Sida

Pour que la prévention du Sida tienne compte des tourmentes sexuelles des jeunes

Intervention faite en novembre 2009 à l'Etablissement Psychiatrique Spécialisé de Ville Evrard

Par Olivier Douville -Psychologue clinicien, EPS Ville-Evrard, membre de l’Association Française des Anthropologues, Maître de conférence hors classe des Universités

Je remercie le Comité Sida de m’avoir proposé d’intervenir, même si je ne suis pas frontalement un spécialiste de cette question. J’avais donc proposé, puisque j’ai toujours travaillé sur la question de l’adolescente, quelques réflexions à partir des adolescents que je rencontre soit dans mon exercice de psychanalyste, soit lors de recherches y copris en Afrique sur la prise de risque et sexuelle à l’adolescence. J’ai appris beaucoup de choses ce matin. Je pense que par exemple, sur la fonction de la honte, il y aura des résonances avec les exposés précédents. Je vais commencer par citer phrase assez importante mais rarement tirée à conséquence du psychanalyste anglo-saxon Donald Winnicott qui propose « que l’adolescence est le baromètre du social » et je pense qu’en matière de sexualité cette phrase se vérifie, ou du moins qu’elle porte des conséquences importantes.

Sur l’adolescence et le sexuel, beaucoup de choses ont été dites, on a nommé ça l’explosion sexuelle de l’adolescente, beaucoup de choses du reste très fantasmatiques, très imaginaires, décrivant trop souvent les adolescents comme des « sexaddicts», alors que ce n’est pas exactement le cas.

Qu’est-ce qui se passe à l’adolescence ? Selon des considérations assez générales, l’adolescence est le moment où le sujet va poser psychiquement et peut-être socialement une certaine déclaration de sexe, c’est-à-dire s’identifier au sexe qu’il a. Mais il joue cette carte autrement qu’en étant du côté masculin parce que c’est le garçon du couple parental ou qu’il ressemble à papa, ou du côté féminin parce qu’elle reste la fille de la famille et qu’elle ressemble à maman, mais que cette déclaration de sexe, elle se fait devant le social et le social est bien évidemment le tissu des représentations et des conduites et c’est donc également le groupe des pairs.

Et ce que rencontre alors le sujet adolescent, ce n’est pas seulement la différence sexuelle. Je crois qu’on n’a pas besoin d’être psychanalyste, fort heureusement du reste, pour se dire que les enfants, les pré-adolescents savent ce qu’est la différence sexuelle, qu’ils savent qu’ils sont pour la plupart d’entre eux le produit de cette copulation des différences.

Ce que découvre l’adolescent, c’est l’altérité sexuelle. Déjà c’est un premier repérage que je voudrais faire avec le vœu qu’on se saisisse d’une nuance qui joue entre la notion de différence et celle d’altérité. La différence ça se constate, ça s’objective, enfin ça se démontre au sein d’un discours qui est toujours un discours de maîtrise, un peu creux. L’altérité c’est le nom d’une expérience intime, expérience intime que l’autre m’apporte Quelque chose est dans ce qu’il m’apporte : il y a une énigme. Il ne m’apporte pas simplement des coordonnées sur ce que je suis ou ce qu’il est, mais des coordonnées qui me permettent de tolérer l’énigme qu’il est pour moi et l’énigme que je suis à moi-même. Or on constate sur le plan des discours politiques que parfois l’altérité est réduite à la différence et la cité humaine rentre dans des processus de stigmatisation qui la quadrillent et la cloisonnent, c’est malheureusement tout à fait actuel.

Revenons à l’adolescent, ce qu’il rencontre aussi c’est l’altérité des jouissances, des jouissances sexuelles, c’est-à-dire que son mode de plaisir, son mode de jouir n’est pas tout à fait équivalent au mode de jouir ou de plaisir du partenaire. Cet écart peut être une source d’angoisse. Là, je parlais de jouissance, c’est une notion qui est à distinguer de la notion de plaisir. Si j’écoute beaucoup d’adolescentes et d’adolescents me parler de leurs premières expériences sexuelles, le plaisir n’est pas nécessairement au rendez-vous.

Ce qui est au rendez-vous peut être une inquiétude, une très vive inquiétude du reste concernant les propres manifestations sexuelles du corps, de son propre corps, les propres manifestations sexuelles du corps de l’autre. Oui, une très très vive inquiétude avant que le plaisir qui est une façon de civilisation personnelle de la jouissance s’en vienne prendre parfois du temps, son temps. A cet égard, je pourrais donner un exemple. J’ai travaillé énormément sur les questions d’errance, que ce soit en Europe, en France ou que ce soit en Afrique où je vais régulièrement. Où que ce soit, o,n peut constater que plus un sujet est désarrimé, dans la solitude de la dérive, dans l’oblique de ses déambulations sans trop de repères, plus il a quelque chose en lui qui lui fait peur par rapport à ce qui dans son corpsest porteur de vie ou de mort - , je rejoindrais là la très vieille théorie, la très ancienne et très digne encore théorie des humeurs. On peut rencontrer où que ce soit dans ce petit monde de notre chère planète des adolescents mâles qui sont comme sidérés par la sueur et le sperme et des adolescentes filles qui sont absolument sidérées par leurs premières règles.

Ce jeune désemparé de nos mondes contemporains, ce jeune que des idéologies réactionnaires fortement imprégnées dans nos cerveaux nous décrivent comme un espèce de tyran, de jouisseur, eh bine, je vous le dis lui, cet adolescent, elle cette adolescente, accomplissent quelque chose d’une prouesse psychique pour pouvoir tolérer l’altérité sexuelle et le plaisir. Le lien avec nous ? Souvenez-vous : nous avons en commun d’avoir été adolescent, de l’être encore un peu quand on ne va pas trop mal et de l’avoir très oublié aussi parce qu’il n’y a pas que l’amnésie enfantine, il y a l’amnésie de la période adolescente qui est parfois beaucoup plus rebelle que l’amnésie enfantine

Je reviens sur mon dire et propose l’hypothèse qu’un des éléments très importants de la vie de l’adolescent c’est la rencontre. La rencontre avec ce qui le déborde, c’est la rencontre avec ce qui ne le cadre pas. Si on s’amuse à tricoter un peu avec les textes freudiens, on se rend très vite compte de quelque chose, c’est que les opérations psychiques par lesquelles un enfant et un préadolescent s’acclimatent au sexuel qui sont les théories sexuelles infantiles et le roman familial pour les citer par leurs noms de traduction, ces deux opérateurs psychiques ne permettent pas à l’adolescent de symboliser et d’imaginariser ce qu’il en est de la puissance et de la jouissance sexuelle.

La question de la rencontre et la question de l’acte sont complètement liées dans le sens de la responsabilité. Etre responsable de pouvoir effectivement, psychiquement, aimer la rencontre et là on voit effectivement le développement de relations très tressées entre l’adolescent et une figure d’idéal et la question de l’acte, c’est-à-dire poser sa responsabilité non pas seulement devant la morale familiale ou devant la morale sociale mais dans le champ de l’autre.

Les enjeux de l'amour, la possibilité d'assumer sa sexualité sans s'en trouver trop angoissé en retour, ces bons usages de la libido et du désir, pourraient être rétrécis à des slogans par trop moralisateurs, si on oublie que le fait d’aimer la sexualité à l’adolescence est une question très très compliquée. En effet, beaucoup de sujets se sont « désabonnés » de leur corps, pas simplement parce qu’ils redoutent leur image, quoi que la dysmorphophobie, puisque tel est le nom assez alambiqué que l’on donne à ces jeunes qui ne supportent pas que leur image dans le miroir soit vue par un autre ou par une autre, mais parce que c’est quelque chose du réel de leur corps qui est difficilement supportable. Je ne suis bien sûr pas là, j’espère que vous l’avez entendu, en train de faire une théorie générale de l’adolescence, mais de situer quelques unes des coordonnées qui permettraient éventuellement de parler de l’adolescence à risque dans des contextes sexuels. Il y a une certaine horreur du réel du corps qui se fait entendre lorsque les adolescents me parlent de leur premier rapport sexuel : là je vais embrayer quelques considérations sur qu’ils me font entendre sur le rapport aussi au VIH, au sida. Au plan du savoir diffusé ils sont au courant bien sûr, mais le savoir ne suffit pas. Le savoir ne suffit pas à s’approprier une responsabilité de corps. C’est quoi la scène psychique de cette première rencontre sexuelle ? Je dirais que ça crée un mouvement un peu maniaco-dépressif, un peu dépressif parce que finalement les premières réactions sont de dépit (« ce n’est que ça », « qu’est-ce qui se passe »…) souvent liées à une sensation d’irréalité, A la fois une rencontre avec ce qui est trop réel et trop irréel. Quelque chose d’un moment dépressif, nécessaire à l’adolescence. On sait très bien que les adolescents la plupart du temps soignent l’angoisse par la dépression et la dépression par l’angoisse, et que, la plupart du temps aussi, on paraphrase cela par un daifoirisime en vogue en les traitant d’anxio-dépressifs, en les traitant dans tous les sens du terme et parfois en les traitant de trop avec l’inévitable chimiothérapie fidèle alliée de l’indigence DSM. Il y a ce balancement entre un moment dépressif et le fait que le sujet va récupérer quelque chose de son éros par des voies qui peuvent être tout à fait régressives, dont la voie maniaque dont je vais dire quelque chose. La voie régressive c’est par exemple de ne plus s’affronter à la question de l’altérité, c'est-à-dire à la question de l’énigme, l’énigme du désir de l’autre, l’énigme de la jouissance de l’autre et de rabattre son identité de sexe dans le strict credo de différence. C’est exactement ce qu’on voit dans certaines banlieues délaissées, désarrimées d’une certaine solidarité symbolique au nom de la sécurité, qu’on ne visite que pour faire des mises en ordre ou des mises au pas avec l’obligatoire parler bref du rendez—vous journalistique : les rapports de sexe sont extrêmement difficiles entre les garçons et les filles, s’y greffe une stigmatisation du féminin qui est tout à fait féroce. Il m’est arrivé d’entendre par exemple par rapport à la question du préservatif quelque chose qui relie d’une façon évidemment ahurissante et violente le fait que l’usage du préservatif n’est pas du tout un signe que le sujet peut s’engager dans quelque chose de joyeux au niveau du sexuel. En particulier un jeune qui avait commis une tournante et qui disait de la fille qu’ils avaient abusée pendant une heure ou deux « on l’a respecté puisqu’on a mis des préservatifs ». Ca c’est une solution extrêmement dangereuse et régressive, délinquante de l’adolescent qui va en quelque sorte se ré-acclimater, supprimer complètement la question de l’altérité et vivre la question de la différence mais dans une stigmatisation du féminin, dans une discrimination. Il n’est pas indifférent que cette haine de l’altérité sexuelle se fasse destructrice du féminin, tant la sexualité féminine est plus liée à la présence de l’altérité comme ferment du désir, ors que l’idéal viril, singulièrement et collectivement niais se contente d’un clivage entre le fort et le faible, le châtré et le puissant, bref, se fait son lit dans toute cette armada de conneries qui nous encombrent

Une autre voie régressive consiste à dire finalement, je n’ai pas besoin de l’autre pour me construire, je n’ai pas besoin de l’énigme de l’autre pour supporter l’énigme du sexuel. A ce moment-là, c’est l’emballement maniaque, le sujet récupère quelque chose dans une espèce de grandes noces éphémères, qui le laissent complètement sur le flanc, entre le moi et l’idéal du moi et dans cet emballement maniaque, la question du partenaire se réduit à des figures tout à fait interchangeables et peut-être à ce moment-là l’évitement de la rencontre est quelque chose de tout à fait important dans cette sexualité où l’autre n’existe pas en tant qu’altérité. Vous avez des conduites d’emballement maniaco-dépressif ou plutôt des solutions maniaques qui viennent faire pièce à la dépressivité de ces premiers rapports, dépressivité parfois catastrophique. Je précise alors que l’emballement maniaque étant un emballement de toute puissance, c’est-à-dire un déni de castration, les précautions vis-à-vis du risque de contamination de soi et de l’autre ne sont pas prises parce que prendre les précautions c’est s’avouer quand même comme potentiellement entamé par l’autre, c’est-à-dire avouer quelque chose de sa castration, de sa limite. Or soyons attentifs à cela que l’emballement maniaque de la sexualité adolescente fait que le jeune ne va accepter de se protéger qu’à partir du moment ou soit comme dans le cas de la tournante, il ne veut pas laisser la moindre trace. Là aussi, il s’abolie en tant que sujet, il n’y a pas d’acte : j’ai pris un préservatif, on l’a respectée, ça veut dire il n’y a pas d’acte. La plupart du temps,

En revanche dans les scènes romanesques du conjugo juvénile, le choix du préservatif est quelque chose qui est liée à la déclaration d’amour ; c’est typique d’une romance adolescente qui peut durer bien sur, mais c’est là que ça se passe, c’est là que ça commence, se présenter à l’autre comme étant capable de prendre soin de la vie et capable de montrer qu’on n’est pas tout-puissant, il y a vraiment un lien que j’ai trouvé en écoutant les patients jeunes analysants, soit en faisant des recherches dans les banlieues. Il y a un lien que j’ai trouvé entre le choix du partenaire, la naissance de l’amour et l’acceptation de mettre un préservatif. Mais avec cela que pour beaucoup restent dans le sens sacramentel d’un rituel de la première fois. Mettre un préservatif c’est le rituel de la première fois, c’est ritualiser la première rencontre et puis après on s’en passe. Il y est des « fragments du discours amoureux » de l’adolescent qui n’est absolument pas entendu par les acteurs et les promoteurs de la prévention sida en raison de la massivité des représentations sociales de la prévention.

Puisqu’il me faut aller vite, j’ajouterais quand même quelque chose d’assez particulier du côté de la dépressivité de certaines jeunes filles par rapport au sida. Je pense à un certain nombre de jeunes filles, j’en ai rencontré quelques unes parce que j’ai fait des supervisions dans des foyers maternels en banlieue parisienne, j’en ai rencontré aussi de nombreuses en Afrique parce que j’ai été consultant pour le Samu Social Mali et j’avais demandé à cette ONG intelligente de travailler avec les « filles de la rue » comme on dit - c’est ce qui se passe depuis six ans. En ce qui concerne les toutes jeunes filles enceintes et séropositives, elles vivent cette configuration dans une honte extrême. On n’est même plus dans la bascule de la dépressivité et de ses solutions maniaques ou de la dépressivité et de ses belles solutions en idéalisation amoureuse, mais on est dans quelque chose d’une honte qui n’est pas une honte d’être ceci ou cela, mais qui est la honte d’être, c’est la honte d’être jeté dans le monde tel qu’il est. Ce n’est pas un problème d’image ou d’estime de soi ! les psychologues nigauds –on les forme ainsi souvent dans certaines universités de la banlieue ouest- aiment bien restaurer l’image, restaurer l’estime, ils croient y arriver !, il ne faut pas exagérer. Je pense que quelqu’un qui a une image totalement positive de lui-même est un crétin dangereux, mais il ne s’agit pas de ça. Il s’agit d’une honte d’être, c’est-à-dire qu’au fond il n’y a pas d’abri pour le sujet et généralement ces jeunes filles ont par rapport à leur corps des représentations absolument extraordinaires. La sexualité c’est quelque chose qui permet de maintenir le corps vivant. Etre enceinte c’est quelque chose qui permet de maintenir le corps vivant, c’est-à-dire de maintenir ce qu’on appelle dans notre jargon le moi idéal qui est pas l’idéal du moi, l’idéal du moi c’est toujours appendu à des discours « je serai ceci et cela dans l’idéal de la famille, de la société, etc. ». Le moi idéal c’est cette excitation qui ne doit pas s’arrêter

de se sentir vivant mais qui peut être complètement désarçonné et perdre très rapidement ce moi idéal au moment de l’accouchement, ce qui crée parfois des tentatives d’infanticide extrêmement violentes et pour ces jeunes filles qui sont en plus socialement exclues, qui ne trouvent parfois de cheminement que dans la prostitution. La séropositivité est presque vécue pour ces jeunes filles qui ont été enceintes, qui ont accouché, qui sont séropo, qui ont peur que l’enfant soit séropo, comme une cicatrice à cette honte d’être. Ce n’est pas nécessairement ça suel qui occasionne la honte d’être. Pourquoi ? Parce que la séropositivité donne une puissance, une puissance de contamination, elle donne une puissance de pouvoir infecter l’autre, elle donne une puissance de pouvoir loger enfin quelque chose de soi-même dans l’autre, en le rendant malade et ces filles, généralement, pas toutes bien sûr, se vivent comme des guerrières qui vont se venger. Se venger de quoi, on ne le sait, elles ne le disent pas, elles sont comme ces autres enfants ou adolescents jetés sur la route des guerres que j’ai rencontrés au Congo. On dirait qu’ils ont fait la guerre pour se venger, pour venger quoi ? On ne sait pas. Pour venger cette honte d’être, ce n’est pas pour venger les parents, ce n’est pas pour venger une cause, ce n’est pas pour venger une condition socio-économico-socio-culturelle, c’est pour venger cette honte d’être et à ce moment-là, la possibilité d’être séropositives leur donne, y compris au sein de ces groupes très précaires de filles qu’on rencontre dans les pandémoniums des gares routières des cités africaines, une puissance. Ce que je conseillais aux équipes que j’ai, en bonne part, mises en place à Bamako comme à Pointe Noire c’est d’entretenir un dialogue avec ces filles, devenues des guerrières dangereuses, d’autant dangereuses qu’il y a quand même un certain nombre de mecs complètement crétins qui trouvent que c’est beaucoup plus drôle de faire l’amour sans préservatif avec elles, puis ils rentrent chez eux sans trop se soucis. Je conseille aux équipes de faire de ces guerrières véhémentes et détruites ce qu’on appelle des paires éducatrices ; ce sont des jeunes filles qui vont prendre sous leurs ailes des filles plus jeunes, dans la dérive, dans la toxico, dans la prostitution et qui vont essayer de leur donner des règles minimales de prudence. Ca marche très bien. Je vais terminer en schématisant un peu. Le problème avec la honte d’être c’est que si on la laisse à la dérive, ça entraîne comme solution la haine. Haine de soi évidemment, haine qui passe par une figure un peu dangereuse pour l’autre mais qui radicalement est une haine de soi.

Il m’a semblé, sans systématiser ces quelques notations, qu’il serait sans doute bien qu’elles permettent de mieux éclairée la scène psychique du sexuel adolescent lorsqu’il est marqué par l’enjeu de passer la vie ou de passer la mort, tant scène psychique est hyperactivée par le fait que l’engagement de l’adolescent dans le sexuel ne va pas toujours sans effroi, sans perte de repères, sans errance et sans dérive.

Olivier Douville