Psychanalyse en Tunisie : actualités et perspectives

Par Nedra Ben Smaïl [1]

Une analysante me confie : "C'est décidé, je porte plainte. Je n'attendrai pas les résultats même s'ils me sont favorables ; je veux pouvoir, dans dix ans, me regarder en face et me dire, tu ne t'es pas tue". Cette jeune psychologue venait de passer devant un jury de recrutement pour le poste de maître-assistant. Titulaire d'une thèse à Paris et ayant une longue expérience clinique en institution, elle venait d'être maltraitée : remarques personnelles et mysogynes, leçons de moralités... Si ces agissements ne sont pas nouveaux, les dénoncer illustre le déplacement subjectif d'une société tunisienne post-révolutionnaire engagée dans l’invention de nouvelles modalités de lien social. Le ressort à l’origine de la révolution tunisienne a été l’exigence des conditions d’une existence humaine et digne et la prise de conscience de la souffrance psychique devenue insupportable. Elle a rendu possible la capacité d'être "concerné par l’environnement", et l'accès au sentiment de sollicitude (concern).

C'est ainsi que depuis le 14 Janvier 2011, ce sont plus de 90 partis politiques et 2400 associations[2] qui se sont créés, dans tous les domaines. Parmi elles, deux associations de psychanalyse :

    • l'Association de Formation à la Psychanalyse et d'Echanges Cliniques, AFPEC, fondée en Juillet 2012 par Nicole Sfaïhi, Fethi Benslama, Frédérique Djerbi et moi-même[3], mais dont les activités avaient commencé deux années auparavant.

    • l'Association Tunisienne pour le Développement de la Psychanalyse, ATDP, sous l'impulsion de Riadh Ben Rejeb[4], association partenaire de la SPP - Groupe méditerrannéen, et dont les activités scientifiques précédant sa création se déroulaient dans le cadre de l'Université des sciences humaines de Tunis.

Modalités actuelles de la prise en charge psychothérapeutique

En Tunisie, les psychiatres exercent soit à l’hôpital Razi, le "Saint-Anne" tunisien, fortement marqué par son histoire asilaire, soit pour la plupart en libre pratique. Ils jouissent d'une position confortable à laquelle il est difficile de renoncer : le statut de médecin et les avantages du pouvoir institutionnel, ne sont relativisés par aucune autre corporation (psychanalytique, psychothérapeutique, etc). La psychanalyse, quand il y est fait référence est ainsi souvent cantonnée à un rôle de "spécialité", un autre abord diagnostic... Au risque, de la transformer en "bonne à tout faire de la psychiatrie".

Cependant, le niveau de vie et le système de remboursement des soins quasi inexistant, constituent, pour la grande majorité des tunisiens, une barrière infranchissable à la psychothérapie ou à l’analyse.

Quant aux psychologues, ils n'ont pas véritablement trouvé leur place dans le système de santé. Déconsidérés par le pouvoir médical, leur rôle est souvent méconnu par le reste des institutions ; ils sont pourtant des dizaines qui chaque année sortent diplômés de l’université dans différentes spécialités : psychologie clinique, sociale, de l'éducation... L’état est le plus gros recruteur, mais, si ces recrutements sont nombreux, les affectations sont pour le moins aléatoires. Une fois le cursus universitaire achevé, le psychologue jeune diplômé est livré à lui-même et se trouve démuni face à la prise en charge psychothérapeutique : en dehors de l'hôpital psychiatrique, il n’existe pas de structures d'accompagnement telles que les CMPP ou des structures associatives (Bonneuil, Maisons vertes,...), qui prolongent la formation des psychologues et assurent la transmission. N’étant pas en mesure de défendre un travail satisfaisant, les psychologues ont un sentiment unanime d'insatisfaction professionnelle. Ils n’ont cependant pas à faire l’effort de renoncer à la position du «sujet supposé savoir», ni au statut social du médecin.

Partant de ce hyatus dans la formation, la première activité de l'AFPEC a été de mettre en place des groupes d’échanges cliniques, conçus comme un espace intermédiaire entre la fin de l'université, l'analyse des pratiques des premières années professionnelles, et l’enseignement théorique de la psychanalyse, afin d'amener psychologues et jeunes psychiatres, à «comprendre ce qu’ils font», selon leurs propres dires.

Le 25 Novembre 1928, dans une correspondance à Pfister, Freud écrit : "Je ne sais si vous avez deviné le lien entre "l’Analyse profane" et "l’Illusion". Dans la première, je veux protéger l’analyse contre les médecins, dans l’autre contre les prêtres". Il ajoute : "J’aimerais la confier [la psychanalyse] à une corporation qui actuellement n’existe pas, une corporation laïque de ministres des âmes qui n’auraient pas besoin d’être médecins et n’auraient pas le droit d’être prêtres". Si la psychanalyse émerge historiquement de la médecine de la fin 19ème siècle, c'est pour se constituer en discipline autonome, totalement hétérogène au savoir médical.

En quête de lisibilité des formations de l’inconscient et de la confrontation des savoirs liés au sujet et à la société tunisienne en pleine transformation, l'AFPEC s'inscrit dans cette éthique psychanalytique, qui à la fois tente de dé-médicaliser la psychanalyse, et de lui donner la place qu'elle mérite parmi les autres disciplines des sciences humaines pour penser la société tunisienne. Ainsi, le cycle de conférences et colloque organisés durant l'année 2012 sur le thème "Psychanalyse et croyance", en constitue l'acte fondateur[5]. Dans cette même dynamique, l'AFPEC a établit des liens étroits de collaboration avec d'autres associations : Beyti pour les femmes sans-abris, Engagement citoyen, qui œuvre pour une conscientisation citoyenne des droits des femmes, les associations Notre santé d'abord et Nsitni (les oubliés) pour les blessés de la révolution, le think tank Tounes2020, et enfin, la mise en place de groupe de supervision pour des psychologues qui sont intervenus au camp de réfugiés de Ras El Jedir[6].

L'excès de réel que le mouvement révolutionnaire impose, les clivages identitaires, le "retour" du religieux, la nouvelle liberté d'expression, l'efflorescence d'initiatives citoyennes, constituent autant de scènes inédites de discours qui interpellent la psychanalyse, et partant, l'AFPEC.

Bref historique de la psychanalyse en Tunisie[7]

Le premier contact de la Tunisie avec la psychanalyse, a eu lieu en 1957, avec Frantz Fanon, médecin à l'hôpital psychiatrique Razi. Il introduisit la psychothérapie de soutien d'inspiration psychanalytique, le psychodrame et la psychothérapie institutionnelle, ainsi que des activités culturelles au sein de l'hôpital. Entre 1970 et 1984, Lydia Torasi fut la première analyste à exercer en Tunisie. A la fin des années 70, Essedik Jeddi, psychiatre et physiologiste, formé à Lyon à la psychothérapie intitutionnelle et aux thérapies de groupe et familiales, intègre l'hôpital Razi en tant que chef de service. Deux ans après, il est rejoint par deux psychanalystes, Mohamed Ghorbal et Mohamed Halayem, formés respectivement à Lyon et à Paris. C'est avec E. Jeddi, entre 1980 et 1987, que la Tunisie a connu un véritable enthousiasme pour la psychanalyse, avec la participation de nombreux analystes français, dont Piera Aulagnier. Mais E. Jeddi sera, pour des raisons politiques, poussé à démissionner et à ne garder de ses activités que sa consultation privée. En 1987, M. Halayem fonde la première association psychanalytique (Société d'études et de recherche en psychanalyse, SERP) qui tournera cours au bout de deux ans. La même année, la Société Tunisienne de Psychologie reçoit Ancelin Schützenberger, Colette Chiland, etc. Durant l'année 1995, la Société Tunisienne de Psychiatrie, en partenariat avec la SPP, organisera des séminaires auxquels ont participé, Paul Denis, Lucien Israël,... A partir de 2000, Riadh Ben Rejeb, chef de département de psychologie à l'Université des sciences humaines de Tunis, poursuit un important travail en faveur de la psychanalyse en invitant dans le cadre de l'université, de nombreux psychanalystes français, notamment Patrick Delaroche, qui entreprend alors des déplacements réguliers en Tunisie dans le but de former des psychanalystes tunisiens. En 2003-2004, c'est la rupture avec R. Ben Rejeb, et P. Delaroche créera avec des psychiatres, EAFT (Espace Analytique Franco-Tunisien)[8]. L'association organisera des séminaires et des colloques, de 2003 à 2007. Aujourd'hui, EAFT, devenu Groupe Francophone de Psychanalyse semble avoir réduit ses activités à quelques rares conférences. R. Ben Rejeb quant à lui, poursuit ses efforts d'enseignement théorique et clinique de la psychanalyse, dans le cadre de l'ATDP, en partenariat avec la SPP-Groupe méditerranéen.

Une psychanalyse tunisienne ?

Freud considérait la psychanalyse comme la 3ème révolution de la pensée, après les révolutions copernicienne et darwinienne, et disait amener la "peste" au Nouveau Continent ; il est en effet admis aujourd'hui, que la psychanalyse a modifié l'approche de la pensée contemporaine. Pourtant, en Tunisie, malgré les nombreuses tentatives d'introduction de la psychanalyse, il me semble que la portée révolutionnaire de cette discipline n'a pas trouver un réel écho. Elle n'a pas réussi à prendre véritablement place auprès des autres méthodes de traitement de la santé mentale, ni influencé les autres disciplines des sciences humaines, en tant que référence quasi incontournable pour penser la société tunisienne.

Lorsque nous lisons les textes qui tentent d'analyser les résistances à la psychanalyse dans le Monde arabe, celles qui sont régulièrement évoquées (soit pour les disqualifier soit pour les légitimer), sont, "le scandale du sexuel", la judéité ou l'athéisme de Freud, la langue arabe et/ou l'Islam, les régimes dictatoriaux qui empêcheraient la parole libre et le sujet d'advenir.

Pour ma part, je souhaite mettre l'accent sur deux éléments : la question du lien social et la relation à la recherche scientifique en général.

Les inégalités, la violence de la grande pauvreté, le rapport de force au sein d'un régime totalitaire dégradent la qualité du lien social, exacerbent d'un côté le "sentiment océanique", et de l'autre, le "narcissisme des petites différences" : dans le groupe, il y a Eros, en dehors, c'est la haine. La révolution tunisienne a dévoilé cette structure sociale, faisant émerger les clivages autrefois enfouis : laïques-islamistes, voilées-dévoilées, travailleurs-chômeurs, musulmans-athés, francophones-arabophones, orient-occident, modernistes-traditionnalistes, bourguibiste-yousseffistes, sans oublier les luttes tribales, etc.

Il nous apparait comme une évidence aujourd'hui, que le collectif tunisien intériorisé est totalitaire, qu'il soit croyance en cet Autre absolu où la religion met Dieu, ou obéissance au Père totémique où le peuple a mis le dictateur ; nous retrouvons de manière flagrante, cette même position symptômatique des pères dans la famille tunisienne, et ce, quel que soit le milieu socio-culturel.

Et qu'en est-il de l'analyste qui ne peut être complètement hors-jeu dans cette dynamique ? La révolution (ré)interroge "son" grand Autre, et met à l'épreuve sa capacité à ne pas se perdre dans le mirage de la structure de la société dans laquelle il évolue.

Par ailleurs, les institutions de psychanalyse sont des organisations sociales, des communautés dont l'objet qui cause le désir des personnes qui la constituent, est le savoir et la recherche[9].

En Tunisie, la recherche ne constitue pas un objet suffisamment investi pour être le ciment d'un lien social organisé autour d'elle. Certains pourront arguer du manque de moyens, d'encadrement, d'éducation ; sans doute, mais pas seulement. La recherche est un "état d'esprit", une curiosité scientifique à laquelle le sujet ne peut échapper, une sorte de "contrainte" intellectuelle.

Freud écrivait qu'à l'origine de la pulsion de savoir, il y a pour l'enfant la quête d'une réponse à la question "d'où je viens ?". Les mythologies, les religions et la psychanalyse, nous ont depuis longtemps appris la proximité qui existe entre Savoir et Sexualité. L'énergie déployée par le pouvoir islamiste actuel pour criminaliser l'atteinte au sacré en est, à ce titre, édifiant ; et l'affaire Abdellya[10] en Tunisie est paradigmatique du lien qui existe entre la création artistique, le scandale du sexuel et la profanation du sacré.

Le social, orienté par l'Islam, c'est-à-dire, le Coran, la Sunna (faits et gestes du Prophète au cours de sa vie) et les hadîths (paroles authentiques du Prophète) codifie les conduites, assigne des limites à la pensée, et pose des lignes de démarcation strictes et sans nuances entre le licite et l'illicite. Les ûlemas et prédicateurs en tout genres ont "réussi" à monopoliser l’interprétation des dogmes au travers notamment des fatwas, souvent délirante. Ils ont progressivement transformé la religion en un instrument visant à restreindre les activités intellectuelles, à geler l'imaginaire, à "pétrifier" la société. Le corpus religieux se pose ainsi, en dépositaire de Tout le savoir, détenant le monopole de la pensée dans tous les domaines. En d'autres termes, il ne laisse pas de champ psychique à "l'enfant-chercheur". Cette lecture littérale des Textes, à laquelle semble adhérer une majorité des tunisiens,[11] (et qui est privilégiée dans l'ensemble du Monde musulman), fait symptôme. Elle révèle la structure du rapport à l'Autre ; tout est déjà pensé par lui, y compris lorsque celui-ci prend la figure de l'Occident. En cela, il devient un Autre persécuteur alimentant les théories du complot en tous genres. De plus, l'organisation "homosociale" musulmane qui exige une prévalence du sexe masculin sur le féminin, voire la négation du sexe féminin, rend difficile l'accès à la symbolisation de la différence des sexes. Or, la sublimation et la recherche interrogent le "sexuel", le rapport à l'Autre, à sa jouissance ; elles nécessitent une place vide dans le champ de l'Autre.

Il me semble que ces quelques éléments, qui méritent un plus grand approfondissement, nous permettent d'appréhender pourquoi le monde arabo-musulman n'est pas sorti de sa léthargie créatrice ; mais aussi, de saisir la difficulté à s'organiser en communauté (y compris psychanalytique) autour d'un objet sublimé, la psychanalyse, et la défendre.

Et la révolution ?

L'immolation de Bouazizi[12] a été une sorte de crise paroxystique qui a affecté une société au plus profond d'elle-même. Elle a fait l'effet d'un véritable "trou noir", permettant "au social de s'originer dans un premier refoulement primitif"[13]. La révolution tunisienne a fait rupture (donc entame, brèche, dans l'Autre), elle a été créatrice de formes nouvelles de modalités intersubjectives. Le renversement de 50 ans de dictature est un élément fondateur du processus qui a fait passer le tunisien, d’objet de jouissance de l'Autre à un sujet libre et désirant. Le "Un" totalisant et totalitaire de la dictature s'est fragmenté, faisant émerger le sujet, autrefois nié. Le foisonnement des actions citoyennes, et la vitalité de la société civile à se constituer en associations et à investir l'espace public, en témoignent.

Mais une révolution n'est pas contre-société, elle est "dérapage" de la structure, vacance de l'autorité, de son sytème de valeurs ; l'ancien n'est plus, et le nouveau n'est pas encore advenu. Face à ce vide angoissant (comme nous le montre la clinique : dépression, nombreuses bouffées délirantes à connotation paranoïaque, sentiments de persécution, phobies sociales, etc.), les défenses sont convoqués, et la figure de Dieu est appelée à la rescousse pour recouvrir la béance, "reboucher" le troumatisme. C'est ce qui semble se produire en Tunisie avec le "retour" en force du religieux, mais qui, fait surprenant, coexiste avec un militantisme affiché mais certes timide, pour une libéralisation des mœurs : la communauté gay sort du silence, et lance un journal et une radio gay, revendiquant leur place dans la société. La photo d’une femme à moitié dénudée paru à la une d'un quotidien a catalysé une violente controverse autour du corps de la femme et de son dévoilement, aboutissant à l’emprisonnement du directeur du journal, puis finalement, à sa relaxe. La plainte déposée par une jeune fille, pour viol par trois policiers, a mobilisé la société civile tunisienne et la communauté internationale. Elle a refusé de retirer sa plainte malgré les pressions familiales, politiques et sociales qu'elle a subi, consciente que son cas pouvait lever le tabou du viol, et la violence faite aux femmes tunisiennes en général. La parution du livre, "Vierge ? La nouvelle sexualité des tunisiennes"[14], qui traite du recours massif à la réparation chirurgicale de l'hymen, a levé un autre tabou, celui des rapports sexuels hors mariage, interdits par la religion musulmane ; cet ouvrage a eu des répercutions médiatiques aussi importantes qu'inattendues.

Dans ce contexte de transformation subjective et sociétale, et en dépit d'une actualité économique et politique qui font tendre vers une régression inquiétante des libertés, une psychanalyse tunisienne peut, à terme, trouver sa place. A l'AFPEC, nous en avons le désir.

Nedra Ben Smaïl

[1] Psychanalyste exerçant à Tunis, fondatrice et présidente de l’AFPEC, membre adhérent à Espace analytique. Auteure de Vierge ? La nouvelle sexualité des tunisiennes, Tunis, Cérès éditions, Juillet 2012. <nedra.bensmail@gmail.com>

[2]http://eeas.europa.eu/delegations/tunisia/documents/projets/rapportdiagnostic_stecivile_mars2012_fr.pdf

[3] Nicole Sfaïhi : psychologue clinicienne, professeur de psychopathologie à l'institut des sciences humaines de Tunis et directrice du Master "enfants et adolescents". Fethi Benslama : psychanalyste, professeur de psychopathologie à l'université Paris 7. Frédérique Djerbi : psychologue, psychanalyste, Paris et Caen. Nédra Ben Smaïl : psychanalyste, Tunis.

[4] Riadh Ben Rejeb est professeur de l'enseignement supérieur au Département de Psychologie, Faculté des Sciences Humaines et sociales de Tunis ; il dirige l'Unité de Recherche en Psychopathologie Clinique.

[5] Ont participé à ce colloque, Raja Ben Slama, Nédra Ben Smaïl, Fethi Benslama, Claude Boukobza, Frédérique Djerbi, Youssef Esseddik, Iqbal Gharbi, Esseddik Jeddi, Maria Clara Lucchesi Palli, Nicole Sfaïhi, Alain Vanier, Catherine Vanier, Olfa Youssef.

[6] Plus de 200 000 réfugiés fuyant la révolution libyenne, à la frontière tuniso-lybienne.

[7] Pour plus de détails, lire : "Musicothérapie en milieu institutionnel", E. Jeddi, Simpact, Tunis, Octobre 2012. La psychanalyse en Tunisie : approche historique et état des lieux", in Topique N°110, Riadh Ben Rejeb, p.40-81, Paris. "Brève histoire de la psychanalyse en Tunisie", in Topique N°110, Patrick Delaroche et Hager Karray, p. 33-39, Paris.

[8] Association de droit français, Loi 1901, dont les activités se déroulaient en Tunisie ; sous le régime Ben Ali, il était quasiment impossible de créer une association indépendante.

[9] Elles sont à différencier des corporations de professions (ordre de médecins par exemple) qui sont structurées autour de la défense des intérêts relatifs à la profession : elles défendent le Capital.

[10] En Mai 2012, un groupe de salafistes attaquent et détruisent plusieurs œuvres d'artistes lors d'une exposition collective au palais El Abdellya à Tunis, estimant qu'elles portaient atteintes au sacré. Le parti religieux conservateur au pouvoir, Ennahdha, tente alors d’instrumentaliser l’affaire pour faire passer une nouvelle loi liberticide qui incriminerait l'«atteinte au sacré».

[11] Pourtant, au côté du concept de la choura (consultation), il est recommandé aux musulmans de pratiquer l’ijtihad (raisonnement indépendant) pour parvenir à une décision informée. Mais l'Islam actuel privilégie la littéralité du texte sur le sens.

[12] Le 17 décembre 2010 un commerçant à la sauvette, Bouazizi, s'immole devant la préfecture de son village, Sidi Bouzid ; on lui avait refusé l'autorisation de vendre ses fruits sur le bord de la route. Cet acte a été le déclencheur d'une vague de protestations qui a conduit à la fuite de Ben Ali, le 14 Janvier 2011.

[13] Peu de temps après la révolution, le geste de Bouazizi a été l'objet d'un total dénigrement, sa mémoire a été humilié, sa famille traduite en justice, sa biographie a été un flop éditorial, son geste forclos.

[14] Nédra Ben Smaïl, Cérès éditions, Tunis, Mai 2012