Some Day You'll Come Back To Me

Viola Mc Coy

Par Olivier Douville

Some Day You'll Come Back To Me - Viola Mc Coy (1900-1956) - 78t - New York, 1926-12-00

Orchestre : Viola Mc Coy (vocal) acompagnée par Louis Metcalf (cornet) ; Cliff Jackson (piano)

La discographie de Viola Mc Coy est, à l’instar de celle de tant d’autres chanteuses de sa génération, undes plus ébouriffants casse-tête qui soit pour le collectionneur. Souvent sollicitée, la chanteuse trouve commode de multiplier les pseudonymes afin de ne pas se trouver en délicatesse avec ses contrats principaux et souvent concurrents.

La voici qui, Amanda Brown pour Columbia, Perfect etPathe se mue en Daisy Cliff pour la petite firme Guardsman. La concurrence fait rage. Oriole et Domino voulant, à leur tour, l’enregistrer la voici disposée à le faire mais sous les noms interchangeables de Clara White ou de BessieWilliams. Le discographe qui en a avalé ses 78 tours et son chapeau, découvre au bord de l’évanouissement que la pétulante et fugace Gladys White de la marque Varity, est une chanteuse véritablement proche de style de la fort énigmatique Fannie Johnson de l’écurie Cameo, il ne peut alors manquer de trouver cette dernière affine de ton et de façon avec Susan Williamsdu label Lincoln.

Il en déduit, avant son internement d’urgence en maison de repos, qu’il ne s’agit en rien de trois femmes différentes mais bel et bien d’une trilogie de circonstance qui trouve son unité et son identité en la personne de la « dear old Viola ».

On peut ici parler de ruse, invoquer les nécessités du détour et du contournement, tout expliquer par cette foutue nécessité qui fait loi, il n’empêche, cet usage au fond surréaliste des pseudos nous indique aussi à quel point la question de l’identité féminine et de l’instable est au cœur de la chanson et du blues de ces années là.

La coquette et bien scénique Viola a fait ses classes dans les théâtres populaires et les tournées. Elle aime chanter les hommes infidèles, les sortilèges du sexe, les amants infatigables. Bonne comédienne et excellente diseuse, elle sait faire rire et pleurer son public qui marche comme un seul homme. En 1926, sa carrière discographique menée de façon capricante et insouciante, fait d’elle une artiste très entendue sinon très identifée.

Cette session de 1926 vaut aussi pour le jeu tout à fait précis, ductile et inventif de Louis Metclaf. Viola y fait étalage de bien des malices et de bien des charmes, nul doute alors que son homme lui reviendra. Tenez, écoutez la fin de ce morceau, ne dirait-on pas qu’il est juste là, derrière la porte, à entendre que la chanson soit finie pour un « happy end » joyeux et sensuel.

Cette joie de chanter, ce plaisir d’accompagner, qui sont les ingrédients simples et nécessaires d’une délicate complicité entre Metcalf et Mc Coy, donnent une idée directe et belle d’une amitié entre jazzmen et blueswoman

Olivier Douville

Viola Mccoy - Shake That Thing (1925)