Lionel Hampton - Flyin' Home

Par Olivier Douville

Lionel Hampton (1909-2002)

New York , 1941-05-26, Decca - 78t - Orchestre : Lionel Hampton (vibraphone et leader) ; Ernie Royal, Karl George, Joe Newman (trompettes) ; Fred Beckett, Luther Crven, hrry lon (trombone) ; Marshall Royal (clarientte et saxophone alto) ; Ray Perry (violon et saxophone alto) ; Illinois Jacquet, Dexter Gordon (saxophones ténor) ; Jack Mc Vea (saxophone baryton) ; Milt Buckner Irving Ashby (guitare) ; Vernon Alley (contrebasse) ; George Jenkins (batterie)

Après avoir quitté Benny Goodman et gravé quelques-unes des faces les plus exemplaires du "middle-jazz" pour la firme Victor, Lionel Hampton retrouve la côte Ouest des U.S.A. et forme, avec l’assistance éclairée du saxophoniste Marshall Royal, son premier grand orchestre qui à Los Angeles, connaît dès 1940 un succès immédiat. Des solistes importants s’y succèdent, tous de nouveaux talents. Hampton qui a 31 ans est le doyen de la jeune équipe.

Count Basie verra dans cet armada de jeunes turcs « une des formations la plus excitante du moment ».

Déniché par le « Hamp », le saxophoniste Illinois Jacquet, né à Houston (Texas) confie à la cire, dans cette version de Flyin’ Home, son solo le plus célèbre. Il sera repris en hommage par de nombreux saxophonistes dont Arnett Cobb. Jacquet jouera par la suite chez Cab Calloway puis Count Basie. Lui qui a débuté dans un grand orchestre, celui du trompettiste Floyd Ray, est à l’aise pour situer son volume, son attaque de l’instrument aussi, devant une masse d’une quinzaine de musiciens.

Son jeu est l’archétype de ce que la critique situe comme le « ténor texan », pour qualifier un jeu de saxophone énergique, bouillonnant et intarissable.

Les 64 mesures de son solo le situent cependant bien au-delà d’une telle définition. Jacquet réussit un alliage rare et conquérant entre les styles fougeux et véhéments d’un Chu Berry ou d’un Coleman Hawkins, et la liberté dans la découpe des valeurs rythmiques chère à Lester Young.

Le trompettiste qui survole de ses notes suraiguës la conclusion est le frère de Marshall Royal, Ernie Royal, que les parisiens purent entendre au tout début des années cinquante, lorsque Jaques Hélian l’engagea.

Ce classique du jazz orchestral a été écouté et « pioché » autant par les leaders de grands orchestres que par tous les jeunes saxophonistes de l’époque qui firent de Jacquet et de sa version de Flyin’ Home un de leurs plus précieux et stimulants modèles.

Ce même thème avait été enregistré antérieurement par Hampton pour Victor le 26 février 1940 avec un solo assez fade de Jerry Jerome mais un superbe drive du trop oublié trompettiste Ziggy Elman.

Olivier Douville