Don't Take That Black Bottom Away

Annette Hanshaw (1901-1985)

Par Olivier Douville

78t - New York, 1926-10-00, Pathé Actuelle

Orchestre : Annette Hanshaw (vocal) accompagnée par Red Nichols (cornet) ; Miff Mole (trombone) ; Jimmyu Lyttle (clarinette) ; probablement Willie Whyte (piano) ; probablement john Cali (banjo) ; Joe Tarto (tuba). Annette

Hanshaw, la jolie môme de l’Amérique des années trente chantait fort agréablement entourée de ses copains les jazzmen blancs de New York. Pour comprendre son grand succès on pourrait invoquer bien des qualités de mise en place, de diction et de fraîcheur. Ce qu’une oreille même à peine avertie décèle sans difficultés. Ces constances musicales ne suffisent pourtant pas à prendre la mesure du phénomène Hanshaw.

Cette chanteuse tout à fait charmante semble bien, avec le recul du temps, être un pendant musical de l’actrice Mary Pickford. Toutes deux, l’une par l’image, l’autre par le voix, rejoignent la même pose, et agissent le même stéréotype, celui de la « petite fiancée de l’Amérique ». Cette culture populaire blanche américaine d’avant la grande dépression de 1929 a mis en forme ce motif de le brave gosse volontaire, pas bégueule mais ingénue, façon de petite sœur idéale qui sait tenir sa place parmi les garçons de son âge.

Cela fait un peu chiqué et la belle Telma Therry entouré d’une bande de mufles connaissait tout l’envers de ce décor. Annette, elle , qui restera, jusqu’à se retraite musicale en 1935, vedette du disque et de la radio,a pu entretenir dès le départ de sa carrière des rapports amicaux et confiants avec ceux qui donnèrent à la musique populaire new-yorkaise une bonne part de sa sonorité policée et joyeuse : les Nichols, Molle, Lang, Rollini et Venuti.

Afin de mieux passer d’une compagnie d’enregistrement à une autre elle a gravé des 78 tours sous divers pseudonymes : Ethel Bingham, Dot Dare, Gay Ellis, Marion Lee, Janet Shaw, Lelia Sandford ou encore Patsy Young.

Annette Hanshaw ne fut jamais convaincue de ses qualités de chanteuse et de musicienne, d’où son retrait précoce. Une telle auto-dépréciation nous paraît aujourd'hui excessive, tant ce qui nous reste de ses enregistrements met en valeur une bonne vocaliste sensible et vive, qui, de plus n’a jamais poussé ses incontestables dispositions à l’ingénuité jusqu’à la fadeur.

Ce disque aux paroles un peu coquines la montre tout à son avantage et les excellents garçons qui l’accompagnent jouent avec aisance, décontraction et élégance. Ce « Don’t Take Your Black Bottom Away » réjouit encore.

Olivier Douville