Transmission de la psychanalyse et état de la question à partir de la situation iranienne

Par Nader Aghakhani[1]

Désireux de faire un état des lieux de la psychanalyse en Iran, j’ai rencontré des psychanalystes iraniens en France et plusieurs psychiatres en Iran lors de mes voyages annuels depuis 2002. Personne ne mentionnait de psychanalyste en exercice en Iran et, à part quelques traductions récentes de Freud[2] et depuis peu de Lacan[3], il n’y circule que des traités de psychiatrie et de psychologie[4]. Je me résignais donc à penser qu’il n’y avait pas de psychanalyste en Iran. Or mon dernier séjour m’a prouvé le contraire. D’ailleurs dans ces périodes troubles où le pouvoir en place est mis à mal et qu’une grande partie du peuple et certains dirigeants veulent des changements dans la gestion du pays, du gouvernement et remettent en question le rôle de la religion dans la gestion du pays, il semble y avoir une place pour la psychanalyse et « la demande est telle que rien ne peut constituer un obstacle à sa propagation ». Les institutions et les spécialistes, face à une phase de transition sociale et une demande d’écoute d’un autre genre ne peuvent qu’accepter de compter avec la psychanalyse. Est-ce un bien ? Nous verrons si les psychanalystes qui exercent en Iran pourront poursuivre leur travail, étendre le champ de leur présence à l’université et aider la société iranienne à analyser les crises qu’elle a traversé et qu’elle traverse. Il est évident que l’introduction de cette discipline amène avec elle une reprise des manières dont, dans cette société, sont appréhendés et mis en rapport la mort, la jouissance, le corps et le langage. Est ce que ce pays est prêt pour cette remise en question et un rapport juste au langage ? Quand aux effets que cela peut produire, le temps nous le dira…

Avec deux noms, un numéro de téléphone et quelques questions en tête, je suis parti en août 2009 à Téhéran. Le numéro de téléphone que j’avais était celui de Mr Rafâtian, praticien analyste à Téhéran. Passé le temps de reprendre pied sur terre, je l’appelle et nous convenons d’un rendez-vous à son cabinet, à Amir abâde shomali. Il est plus direct et concis dans l’échange que la majorité des iraniens qui enrobent leur parole de târof (de manières), cette façon si orientale d’encenser son interlocuteur.

Docteur Rafatian

Déjà médecin, il part en France terminer ses études de psychiatrie et revient en Iran en 1992. Il y pratique la psychothérapie analytique et la psychanalyse dans son cabinet privé. Il reçoit des personnes seules, des couples et des familles. Il n’a pas beaucoup de demandes pour des cures types (un à deux pour cent estime-t-il). En général, il y a beaucoup de demandes concernant le couple. Il traite souvent des problèmes liés à l’adolescence et aux pathologies narcissiques. Lors de la formation, il existe une unité de valeur de psychothérapie dans la formation des psychiatres, avec une option analytique ou (et) cognitive. Lui-même tient des séminaires avec des étudiants en psychiatrie depuis 1998. Il pense qu’en Iran nous vivons une phase de transition qui crée la demande d’autres approches. Les étudiants viennent pour apprendre et il faut du temps pour changer de regard, d’approche, de manière de penser. Cela fait sept ou huit ans que les étudiants en psychiatrie se forment à cette approche et depuis cinq ans à peu prés, les étudiants en psychologie sont aussi intéressés par la formation en psychothérapie. Le Docteur Rafatian ne travaille ni à l’Université, ni dans un hôpital. Pour finir, je lui demande ce qu’il pense du rapport de la culture et de la religion à la psychanalyse. Il me dit que « la psychanalyse ne change pas mais il faut du temps pour avoir un effet sur la culture » (l’homosexualité, les droits de la femme). Il m’indique le titre d’une de ses interventions dans un colloque international « Les limites de la psychothérapie en Iran ». A ma question de savoir quel autre psychanalyste je pourrais voir, il me donne le numéro et l’adresse du Docteur Sanati qui assure aussi des séminaires et qui a fait ses études en Angleterre. Ma question lui rappelant peut être de mauvais souvenirs, il me dit que je pourrai écrire dans mon article que quand il est arrivé à Téhéran certains collègues lui auraient dit : « Tu es venu faire de la psychovacherie… » (ravangavi au lieu de ravankavi).

L’autre nom que j’avais était celui de Mme Kadivar[5]. Le Dr Rafatian en avait entendu parler mais n’avait pas ses coordonnés. J’ai alors appelé l’association de psychologie de l’université, l’association des psychiatres, l’université de Téhéran, l’association de psychologie de l’Iran. Dans cette dernière une personne m’a dit que le Docteur Kadivar donne des cours quelque part devant le parc de Saîi. A la fin de mon séjour un des élèves de Mme Kadivar m’apprend qu’elle est en vacances et qu’en son absence il s’occupe d’un de ses groupes où se lisent des textes de Freud et de Lacan traduits par Mme Kadivar. D’autre part, elle reçoit en analyse pour former seulement des psychanalystes qu’elle n’autorise pas facilement à recevoir des patients. Il existe d’autres associations de ce genre en Iran, avec des personnes plus ou moins qualifiées où sont proposées des formations, sortes de workshops proposés à des étudiants pour se spécialiser.

Je décide d’aller voir le Docteur Tarighati qui m’avait aidé lors de mes recherches pour ma thèse. Je sais qu’il n’est pas très attiré par la psychanalyse, mais comme il est membre d’une famille de médecin, depuis plusieurs générations et qu’il travaille depuis longtemps comme psychiatre et directeur de l’hôpital psychiatrique Rouzbeh (hôpital psychiatrique très connu de Téhéran), il est important pour moi de connaître plus précisément son avis.

Docteur Tarighati

Quand je lui dis mon intérêt pour l’histoire de la psychanalyse en Iran, il trouve très intéressant le sujet de mes investigations et me parle de la première génération des praticiens psychanalystes des années 1960 : le Docteur Hoshiar Sanai, le Docteur Shamlou, Ahmad Ordoubari à Shiraz… Il me dit : « Ce sont eux qui au temps de Freud, après des études à l’étranger, sont revenus ». Mais il pense que depuis, en Iran comme partout dans le monde, la psychanalyse, avec l’apparition de d’autres spécialités et de nouveaux médicaments, a perdu du terrain. Il dit que cette première génération a surtout travaillé en privé avec des patients névrosé. Par ailleurs, « que ferait un psychanalyste avec un psychotique ? ». Il estime que les personnes de sa formation ne reconnaissaient pas vraiment la psychanalyse. Il parle en fait de sa formation en Angleterre à Modsley Hospital où l’approche est très organique. Lui même se reconnaît comme un prescripteur de médicaments (darou nevice) qui fait parfois des thérapies « de surface ». Il pense que pour la psychanalyse, il faut avoir un certain niveau financier, des connaissances, du temps et la possibilité de s’inscrire de manière régulière dans une démarche. Ces conditions font que ce « travail de luxe » ne peut fonctionner en Iran. Il dit que comme psychiatre de l’hôpital ses lits sont plutôt réservés aux malades souffrant de psychose et qu’à Rouzbeh ils ont toujours veillé à être éclectiques et à ne fermer la porte à personne, ni à telle ou telle façon théorique de penser les soins. Surtout, rajoute-t-il qu’une méthode peut convenir à un malade et une autre méthode à un autre malade. Lui travaille avec les personnes qui ont besoin de médicaments et il adresse les autres à d’autres praticiens. A ma question sur la culture, il répond en disant que « notre spécialité contrairement au métier du chirurgien qui fait seulement de la chirurgie, à aussi affaire avec la politique » et que c’est un métier qu’on juge avec mépris car on pense que c’est fait pour « ramasser (réunir : jamekardan) le cerveau ». Il ajoute qu’il ne sait pas encore très bien ce que fait le Dr Rafatian. Pour finir, il me dit avoir vingt à trente patients par soir à son cabinet et qu’il y aurait un patient par semaine pour lequel il penserait à la psychanalyse. Il y en aurait aussi à peu près cinq qui relèveraient de TCC, cinq de thérapie de groupe et cinq de thérapie familiale. Il pense que les psychothérapeutes auraient un grand rôle à jouer dans les problèmes de couple et que des thérapies de couple pourraient être très bénéfiques. D’autre part, il m’apprend que depuis une dizaine d’années les psychologues n’ont plus besoin d’être sous la tutelle d’un médecin et que pour travailler il leur suffit maintenant, leur diplôme obtenu, de s’inscrire à l’association des psychologues. Il me confirme aussi un bruit prétendant que certains praticiens comptent le prix de leur consultation en fonction des minutes (environ mille toman par minute) passées avec le patient. (Il est vrai que les cabinets sont remplis de monde). Il m’indique que, pour mes recherches, je dois rencontrer le Dr Sanati.

Docteur Sanati[6]

Il m’a reçu dans son bureau à Shahrake Gharb, quartier résidentiel huppé où il dit avoir installé son bureau pour pouvoir travailler tranquillement. Il est psychiatre, membre de l’association de psychiatrie, psychanalyste, professeur à l’université de Téhéran et travaille aussi à l’hôpital Rouzbeh. Il a terminé ses études de médecine en 1971 à Téhéran et après avoir travaillé dans un centre de toxicologie traitant aussi du suicide, il est parti en Angleterre en 1974 pour se spécialiser en psychiatrie. Fin 1983 il revient en Iran et commence à enseigner à l’université. Il lui est conseillé de ne pas parler de Freud et de la psychanalyse. Un des fondateurs de l’approche psychanalytique en Iran, il me retrace l’histoire de la psychanalyse en Iran qui à partir de 1983 se lie à sa propre histoire. Les premiers psychiatres iraniens qui ont fait leurs études à l’étranger étaient partis en France vers la fin des années quarante. Ils étaient alors fervents de neuropsychiatrie. Le Docteur Sanaï, intéressé aussi par la psychanalyse, avait réuni de nombreux ouvrages à la bibliothèque de l’université et lui même avait travaillé sur le parricide et l’infanticide dans le Shahnammé (livre des rois) et proposé le complexe de Rostam (le héros légendaire perse qui sans le savoir tue son fils dans un combat). D’après le Docteur Sanati, les premières traductions de Freud datent de la fin des années soixante[7], à l’époque où le département de psychiatrie s’est constitué. Amir Hossein Aryanpour[8], un sociologue influencé par les idées marxistes est le premier qui dans son livre Freudisme a présenté les travaux de Freud. Sa présentation était une critique politique de la psychanalyse,. En 1970 Mohammad Ali Khonji publie sa traduction de Totem et tabou. Plusieurs livres de Jung sont aussi traduits[9].

C’est dans le début des années soixante que le Docteur Iraj Siassi, attiré par la théorie analytique, ayant fait ses études supérieures aux Etats-Unis crée l’« Institut de psychiatrie de Téhéran » et accepte des résidents à l’hôpital d’Amin Abad dont il a la direction. Il met en place des séminaires où il est question de psychanalyse. Au même moment la neuropsychiatrie se développe à l’hôpital Rouzbeh. Dans les débuts des années soixante dix, le Docteur Shamlou[10], psychologue ayant fait, lui aussi, ses études supérieures aux Etats-Unis, revient en Iran et commence à enseigner à l’université. Il est de diverses orientations, avec surtout un intérêt pour la psychologie dynamique. Il est en quelque sorte envoyé en exil au département de psychologie de Rouzbeh. Il n’a aucun contact avec les psychiatres de l’hôpital. A cette époque la plupart des médecins intéressés par la psychanalyse ont fait leurs études supérieures aux Etats-Unis (Duke University en Caroline du Nord, l’université de New York…) et ils travaillent en général en cabinet privé. Ils n’ont pas d’activité de recherche et ne font pas de formation non plus. Le Docteur Sanati dit qu’il ne reste de cette époque que des malentendus à propos de la psychanalyse. Elle a été appréhendée comme une approche qui à « corrompu » l’occident. Par exemple, le Docteur Shariati (philosophe, théologien, très actif dans la révolution, il a vécu en France et a connu J.-P. Sartre) dans son livre Zan[11] (femme) insulte Freud. Dans les dix pages où il parle de la psychanalyse, il prétend que la corruption de la pensée en occident commence avec Freud. Les théoriciens de la psychanalyse qui échappent à ce jugement sont d’après le Docteur Sanati : Jung grâce à son penchant pour le religieux et le mysticisme, Eric Fromm attiré par le marxisme et Karen Horney, une adlerienne intéressée par le socialisme.

En 1978, après la révolution, il y a une nouvelle rupture en Iran. L’institut de psychiatrie est fermé et le Docteur Siassi est renvoyé. Les psychiatres psychanalystes travaillant en privé émigrent aux Etats-Unis. Puis est inauguré de nouveau un institut de psychiatrie avec des directeurs opposés à la psychanalyse ridiculisant ceux qui en parlent. Il est dit que les idées présentées par la psychanalyse sont insensées, ne sont pas valides et que l’on y parle que de sexe. Cette rupture en Iran n’est pas sans lien avec les changements, les avancées des neurosciences dans la connaissance du cerveau et la découverte de nouveaux traitements, qui ont lieu aux Etats-Unis dans les années 80. Le seul qui dans sa pratique fait encore un peu de place à la psychanalyse est le Docteur Shamlou, une des personnalités qui a introduit l’approche psychologique en Iran, mais qui, au plan théorique, est plutôt béhavioriste. A cette époque même le Docteur Bakhtiar, un analyste jungien installé à Ispahan, émigre aux Etats-Unis. Il reste alors un psychologue kleinien dans le département de psychologie de l’université de Chiraz, mais certains psychiatres faisaient courir le bruit qu’il était malade. Donc à cette époque il y avait une « guerre culturelle » contre la psychanalyse et Freud était présenté tant par les religieux que par les gauchistes comme un médecin (scientifique) corrompu.

C’est en 1982 que le Docteur Sanati revient en Iran après avoir terminé ses études supérieures en Angleterre. Il commence à travailler à l’université de Téhéran, devient le directeur de l’hôpital Rouzbeh et de l’Université de Téhéran. Il n’empêche, au tout début de sa carrière d’enseignant, ses supérieurs et collègues lui conseillent de ne pas parler de psychanalyse. Il accepte mais présente quand même les concepts analytiques dans une partie réservée à l’histoire de la psychiatrie et des travaux liés au psychisme. Par ailleurs, il réuni dans son cabinet les étudiants qui lui sont proches pour les former à l’approche psychanalytique. Par la suite, avec le docteur Mehrabi (sexotherapeute), ils mettent en place des séances de supervision pour des résidents en psychiatrie. Après quelques années le conseil d’administration de l’université l’écarte du jury qui accorde le diplôme de psychiatre. Alors il commence à présenter la psychanalyse, dans les médias (radio et télévision)[12], mais sans prononcer le nom de Freud – ce qui était un délit pire que de prononcer le nom de Marx ou de Darwin. Il y fait une analyse psychanalytique de l’art et de la littérature qui éveille l’intérêt de beaucoup de personnes. Des artistes font même appel à lui pour analyser leurs œuvres. Enfin en 2006 la maison de la culture lui demande une série d’articles à propos de l’analyse psychanalytique et de former un groupe psychanalytique de critique et d’analyse. Mais bien avant cela, ses propos attirant de plus en plus les étudiants en psychiatrie et en psychologie. En 1990, la direction de l’hôpital de Rouzbeh lui concède une pièce dans l’hôpital pour qu’il enseigne et qu’il puisse recevoir des patients. Donc, à Rouzbeh, le matin il est psychiatre et le soir il donne des cours de psychanalyse. A cette époque ses cours n’étaient pas officialisés. C’est en 1995 que la psychothérapie entre de manière semi-officielle dans la pratique clinique de Rouzbeh. Beaucoup d’étudiants qui se spécialisaient en psychiatrie venaient à Rouzbeh pour s’inscrire dans les cours de psychothérapie analytique. Le Docteur Sanati se trouve alors dans l’obligation de prendre en analyse ses propres étudiants. Heureusement, dans ces années là, le Docteur Rafatian revient aussi en Iran et cela lui donne la possibilité d’adresser les demandes de psychothérapie de ses étudiants à un autre praticien.

En parallèle le Docteur Sanati met en place des groupes de parole à partir de 1985 dans son cabinet. Au départ il fait des groupes mixtes et constatant qu’après une période de séduction mutuelle où tout le monde est gentil (« les participants se transforment tous en prétendants ») les membres du groupe passent à l’acte et ne respectent plus les règles d’abstinence. Alors il décide de faire des groupes séparés pour hommes et pour femmes, qu’il continue encore. A ce jour il anime plus de quinze groupes. Pratiquant la psychothérapie analytique et la psychanalyse, ses amis psychiatres lui disaient qu’il ne pouvait y avoir de demande de ce genre en Iran. Mais, peu après, il n’avait plus assez de temps pour recevoir de nouveaux patients et ses amis recevant des demandes de psychothérapie ne savaient, par manque de praticiens, où les adresser.

Les efforts du Docteur Sanati et de quelques autres personnes ont fait que à l’heure actuelle, en Iran, tant sont nombreuses les demandes de psychothérapie que « l’état est obligé de donner le moyen de former des personnes pour répondre à cette demande ». Ces amis psychiatres lui disent qu’il les a trompés en prescrivant au départ des médicaments comme eux. Maintenant ils ont même fait une place à la psychothérapie dans le congrès de psychiatrie. En 2000 les résistances les plus fortes à la psychanalyse sont dépassées. Le Docteur Tavakoli (élève du Docteur Sanati) est missionné pour superviser la constitution du programme du cursus de psychiatrie. Il y fait entrer le Docteur Sanati et ils réussissent à introduire une unité de valeur de psychothérapie de 9 à 12 mois (psychanalytique et/ou cognitive) dans le cycle de formation. Apparemment, dans la pratique, cela a débuté depuis un ou deux ans seulement, car il a fallu deux ans pour imaginer le contenu de la formation et quatre ans pour obtenir les accords nécessaires à sa mise en place. Cette situation fait que toutes les universités sont maintenant obligées d’engager des professeurs capables d’enseigner ces matières. Depuis quelques années il y a aussi une section de psychothérapie dirigé par le Docteur Sanati à l’intérieur de l’association des psychiatres.

Cependant de nouvelles résistances sont alors apparues. Le Docteur Sanati ne monte plus en grade dans la hiérarchie universitaire et alors qu’il veut avec le docteur Moïne mettre en place un diplôme universitaire, un de ses anciens élèves qui maintenant détient un poste important y fait obstacle et ne donne pas son accord. En fait, pour développer un enseignement de qualité il est nécessaire de créer des instituts qui sont reconnus par l’Etat qui a pour le moment reconnu la psychiatrie mais non la psychanalyse. Le rapport avec l’Etat est très complexe, d’une part il y a de l’opposition et d’autre part des démarches, par exemple accueillir le congrès de psychothérapie de l’Asie, qui font une place à l’approche analytique. « En fait en Iran tout dépend des personnes et comment chaque individu occupant un poste important se positionne par rapport à telle ou telle chose. Cela crée une société avec beaucoup de divergences en son sein ».

Pour terminer notre discussion je le questionne sur le rapport de la psychanalyse à la culture iranienne. Il me dit réfléchir à la pratique analytique dans un pays comme l’Iran qui à son avis est « marg talab »[13] (tanatophile), à la différence de la pratique en occident qui serait « marg agah » (consciente de la mort)[14]. D’après lui, la plupart de nos poètes (à part Hafez, Saadi et Mevlana) sont tous tanatophiles et « nos enfants sont nées dans la tombe ». Il pense que la société iranienne n’a pas de problème avec le sexe mais un problème avec la pensée. Pour lui le problème c’est toujours la pensée et son expression. Par ailleurs il dit travailler la question de la dépendance dans ses cures : « Le problème apparaît quand on aborde la question de la responsabilité de chacun dans ses actes et qu’il s’agit d’y réfléchir ».

A part le Docteur Rafatian et le Docteur Sanati, que j’ai rencontrés, il y a aussi d’autres personnes qui tiennent des séminaires et des groupes d’analyse de la pratique : le Docteur Moradi qui a même obtenu une autorisation pour un institut de psychanalyse. Il tient des groupes de formation en psychothérapie de deux à six ans. Il y a le Docteur Akhavan, élève de Kornberg, et le Docteur Homayounpour qui après des études aux Etats-Unis sont revenus en Iran depuis quelques années. Ils ont tous les deux mis en place des formations. Le dernier, qui ne forme qu’à la psychanalyse, donne aussi un jour par semaine un cours à l’université de Shahid Beheshti, où il fait aussi des présentations de cas. Un exemple de ces groupes de travail ou de formation est celui du Docteur Rafatian qui se déroulait encore en sa présence, malgré la période estivale qui correspondait au temps de mon séjour.

Les groupes de travail

Trois fois par semaine les étudiants en psychiatrie et en psychologie se réunissent dans le cabinet du Docteur Rafatian et dans une atmosphère de travail parlent aisément de leurs cas. J’ai eu la chance de participer à plusieurs de ses séances. En général, avant ou après la séance je discutais librement avec quelques un(e)s des participant(e)s. Voici un résumé de ces moments. Comme partout dans le monde les TCC ont beaucoup de succès en Iran. Certains malades n’ayant pas les moyens de s’acheter de nouveaux médicaments, les médecins sont obligés de leur prescrire des anciens médicaments avec beaucoup d’effets secondaire. Il est intéressant aussi de savoir que quand un malade n’a pas de symptôme spectaculaire, la famille peut pendant des années le laisser dans un coin sans jamais penser à consulter. Apparemment ces cas sont nombreux en Iran.

J’ai aussi entendu parler de la situation des hôpitaux dans lesquels il y a de plus en plus la possibilité pour des malades de venir consulter, notamment des thérapeutes, même à l’hôpital d’Amin abad (Razi). L’interne qui m’en parle dit avoir vu des patients hospitalisés là bas depuis quarante ans. Elle même, avant d’y aller, avait peur de s’y rendre et dire à quelqu’un d’aller à Amin abad est devenu une insulte (comme aller à Sainte Anne). Il s’agit d’un hôpital situé dans le banlieue de Téhéran qui est un des seuls hôpitaux qui accepte des malades chroniques. Avec mille et quelques lits il est l’un des plus grands hôpitaux psychiatrique du moyen orient.

Les cas présentés

- Une femme se sent khabiss (vicieuse, perverse, méchante) à cause de son agressivité par exemple envers sa mère. Alors elle voudrait ne plus avoir de sensation. Elle dit ne pas vouloir parler de son ex-mari qui la frappait. Elle commence à l’oublier et arrête de venir quand elle s’aperçoit que même ses professeurs de yoga ne sont pas bons et qu’elle a elle aussi le droit de s’énerver.

- Une femme venant pour la deuxième fois à l’hôpital pour être hospitalisée à cause des coups de son mari. Ils ne sont pas pareils, pas de la même région. Son père aussi la frappait… elle a fait des études… son patron a voulu profiter d’elle… et une fois un chauffeur de taxi. « Hospitalisez-moi pour que je m’éloigne un peu de là. J’ai des idées de suicide… il y a deux trois jour il m’a frappé jusqu’à la mort. J’ai peur du divorce et de la solitude, il veut me rendre folle. Après les disputes c’est moi qui fait le premier pas. La douleur qu’il me donnait me soulageait. Il ne vient pas vers moi, il dit être impuissant. Moi docteur qu’est ce que je fais (avec lui) ? ».

- Femme de 28 ans a une fille de 6 ans, elle est diplômée, porte le tchador, étudiante en direction, elle travaille. Elle vient à cause de pensées obsédantes en rapport avec la religion. A chaque fois qu’elle voit quelque chose à propos de la religion, des injures grossières lui viennent en tête. Elle a déjà vu plusieurs psychiatres. Elle dit qu’elle a ce problème depuis l’âge de 17 ans. Quand elle prie au moment de s’agenouiller… des images et puis des gros mots. (le docteur l’interrogeant sur ces mots n’obtient que merde, âne, ….). Après quelques séances, elle arrive en manteau serré[15] en disant, je suis arrivée à cette conclusion que le tchador n’est pas bien, quand je travaille il s’enroule dans mes pieds puis, la religion ne tient pas qu’au tchador. Et puis à la dernière séance elle a dit : « je suis bien (guérie). Ma voisine m’a dit “tu dois te guérir toi même” ». « Je ne veux plus venir ici, je veux quelqu’un qui parle ».

Ces pensées obsédantes doivent sûrement lui venir à cause des péchés qu’elle a commis. Alors elle s’applique de plus en plus dans la religion. Elle a tout lu, les hadithe (propos du prophète ou de ses compagnons, rapporté par la tradition), ressale (traité), doa (prière), les djinn (esprit) et pary (fée). Quelqu’un lui aurait dit que c’est de l’obsession. Il y a huit ans elle a vu un psychiatre et là on lui a parlé du Docteur Salimi pour une thérapie (éducative, connaissance de soi). Le docteur dit que cela (les obsessions) n’est pas l’essentiel. Elle travaille de 4h du matin jusqu’à la tombée de la nuit. Son mari est aimable, il la soutient. Mais il est froid, « j’ai besoin de plus d’affection ». Ses propres parents pendant longtemps ne pouvaient avoir d’enfant. Grâce aux prières et à la dévotion (doa et ebadate) Dieu la leur a accordé. Elle était la chérie de son père, jusqu’à 15/16ans elle dormait avec ses parents. Après elle a vu des films pornos (appelé aussi des supers en Iran), son mari aussi aime bien. Ses parents ne sont pas religieux, le reste de la famille, des deux côtés le sont. Alors elle pouvait mettre des mini jupes et ses cousines lui disaient tu peux faire ce que tu veux par ce que ton père t’aime. « J’ai fait beaucoup de mauvaises choses, je prenais des numéros (des garçons)[16]… mais je ne rappelais pas. Quand je me suis mariée je me suis dit je dois changer. J’avais fait un vœu. S’il se réalisait je devais devenir religieuse. J’avais fais le vœu que je puisse garder mon honneur auprès de mon mari, que je sois vierge ». Et l’obsession a commencé. A treize ans quand elle a eut ses menstrues elle a voulu se suicider. « A 17 ans la fille de la voisine d’en face était religieuse, on était tout le temps ensemble alors je suis devenue son idole en étant plus religieuse qu’elle… ».

- Une femme traductrice qui se plaignait de problèmes de sommeil. Elle disait ne pas avoir de phases trois et quatre et faire beaucoup de rêves nocturnes et diurnes. Elle avait vu 23 psychiatres… Dés la deuxième séance : « Prenez moi dans les bras, seulement deux fois et ça suffit ». Le docteur avec « toutes ses tactiques de combat » se défend. Il ne tient pas à la prendre dans ses bras et pense même que cette femme serait venue pour le détruire (détruire sa carrière de médecin). « C’est quoi ces règles bidons d’abstinence ». « Vous êtes aussi comme les autres. Si vous ne voulez pas alors je dois vous violer ». En pensant que peut être elle se mettrait à hurler en sortant de la séance, le docteur se demande s’il doit parler de cette patiente au directeur de l’université pour se protéger en cas de scandale.

A la dernière séance elle saute sur le docteur et celui-ci met fin à leur travail. Ce cas rappelle au Docteur Rafatian une anecdote de quand il travaillait à l’hôpital. Une personne de l’administration était venue lui dire qu’on l’avait entendu uriner debout dans les toilettes et que cela ne se faisait pas.

- Un homme qui se plaint de dépression, de baisse de son désir sexuel et de désaccord avec sa femme. Il a des désirs homosexuels. Jeune il a eu quelques expériences de ce genre avec le frère d’un voisin avec qui il a regardé des revues pornographiques… Il se sent coupable, il ne sait pas quelle direction choisir…

- Une jeune fille de 18 ans hospitalisée après une tentative de suicide, ayant rencontré le docteur à cette occasion vient, à sa sortie, au cabinet. Elle est issue d’une famille religieuse. Avant la TS elle avait fugué deux fois à dix jour d’intervalle. Elle dit avoir fait ça pour contester. A son retour les parents n’auraient montré aucune réaction et ne l’auraient même pas punie. Elle se sent coupable. Elle dit que les inquiétudes de la famille pour elle l’écœurent. Apparemment les parents s’occupent d’elle comme si rien ne s’était passé, alors elle conclut que ses parents ne veulent pas d’elle et commence à penser qu’ils veulent l’empoisonner. Elle dit que si cela continue comme ça elle se tuerait.

- Un homme qui était venu pour insomnie et qui au bout de l’entretien dit ne plus vouloir vivre avec sa femme. Ingénieur, il est directeur de l’entreprise de son père et depuis trois semaines vit chez sa mère. La femme du patient a une licence d’arabe. Il ont deux enfants de 8 et 12 ans. Il y a deux semaines il a demandé en mariage une femme (arménienne) qu’il connaît depuis cinq ans. Elle a refusé… « puis-je venir avec elle ? ».

Le Dr Rafatian s’est saisi de cette situation pour proposer un jeu de rôle, exercice auquel il invite régulièrement les participants de son séminaire.

- Une femme qui dit ne pouvoir aimer son mari qui ne fait plus attention à elle. Depuis deux ans, à son travail, elle fréquente (de manière platonique) un homme qui ressemble à l’homme de ses rêves, le Docteur Shariati. Ce garçon est attentionné mais dit ne pas pouvoir se marier avec elle à cause de son impuissance. Elle ne va pas bien car de peur du mari, ce collègue de travail ne veut même plus lui parler au téléphone. Que faire ?

- Une femme de 28 ans, anxieuse. Elle est célibataire, a une licence et travaille. Elle a deux inquiétudes : économique (son père, grand réalisateur a fait faillite…) et son niveau d’étude (elle a une licence et voudrait avoir une maîtrise). Les docteurs qu’elle a déjà vu elle les a d’abord regardés comme son père, puis a toujours rêvé qu’ils deviennent son mari. Car ils ont atteint le sommet au niveau des études…

Ouverture

Ce voyage en Iran et le constat de la mise en marche de la pratique analytique permet de se rendre compte de plusieurs points qui peuvent revenir sur certains positionnements de Freud.

Un des mythes de l’histoire de la psychanalyse rapporté par Jung indique que Freud[17] aurait comparé la psychanalyse à la peste qui s'étendrait dans la société. Ce point de vue prend un écho étrange dans le discours qui présente la psychanalyse comme une approche perverse ou corrompue. A partir de là, il n'y a qu'un pas à franchir pour penser que dans un pays où la religion est la référence principale, il n'est pas possible que la peste analytique puisse se propager et que les individus adhèrent à ce dispositif et puissent parler librement. Cela me rappelle mon arrivée en France et la question de certaines camarades d'école : « Avez vous des chips là bas? »

Cette question démontrait un manque de connaissance de l'autre et les barrières culturalistes qui peuvent amener à croire que là bas ils n'ont pas atteint le développement nécessaire pour découper des pommes de terre (en ont ils ?), mettre les tranches dans l'huile et les saler. Cette question de mes camarades, qui pouvait me faire sourire, me plongeait quand même dans une réflexion à propos d’où en est-on dans mon pays d’origine? Cette interrogation se reproduisant dans d'autres situations (cumulée avec l'idée de la peste et de la morale religieuse) pouvait m'amener moi-même à devenir culturaliste et me mettre à penser : « Là bas ce n'est sûrement pas le cas, ils n'en sont pas là ! » à la psychanalyse. Or, l'anthropologie, l'enquête de terrain, la rencontre avec la clinique m'a ouvert les yeux. Eh oui, là bas aussi, il y des chips. Eh oui, là bas aussi, (comme il existe maintenant des personnes offrant la possibilité d'un lieu de parole et d'écoute) il est normal que les demandes s'ouvrent sur une intimité qui dévoile ce qu'en général nous avons tendance à oublier et à voiler. Face à l'insistance de cette instance (l'intime) la considération de Freud à propos de la psychanalyse s'ouvre à un autre sens. On pourrait considérer la peste comme la considère A. Artaud, « un formidable appel de force qui ramène l’esprit par l’exemple à la source de ses conflits »[18]. La peste devient alors, « une entité psychique » qui pousse le pestiféré « face à la mort », « à la poursuite de ses images », à « un débordement de ses vices » à une « sorte d’exorcisme totale » et impose « une immense liquidation ». Les propos des gens en Iran et les événements, en prenant beaucoup de précautions, permettent de telles interrogations. Si rien ne s'exprime peut-il y avoir une explosion, « une immense liquidation » ? Un lieu de libre expression (et de pensée) permet il un changement, une révolution ? Un retour « à la source des conflits » permet-il une gestion du conflit (collectif) ?

Par ailleurs, la possibilité de dire, de penser puis de s’exprimer et d’écrire dans un climat d'oppression, nous ramène à un autre parti pris de Freud. A la fin de son article Psychologie des foules et analyse du moi (1921), il écrit ne pas vouloir lâcher sur les mots car cela amènerait à lâcher sur les idées. Ma rencontre avec M. Fany, grande personnalité du monde du livre et de l'édition, joint à mon désir d'écrire m'ont poussé à revenir sur cette thèse de Freud. M. Fany m'explique que les gardiens de la morale[19] ne s'intéressent pas au contenu des livres, à leur signification plus ou moins profonde, mais s'amusent à répertorier les mots employés. Par exemple,, il ne faut pas écrire « danse » mais « mouvements rythmiques ». Cela, influence beaucoup, non seulement l'expression, mais aussi l'exposition des idées. Les auteurs n'indexent pas certains mots clés qui, jugés risqués, pourraient leur coûter des pages entières de leur livre. Est-ce que sous une dictature il ne vaut pas mieux, consciemment, employer certains mots et en éviter d'autres, afin d'avoir la possibilité de voir son texte paraître ? Dans ce cas il n'est pas question de refoulement par un jugement moral mais (dans un mouvement de résistance face à une pression extérieure) d'un déplacement conscient pour avoir droit à l'existence. Il ne s'agirait pas seulement de penser mais d'exister, de pouvoir penser et faire exister.

Ce travestissement de l’expression à cause de la censure laisse présager une utilisation pervertie (consciente ou/et inconsciente) de la langue et une insécurité pour chaque tentative d’avancée dans ce domaine. Alors, tenter de s’approcher des mots qui touchent au plus juste la sexualité, la mort et la jouissance, devient risqué. D'une part un événement (l'attaque des sciences humaines comme une des causes des troubles actuels par le guide suprême )[20] peut faire que tout redevienne comme avant. D'autre part ce sont les mots qui comptent et s’il s’agit d’analyser, d’accompagner un mouvement, par notre écriture, cela ne peut se faire que sans jargonner. Mais alors, comment écrire sur un mouvement qui est en construction ? Respecter le travail de ceux qui sont sur le terrain et ne pas dénoncer à leur place. Nous mesurons moins que ceux qui sont sur le terrain, ce qu'il y a à dénoncer. Peut-être est-on un peu plus libre pour énoncer, mais notre énonciation doit rester fondée sur les réalités du terrain. Par ailleurs, comme le dit Lacan à propos du capitalisme, en dénonçant il y a le risque de renforcer[21]. Il nous importe donc ici plus d’énoncer que de dénoncer. Et pour présenter la situation de la psychanalyse en Iran nous avons choisi de regarder, d’écouter et de donner la parole à nos collègues sur le terrain.

Revenons sur notre interrogation à propos des mots et de la pensée. Nous savons que Freud, pour exposer ses idées dérangeantes, a aussi choisi de se servir de la mythologie, de la vie et des œuvres d'écrivains et de grands artistes. En Iran la poésie et la mystique nous montrent aussi cette voie. Hafez aussi, à son époque, avait choisi, en parlant de la taverne comme du lieu le plus sacré, de travestir les mots, de poétiser, d'accorder un nouveau sens aux termes qu'il choisissait. N’est-ce pas ce qu’a fait Lacan à sa manière ? Dans tous ces illustres exemples ne s’agirait-il pas de contourner une résistance, de franchir un obstacle, de briser une défense ? Une autre possibilité pour cela étant l’humour ; une histoire drôle sur l'actualité nous permettra d’illustrer, une dernière fois, quel rapport elle entretient (impose) avec la langue (à la langue) : Un gardien de la révolution arrête une voiture avec un homme et une femme à l'intérieur, l'homme dit : « nous sommes mariés », l'agent lui dit : « allez approche toi », l'homme dit : « nous n'avons pas bu d'alcool et nous sommes mariés », l'agent lui dit « suit moi, ta bouche sent le Allah o Akbar »[22]. Il est évident que pour apprécier cette histoire à sa juste valeur il faut pouvoir imaginer tout un contexte social, politique, historique… Voilà un ensemble de points qu’il s’agira aussi de connaître pour bien apprécier la situation de la psychanalyse dans cette société et, partant, dans toute société humaine. Il est évident que pour apprécier cette histoire à sa juste valeur, il faut pouvoir imaginer tout un contexte social, politique, historique… Un ensemble de points qu’il s’agira aussi de connaître pour bien apprécier la situation de la psychanalyse dans une société. Par ailleurs, il est évident que pour une analyse sérieuse des conditions de la mise en place d’une approche analytique en Iran, où est interrogé actuellement le rapport de la religion à l’état, il faudra aussi traiter la question de l’état et de la religion d’après la psychanalyse. Ce qui nous ramène encore une fois à cette interrogation sur quel langage choisir afin que, en même temps que la communauté scientifique, les iraniens puissent profiter de ce travail.

[1] Docteur en psychologie et psychanalyste. « Espaces d’aide psychologique pour l’insertions des jeunes en difficultés » de la Croix Rouge Française. Thèse en psychologie sur une méthode « traditionnelle » de guérison dans le sud de l’Iran en 2004 sous la co-direction de Vladimir Marinov et Olivier Douville.

[2] A partir de l’allemand : La psychopathologie de la vie quotidienne, 1921, 2000; Malaise dans la civilisation 1929, 2003, à partir de l’anglais : L’interprétation des rêves 1900, 2002 ; Cinq psychanalyses, 1909, 2003; et à partir d’une traduction française plusieurs chapitres de L’introduction à la psychanalyse 1916, 2003 ainsi que, Le vocabulaire de Freud par PL Assoun 2005.

[3] J P Cléro Le vocabulaire de Lacan, K Movallali, Ney 2009, et aussi plusieurs leçons du séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse Mr Movallali, psychanalyste iranien vivant en France qui a aussi publié en 2003 Les fondements de la psychanalyse de Freud et de Lacan qui est une reprise en persan des notions de base de la psychanalyse avec des vignettes clinique tirées d’une pratique dans cette langue. Aussi des traductions de : Richard Boothby Freud as philosopher metapsychology after Lacan 1954, S Sahimi, Ghafnous, 2005 ; Leader Dorian Lacan for biginners 1995, M R Parhizgar, Nazar 2007 ; Evans Dylan An introductory dictionary of lacanien psychoanalysis 1997 M Parsa, M Rafie, Gam no 2007 ; Homer Sean Jacques Lacan 1959, M A Jafari, M A Tahaï, Ghafnous 2009 ;

[4] AH Mirsepassi, Psychiatrie, Yamani 1951 ; H Rezaï Les maladie du cerveau et du psychisme, Chehr 1956 ; E Charazi Les maladies nerveuses, Université, 1962 ; S Shamlou Psychologie clinique, Chehr 1982 (2005 neuvième édition) ; Haratoun Davidian Histoire de la psychiatrie moderne en Iran, Arjomand 2009.

[5] Auteur d’un livre reproduisant les propos de ses séminaires à l’association de psychologie de l’Iran en 1998 intitulé : maktabe Lacan,ravankavi dar gharne bistoyekom (L’école de Lacan, psychanalyse au XXI° siècle) Etelaate, 2003.

[6] Il a écrit plusieurs livres de psychanalyse appliquée à l’art dont : Sadegh Hedayat va haras az marg (Sadegh Hedayat et la peur de la mort) Markaz, 2001 ; Tahlilhaye ravanshenakhti dar honar va adabiate ( Analyses psychologique de l’art et de la littérature), Markaz, 2001 ; Zaman va namiraï dar cinemaye Tarkofski (Le temps et l’immortalité dans l’œuvre de Tarkovski) Markaz, 2002.

[7] S Freud: Three contributions to the theory of sex 1905, Hashem Razi 1964; Totem et tabou, 1912 Mohamad Ali Khonji 1970; Psychanalyse 1926, Hashem Razi, 1959; The question of lay analysis 1926, Farid Javaher kalam 1962.

[8] Amir Hossein Aryanpour Freudisme ( avec des retours sur la littérature et le mysticisme), Amir Kabir 1979.

[9] K G Jung : The uniciscovered self 1957, Mehdi Ghaeni, Ghom, Darolfekr, 1971 ; Psychologie et religion 1957, F Rohani, Franklin, 1972 ; Man and his symbols 1964, Aboutaleb Sarami, Amir Kabir, 1972 ; Analytical psychology : notes of the seminary given in 1925 A Ordoubari, Shiraz, Pahlavi, 1975.

[10] Auteur d’un livre de référence en Iran intitulé : Ravanshenassi Balini (psychologie clinique) Chehr 1982.

[11] Ali Shariati Zan Sabz, 1982.

[12] Un des derniers numéro, numéro17 année 2008/2009, d’une des revues photographique en Iran, Akassi Khalagh (photographie créative) réalise un interview de lui intitulé : La critique et le point de vue psychanalytique sur la photo et la photographie dans un dialogue avec le docteur Mohamad Sanati.

[13] La traduction de ce terme n’est pas simple. Mais on adhère facilement à cette hypothèse quand on monte dans une voiture en Iran et que l’on constate la manière dont les iraniens conduisent. D’autre part beaucoup de rues sont appelées par le nom des martyrs et les murs sont décorés par leurs images. Il y a une autoroute en Iran où à distance régulière sur plusieurs kilomètres sont placardés le nom des martyrs de la guerre.

[14] Traduction proposé par le Docteur Sanati en Anglais.

[15] En Iran il existe une vraie mode des manteaux qui parfois peuvent aller jusqu'à ne rien cacher des formes mais simplement tout couvrir. Le foulard aussi peut simplement devenir une parure de plus qui ne cache rien des cheveux. Dans les rues de Téhéran, on peut voir des filles mieux parées et maquillées qu’à Paris.

[16] En Iran pour draguer il n’est pas possible de trop s’épancher avec l’autre sexe dans les lieux publics. Alors les garçons donnent leur numéro de téléphone aux filles et ce sont elles qui appellent, car un garçon inconnu qui demande votre fille au téléphone cela ne se fait pas trop non plus.

[17] Alain de Mijolla dans la préface à la première édition, Psychanalyse en terre d’Islam, Jalil Bennani, érès, p. 15, 2008.

[18] Antonin Artaud, Le théâtre et la peste in le théâtre et son double, Artaud œuvres, Gallimard, 1935.

[19] Avant qu’un livre ne paraisse, il doit être lu par les membres d’un organisme de censure (vezarate ershad littéralement ministère de la guidance, de l’orientation) qui doivent l’approuver comme n’étant pas opposé à la morale religieuse du gouvernement.

[20] Ayatollah (versets de Dieu) Khamenei, la plus haute autorité religieuse et politique, dans son discours du mois d’août 2009, devant des présidents d’université, des chercheurs et des intellectuels présente les sciences humaines comme la cause de « l’éloignement des commandements divins et de l’islam » et exprime son inquiétude à propos de l’inscription de près de « deux millions d’étudiants sur trois millions et demi d’étudiants dans les filières sciences humaines ». Il demande donc aux instances concernées de remédier à ce problème et même de supprimer des cours.

[21] Jacques Lacan, Télévision, Seuil, 1974 : « J’indique seulement que je ne peux le faire sérieusement parce qu’à le dénoncer je le renforce, de le normer, soit, de le perfectionner », p. 26.

[22] Une des manières de manifester actuellement pour les contestataires des résultats de l’élection, c’est de monter la nuit sur les toits et de crier Allah o Akbar (Dieu est grand). Mot d’ordre qui réunissait la population aussi bien pendant la révolution de 78, que pendant la guerre ou pendant toutes les réunions gouvernementale ou simplement musulmanes.