'une psychothérapie. Le juge me l'a conseillé aussi. Que se soit avec vous ou avec quelqu'un d'autre, je m'en tape ! ».

Accepter le pari de la parole adressée n'assure pourtant pas de ce que l'on va dire ni ce que l'on doit dire. Christophe, 22 ans, qui vient maintenant depuis plus de deux et demi, ne peut s'empêcher d'énoncer cette question. Mais pour lui elle a un double sens. Quand il vient, juste avant la séance, il ne sait vraiment pas de quoi il va parler. D'ailleurs, son adhésion au cadre a correspondu au moment où il s'est aperçu qu'il pouvait dire des choses qu'il n'avait pas pensé et lui venaient par association… libre. Son invention fut aussi celle-là. Mais ne pas savoir ce que l'on va dire, pour lui, signifie clairement qu'il consent à se laisser surprendre par ce qui vient à la parole et par la parole. Il consent à l'altérité et à une relation d'inconnu.

Vouloir parler n'est pas non plus une garantie contre ce que parler peut dire. Parfois l'altérité est radicale et expose le sujet avec l'extime. Le désir d'en savoir un peu plus sur son symptôme peut alors buter sur la dimension du réel vécue comme une horreur qui pétrifie et laisse sans voix.

Maxime, 18 ans : « J'ai fait plusieurs fois le même rêve bizarre. J'égorgeais quelqu'un… J'allais chez la mère de mon amie. Les flics venaient me chercher pour me mettre en prison. Quand on rêve plusieurs fois de quelque chose, le rêve se réalise… Je sais que ça va arriver ».

Ce que parler peut dire a autrement dit des liens avec la violence. L'imprévisible, le silence, le nouveau sont des formes de violence qui font écho à la violence du processus adolescent. Le recours au médicament n'est pas du tout rare pour faire cèder l'intolérable. C'est une réalité de la clinique actuelle avec laquelle nous composons. Comment pourrions-nous faire autrement dans cette course au tout-dépressif qui érige l'antidépresseur en solution à tout-faire ? Beaucoup d'adolescents que nous voyons sont également suivis par un médecin généraliste qu'ils se sont choisi ou le médecin de famille, lequel prescrit assez facilement et sans doute en toute bonne foi ce qui contre le conflit en le transformant en maladie-symptôme. Un pied dans l'écoute, un pied dehors. Chacun cède pour un temps au rêve du médicament idéal.

Conclusion

La prévention des conduites à risques est devenue une priorité de santé publique. La morbidité des jeunes est une donnée que personne ne conteste et que l'on doit déplorer. La psychiatrie infanto-juvénile participe de fait à cet effort de prévention en proposant des lieux de parole comme celui que nous venons de décrire. Notre expérience montre que ce sont surtout les plus grands adolescents (16-20) qui utilisent ce dispositif et plus précisément les jeunes filles. Venir parler demande une confiance aux effets de la parole mais aussi à l'adulte-psychothérapeute auquel elle s'adresse. Cette confiance fonde la situation d'interlocution inédite d'une relation analytique(Gori, 1996). Mais tenir cette position dans le service public, s'offrir comme adulte-objet-de-transfert pour des sujets en passage vers le monde adulte ne peut totalement correspondre à une logique de programmation au sein d'un projet préventif qui devrait comptabiliser les résultats et l'efficacité de chacun. Dans la raison sanitaire qui privilégie le pour-tous, le un-par-un peut paraître hors-la-loi ! Même à ce niveau se joue l'enjeu de l'ingérence étatique dans une pratique se référant à la psychanalyse. L'actualité du service public de santé mentale fait craindre le pire. L'imprévisibilité et l'indétermination propres à l'inconscient et à une clinique sous transfert où rien n'est assuré d'avance, échappent au PMSI[4] Mais quels moyens a-t-on pour les y faire rentrer ? Car il faudra bien composer avec cette logique-là. Sinon…

Références

Douville O., « Essai sur la mélancolisation du lien social », Ptha, 1997, n° 1/2, pp. 59-77.

Gori R, La preuve par la parole. Sur la causalité en psychanalyse, PUF, 1996.

Joly P., "Prévention et soins des maladies mentales. Bilan et perspectives", Journal Officiel, jeudi 24 juillet 1997, n°14, 130 pages.

Lambert Y. et Michelat G., "Les jeunes et la religion ", Adolescence, 1994, 24, pp. 125-141

Lebrun J.P., Un monde sans limite. Essai pour une clinique psychanalytique du social, Erès, 1997.

Legendre P., Dieu au miroir. Etude sur l'institution des images, Fayard, 1994.

Lesourd S., Adolescences... Rencontre du féminin. Essai psychanalytique sur la différence des sexes, Erès, 1994.

Musil R.,[1930/1933], L'homme sans qualités, Editions du Seuil, 1956.

Rassial J.J.(a), Le passage adolescent, Erès, 1996.

- (b), L'adolescent et le psychanalyste, Petite Bibliothèque Payot, 1996.

Renard et coll., « L'accueil des adolescents dans un dispositif parisien », Neuropsychiatrie de l'Enfant et de l'adolescent, 1992, 40, 11-12, 622-632

Vernant J.P., La mort dans les yeux. Figures de l'Autre dans la Grèce ancienne : Artémis, Gorgô, Hachette, 1985.

Samacher R., "Particularités de la demande et de l'entretien clinique en Centre Médico-Psychologique", Psychologie clinique, Nouvelle série, n° 1, 1996, pp. 127-139.

[1][1] Maître de Conférences, Université de Rouen, Psychologue.

[2] Les dispositions de la circulaire n°70 du 11/12/1992 relative aux orientations de la politique de santé mentale en faveur des enfants et adolescents (et jeunes adultes comme le texte le précise) traçaient le cadre de l'action du service public en la matière

[3] Les éditions Mille-et-une-nuits et le Nouvel Observateur ont publié en 1998 une nouvelle de l'écrivain anglais Will Self, considéré par certains comme l'un des plus représentatifs et créatifs du moment, ayant pour titre : « Une histoire pour l'Europe. », qui raconte la consultation de parents chez un pédopsychologue (sic) pour leur garçon Humpy.

[4] P.M.S.I. : Programme de Médicalisation des Systèmes Informatiques. D'inspiration nord-américaine, ce programme vise à répertorier et comptabiliser toutes les activités hospitalières selon des modèles statistiques pour en évaluer les coûts et définir les " bonnes pratiques professionnelles".